Le salon de massage

En deux mots
Un couple qui bat de l’aile, la routine de son métier d’enseignante en primaire… Souheila choisit de se changer les idées et de se faire du bien en prenant un abonnement dans un salon de massage. Mais son petit secret va être éventé le jour où la police découvre un curieux trafic: les clientes ont été filmées à leur insu et les cassettes vendues.

Ma note
★★★★ (j’ai adoré)

Ma chronique

Qui s’occupe de mon corps?

Mazarine Pingeot s’est emparée d’un fait divers, la captation à l’insu des clientes de leurs séances de massage et la vente des enregistrements, pour évoquer ses sujets de prédilection, le rapport au corps, le machisme ambiant et le statut de la femme dans notre société. Un roman qui frappe fort et sonne juste!

Souheila peut être satisfaite de sa vie. Elle a réussi à sortir de sa banlieue. Après avoir enseigné à Nevers, elle a réussi à se faire muter à Paris et à s’installer dans l’appartement parisien de Rémi. Un compagnon agréable et attentionné. Qui a même noté que depuis quelques temps elle avait l’air un peu triste. La raison de ce vague à l’âme est à chercher dans la routine qui s’est installée au fil des jours et ne lui offre guère de liberté. A tout prendre, sa vie était plus exaltante quand ils se voyaient le week-end, entre Nevers et Paris. «Nous pouvions profiter l’un de l’autre les fins de semaine et, de fait, c’était comme si nous n’avions partagé que des vacances ensemble: marché le samedi, promenade le long du canal Saint-Martin, expo parfois, cinéma, restaurant ou dîner à la maison après avoir préparé minutieusement et ensemble un poisson coûteux, faire l’amour. Tel était le programme: enviable.»
Désormais, il lui fallait se battre pour trouver des plages de solitude, des instants de liberté.
Après un dîner entre amis et une discussion sur l’utilité ou non d’une psychanalyse, elle s’amuse à lister ce qu’elle pourrait faire avec l’argent des séances. C’est peut-être le prix du massage – 50 euros – qui l’a décidée à accepter de confier son corps à une asiatique pour un massage à l’huile. Et de souscrire dans la foulée un abonnement pour dix séances. Chaque semaine, ce soin fait du bien à son corps et à sa tête. Un petit jardin secret qui va voler en éclat le jour où la police la convoque pour lui expliquer qu’elle est victime d’un trafic. Les propriétaires du salon filmaient les séances de massage et vendaient les enregistrements à des clients pervers.
Aux côtés de l’enquêteur, elle doit visionner le film et confirmer sa présence. «Certes, il ne m’était pas agréable de m’être fait blouser. Mais cet instant de trouble que j’avais éprouvé assise à côté du policier, épaule contre épaule, à regarder ensemble mon corps de dos, mes fesses et mes bras abandonnés continuait de m’habiter et de me mettre dans un état second.»
Alors dans ce cas, est-il légitime de porter plainte? Après tout, elle ne s’est pas vraiment sentie victime. Qu’en penserait Rémi? Et les autres femmes qui fréquentaient le salon de massage?
La seconde partie du roman va chercher les réponses à ces questions, va confronter Souheila a d’autres points de vue. Et l’obliger à chercher sa propre vérité.
La confrontation avec les autres clientes filmées durant leurs séances de massage et la création d’un collectif de victimes est une partie passionnante de ce roman, car elle permet de découvrir qu’il y a bien des manières d’aborder cette affaire et qu’il n’y a pas en la matière une vérité qui s’imposerait à toutes et à tous. Les unes sont féministes, radicales, les autres plus mesurées. En fonction de sa vie, de son passé, des circonvolutions de son histoire familiale, un même événement peut être perçu avec une tout autre sensibilité. Souheila ira même jusqu’à se rapprocher du mari de l’une des plaignantes, psychanalyste et observateur discret de ce gynécée. Une manière aussi d’affirmer son indépendance, de laisser libre voie à ses désirs.
C’est en creusant vers ses racines au Maroc que Souheila trouvera finalement une forme d’apaisement.
C’est la finesse d’analyse et l’absence de manichéisme qui fait la richesse de ce roman. Et si pour Souheila ce scandale marque certes un point de bascule, il ouvre aussi quelques perspectives, dont certaines vous surprendront. Avec ce nouvel opus qui s’inscrit dans la droite ligne de Se taire, Mazarine Pingeot réactualise l’antienne un corps sain dans un esprit sain.
À l’instar de Maria Pourchet avec Western, elle fait souffler un vent de liberté iconoclaste sur la France post #metoo.

Le salon de massage
Mazarine Pingeot
Éditions Mialet Barrault
Roman
320 p., 21 €
EAN 9782080419903
Paru le 23/08/2023

Où?
Le roman est situé principalement en France, à Paris. On y évoque aussi le Maroc avec Tanger et Larache, Djibouti, Sarcelles, Nevers ainsi qu’une escapade dans le sud passant notamment par Arles.

Quand?
L’action se déroule de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
Tout va bien pour Souheila. Ou, plus exactement, rien ne va mal. Alors, qu’est-ce qui la pousse à entrer dans ce salon de massage thaïlandais à deux pas de chez elle, qu’elle n’avait jamais remarqué? Et pourquoi n’en parle-t-elle pas à Rémi, l’homme avec qui elle partage sa vie ? C’est la question à laquelle elle va devoir répondre quand un scandale éclate, qui met au cœur de l’attention le salon de massage et ses clientes.
Souheila, plus à l’aise dans l’ombre et les interstices, se voit contrainte de se rapprocher de ces femmes avec lesquelles elle ne partage rien, si ce n’est d’avoir été victime des mêmes trafiquants. Mais être victime est-il suffisant pour créer des liens? C’est pourtant par le biais de ce petit groupe que Souheila rencontre un homme qui va bouleverser le cours de son existence, l’obligeant à faire des choix, elle qui s’en remettait au hasard.
Avec une plume saillante et un humour mordant, Mazarine Pingeot s’attaque ici aux sujets les plus brûlants de notre époque.

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
France 3 IDF


Mazarine Pingeot présente «Le salon de massage » © Production Éditions Mialet Barrault

Les premières pages du livre
« I. Rémi
Après Nevers
Je venais d’avoir 28 ans et un poste à Paris dans une école du XIIe arrondissement – quartier tranquille dont l’ambiance me rappelait Nevers, là où j’ai commencé à enseigner. Je connaissais Paris pour y avoir fait mes études. Ce n’était pas nouveau pour moi, je n’y débarquais pas comme une provinciale apeurée ou au contraire curieuse de tout et qui va au-devant du danger. J’avais aimé la province bien plus que je ne l’avouais à mes amies ou à mon compagnon. Secrètement j’en nourrissais une nostalgie qui me donnait un air blasé, un air de Parisienne.
Je n’étais pas mécontente pourtant de vivre dans cette ville de façon autonome: un ami, un salaire, un deux pièces. Sur le papier, je cochais toutes les cases. Et j’ai toujours trouvé étrange cette expression de comptable ou de QCM, comme si la vie pouvait être quadrillée en autant de biens à posséder ou de niveaux à atteindre. Un jeu vidéo. La réussite comme une somme de petites victoires déjà orchestrées par l’algorithme et qui distribue les gagnants et les perdants non pas en fonction de leurs talents, mais de leur adaptabilité aux consignes. J’ai joué des heures à des jeux dont la finalité revendiquée était d’augmenter mon QI. Je sais ce que c’est que de jouer contre une machine. Et d’obtenir des récompenses. Rémi en était une.
Vingt-huit ans, en couple avec Rémi, une titularisation dans la capitale = avoir des enfants dans l’année qui suit. Et ce n’est pas un bonus, mais une simple étape vers la victoire finale. Tout le monde me l’assurait. Cela semblait être une science partagée par les autres, et n’importe quel autre, du membre proche de la famille au collègue à peine rencontré, entre l’évidence ancestrale que le terme générique de «savoir de grand-mère» résume à peu près et la connaissance poussée des statistiques que maîtrise un sociologue spécialisé dans la démographie française. Un halo scientifique, donc, poussait les uns et les autres à me prédire un nouveau-né dans l’année.
Et cela ne me réjouissait pas.
Des enfants, j’en instruisais toute la journée. En faire un par moi-même ne ressemblait pas à une épiphanie, au but de toute une vie ou encore à la norme attestée par les uns et les autres, tout au plus la matière première d’un métier que par ailleurs j’affectionnais. Je n’étais pas contre l’enfance, et supposais qu’un enfant à soi ne produisait pas les mêmes affects – souvent négatifs – qu’une vingtaine de bambins, assez peu au diapason sinon pour pleurer à l’heure de la sieste. Il y a d’autres choses dans la vie que la reproduction, l’enfance, l’éducation et la
profession ; il y a d’autres choses que le couple, les amis, les futurs dessinés par des courbes et des sorcières qui lisent dans le marc de café. Il y a également soi-même.
Je ne verserai pas dans cette nouvelle religion qui tend à faire de soi la divinité à laquelle tout sacrifier – et en l’occurrence ce n’est plus du sacrifice, puisque se faire passer avant les autres ne requiert aucune forme d’abnégation. Je déteste également toutes ces expressions d’un moi malheureux et tout-puissant, si fier du trauma subi, revendiquant son mal-être comme si c’était un exploit sportif. J’ai accompagné toutes les marches des fiertés tant qu’elles étaient collectives, puis abandonné les combats quand ils se sont singularisés pour devenir des exercices de narcissisme. Je ne me détournais pas des autres par amour excessif d’un moi que j’aurais idolâtré et dont j’aurais exigé la reconnaissance immédiate. Je n’identifiais pas plus le moi à une image à promouvoir comme une marque de savon. Mais j’avais plutôt à cœur de m’offrir un espace à moi seule, un espace sans cri, sans demande, sans reproche, un espace où mon corps serait un objet de plaisir sans qu’il devienne par la même occasion l’enjeu d’un pacte ou d’un contrat, garant d’une réciprocité. Un espace vide, un espace non productif (mais payant), un espace où je m’oublierais, alors même que je mets ce moi au centre, mais pour mieux le dissoudre: un salon de massage.
J’entends déjà la critique. Capitalisme. Luxe, voire luxure. Argent jeté par les fenêtres. Égoïsme. Exploitation. Je l’entends si bien que je me la suis formulée dans toutes ses variantes. Aucune d’entre elles n’a pourtant su me faire renoncer. Je vais une fois par semaine me faire masser dans le salon thaï à deux rues de chez moi. Personne ne le sait. Personne ne le savait jusqu’au jour où le scandale a éclaté.
Arrivée à Paris, j’étais triste. Pourtant, partager enfin ma vie avec Rémi que je ne voyais que les week-ends lorsque j’habitais encore à Nevers aurait dû me réjouir. Mais ces allées et venues entre la gare de Nevers et celle de Bercy me manquaient déjà. Cette vie entre deux villes m’avait permis d’expérimenter le couple à mi-temps et de regarder des films sur l’Afghanistan tard le soir tout en m’autorisant un tout petit verre de whisky dès que j’étais enfin seule.
Nous pouvions profiter l’un de l’autre les fins de semaine et, de fait, c’était comme si nous n’avions partagé que des vacances ensemble: marché le samedi, promenade le long du canal Saint-Martin, expo parfois, cinéma, restaurant ou dîner à la maison après avoir préparé minutieusement et ensemble un poisson coûteux, faire l’amour. Tel était le programme: enviable. Je ne travaillais pas. Interdiction d’ouvrir mon ordinateur durant ces deux jours sacrés.
J’aurais deux heures de train pour préparer mes journées à l’école Pierre-Bérégovoy.
À Nevers, il m’arrivait de me coucher tôt. J’aimais passionnément cela, ne rien devoir à personne, boire des verres avec les autres instituteurs que j’avais rencontrés, ou pas. Me coucher à 22 heures ou à 1 heure du matin, en fonction de mon envie. C’est peut-être grâce à cette double vie que j’ai appris à écouter ce désir et à lui accorder une certaine légitimité. Voire une force de décision, mais uniquement dans des moments précis de la journée. De même que je faisais respecter aux enfants les «temps calmes», je m’obligeais à respecter le «temps du désir». Il n’était pas très gourmand, et ma tendance à contrôler les choses ne lui était pas toujours favorable. Aussi l’ai-je cantonné à ces heures du jour, sanctuarisant dans la semaine des créneaux pour ne rien faire. Ou faire quelque chose. En fonction de lui. Mon Désir.
Cet aménagement du temps n’était pas compatible avec Paris, avec Rémi. Il empiétait nécessairement sur ces heures que j’étais obligée de reconstituer en volant ici ou là un petit quart d’heure, cinq minutes, une errance sans logique entre l’école où j’enseignais et mon appartement. Je dessinais des courbes pour ne pas marcher droit. La ligne la plus courte provoquait chez moi des crises de panique. J’aimais chercher à me perdre, même si c’était pour de faux – mon sens de l’orientation me rattrape toujours, c’est pénible. Nous nous étions donc installés dans ce 48 mètres carrés qui était le sien et que je connaissais déjà, mais comme une chambre d’hôtel. Rien d’absolument neuf dans cette nouvelle vie. Au début, nous avons continué à acheter du poisson au marché, à cuisiner et à sortir. Mais le travail a repris ses droits.
Et comme je n’avais plus de trajets en train pour terminer mes préparations de la semaine, j’ai commencé à organiser mon emploi du temps le dimanche soir, puis le dimanche après-midi. Rémi en a profité pour aller courir, ou regarder un film d’action en mettant ses AirPods. Nous sommes devenus paresseux sous le paravent du devoir.
Ces petits glissements sont imperceptibles. Les signaux ne clignotent pas, on se contente d’une routine, on l’apprécie même, elle est reposante.
Pourtant, je ne pouvais me le cacher: j’étais triste.
Je riais moins, je ne buvais plus de petit whisky en regardant des documentaires sur l’Afghanistan, je me couchais à peu près à la même heure tous les soirs et, maintenant que nous avions plus de disponibilités, nous faisions moins l’amour. Mais surtout, je n’arrivais plus à me sentir ailleurs, sinon en réaction, par fuite. Je ne parvenais plus à retrouver cet état second où le désir prenait les commandes et où je lui cédais tout, même s’il n’exigeait pas grand-chose. Et comment l’expliquer à Rémi? J’ai besoin de ne rien faire, de ne rien exiger de moi, de me laisser marcher dans la rue, toute seule, sans qu’on me parle, en écoutant de la musique ou pas, sans qu’on m’attende, sans qu’on me demande où je suis.
J’ai besoin de disparaître par intermittence. Tel est mon équilibre. Rien ne se passe, je n’ai pas de crimes à avouer et, lorsque je rentre, je suis apaisée.
Après tout, certains profitent de ces moments pour tromper leur conjoint ou changer de sexualité. Ce n’était pas mon cas. Et je n’aurais su définir la nature exacte de ce désir. Il n’avait même pas la saveur de l’interdit, il ne serait entré dans aucune case du QCM ou du comptable et il n’y avait rien à en dire – précisément parce qu’il devait s’en tenir à ce rien, cette atmosphère qu’une certaine mélodie aurait pu traduire. Une atmosphère atmosphérique. J’avais besoin de ce climat qui n’était pas un climat intérieur, puisque précisément mon intériorité s’ouvrait alors de telle façon qu’elle épousait ce qui l’entourait.
Pourquoi le massage plutôt que la psychanalyse?
Un soir, Rémi et moi avions invité nos amis à dîner, et la conversation avait tourné autour de la difficulté de vivre à Paris: les couples présents se plaignaient de leur logement exigu, les célibataires de ne pas trouver de conjoint malgré les applications, toutes essayées jusqu’à l’usure. Pour moi qui venais de quitter la Nièvre, leurs lamentations sonnaient comme des caprices d’enfant gâté.
Nous avions déjà descendu quatre bouteilles (pour sept, ce qui reste correct), quand Marianne a trouvé l’explication à nos plaintes sans objet. La névrose.
Ce n’était pas révolutionnaire de la part d’une psychologue, et ce n’était pas la première fois qu’elle nous analysait sauvagement. Je lui demandai si la névrose parisienne avait
quelque chose de spécifique par rapport à la névrose de province. «Elle est moins contenue.»
Cette réponse me plut. Pourtant, j’avais l’impression de l’exact inverse: c’est ma vie qui était contenue, pas ma névrose.
Puis elle se mit à parler du trauma, du fait que
nous étions tous traumatisés même si nous ne le savions pas. Que la naissance était déjà en soi un traumatisme. Que le bonheur était une illusion. Elle commençait à avoir le vin mauvais. Agathe s’est alors insurgée, le bonheur était possible malgré nos traumas et nos névroses, sinon à quoi bon faire une psychanalyse? «Mais la psychanalyse ne promet pas le bonheur, a répondu Marianne, tendue. Elle promet la vérité.» J’ouvris de grands yeux: la vérité, le bonheur? Faut-il choisir? Lequel des deux mérite qu’on y consacre du temps et de l’argent? Et de fait,
la question de l’argent vint sur le tapis.
— C’est un peu cher pour ne pas trouver le bonheur, non ?
— Ça dépend du prix que tu accordes aux choses.

Pour des gens saouls, c’était d’un bon niveau. Je demandai alors :
— Mais combien ça coûte ?
Rémi me regarda, pensif.
— Ça dépend, répondit Marianne, c’est variable.
— Variable en fonction du problème ?
Elle ne sourit même pas, elle ne m’écoutait pas.
— Ça peut même être remboursé. Mais tu ne t’en tires pas à moins de 50 euros la séance, ça c’est sûr.
Mentalement, je calculai tout ce que je pouvais acheter avec 50 euros – trois séances de cinéma l’après-midi (ou cinq en matinée), deux pulls chez H & M, un billet d’avion sur Ryanair quelle que soit la destination… Je me rendis compte du bilan carbone de mon inventaire. Et renonçai. Au fond, il n’y avait pas tant de choses que ça à acheter pour 50 euros, sinon bien sûr la nourriture, le gaz, l’électricité et toutes choses nécessaires pour survivre, et je me demandai si la vérité méritait qu’on lui sacrifie la survie ou si c’était le bonheur qui avait ce privilège. Je m’égarais. Moi aussi j’avais bu.
Ils en étaient à évoquer, pour ceux qui l’avaient pratiquée, leur analyse. Rémi racontait comment ces deux ans de thérapie l’avaient sorti de la dépression qui guettait, elle avait déjà gâché la vie de sa mère et de sa grand-mère. C’était à titre préventif, car il n’avait jamais «capitulé». Et puis il m’avait rencontrée. Et il avait arrêté. Étais-je la vérité ou le bonheur, me suis-je demandé. Ali parlait quant à lui d’ethnopsychiatrie: il ne l’avait pas pratiquée lui-même, mais il connaissait une femme de ménage marocaine qui voyait des djinns quand elle passait le pas de sa porte et n’arrivait plus à rentrer chez elle. Elle avait été guérie par une assemblée de psychanalystes versés dans les différences culturelles qu’emprunte la magie, assis en face d’elle comme si elle passait un oral. J’avais l’impression d’avoir déjà entendu cette histoire et je doutais qu’il connaisse vraiment cette femme de ménage marocaine. Mais
l’anecdote valait le coup. Et je renonçai à le questionner sur son lien de parenté ou d’amitié avec elle, d’autant que ça m’était égal.
Quand tout le monde fut parti, Rémi, tout en
rangeant les assiettes dans le lave-vaisselle, me demanda, l’air de rien:
— Ça ne te dirait pas, toi, d’aller t’allonger?
Je sursautai.
— M’allonger?
— Oui, enfin, aller voir un psy…
— Mais pourquoi?
— Je ne sais pas, tu as l’air un peu triste ces
derniers temps, et je m’y connais en dépression.
— Oui, je sais, tu l’as rappelé tout à l’heure, une
affaire de famille…
Mais il prit mal ma remarque, jeta les dernières assiettes dans l’évier et partit se coucher.

Comme tous les jours, je sortis de l’école à
17 heures mais fis un détour pour ne pas me retrouver directement nez à nez avec le Franprix qui m’aurait imposé de faire les courses. J’avais mal à la tête, la soirée de la veille avait vu finalement défiler huit bouteilles. Je les avais comptées au matin.
Toute la journée je m’étais traînée dans la classe, essayant de répondre aux sollicitations. Amina, «mon» ATSEM, a vite vu que j’étais patraque et a pris une partie des choses en main. Je lui ai promis une bouteille, obnubilée par celles que j’avais dû descendre à la poubelle «verre» en deux voyages.
Mais elle m’a répondu, gênée, qu’elle ne buvait pas. Ce que j’aurais pu deviner – elle remettait son foulard à peine le portail de l’école franchi. Je m’excusai, me sentant stupide. Et proposai des chocolats à la place. Mais elle me dit de ne pas m’en faire, ça arrive d’être fatiguée et c’était son métier de donner un coup de main. C’est vrai, ça arrive. Mais j’avais l’impression que je l’étais souvent, fatiguée, et qu’en plus, c’était ma faute. Je l’aimais bien, Amina. Elle ne se plaignait jamais alors qu’elle avait mille raisons de plus que moi d’être épuisée. J’étais
persuadée qu’elle n’avait jamais fait d’analyse.
C’était un préjugé, sans doute. Je m’en voulus d’être si pleine d’idées toutes faites. «Vous avez déjà fait une analyse, Amina?» me suis-je lancée. Elle a souri, «Pas besoin!» Je fus impressionnée par la spontanéité de sa réponse et passai le reste de la journée à me demander comment on pouvait «ne pas avoir besoin d’analyse». Certes, un grand nombre de personnes n’allait pas voir de psy, pour autant, n’en avaient-ils pas besoin?
Je songeais à l’éventualité d’aller «m’allonger»
quand je tombai sur la devanture d’un salon de massage devant lequel j’étais déjà passée mille fois. Juste à côté du préjugé «une ATSEM tunisienne ne fait pas d’analyse» en traînait un autre, lamentable: salon de massage = prostitution.
Qu’avais-je à perdre? Je sonnai. La porte était
fermée à clé, ce qui n’augurait rien de bon. Pourtant, une femme asiatique (de quel pays, je n’aurais su le dire si ce n’est l’intitulé du «salon de massage thaï», mais qui pouvait tout aussi bien employer des Chinoises, des Vietnamiennes ou des Tibétaines) m’ouvrit et me demanda dans un français approximatif si j’avais rendez-vous. Je balbutiai un non désolé, frappée par la conscience de ma soudaine folie, mais elle me fit entrer: «Pas grave, pas grave, place.» Puis elle me présenta les différentes prestations imprimées sur un dépliant jaune et noir: massage à l’huile, massage thaï, réflexologie, massage du crâne. Ça sentait l’encens et la lessive. La salle d’attente était peinte en marron et des bouddhas dorés priaient,
assis confortablement en lotus sur leurs grosses jambes. Hormis le carrelage au sol rose et vert, je trouvais le décor pas si mal. Propre en tout cas. Et ce dépliant très professionnel. Pas du tout «prostitution». Je n’avais pas encore l’intention de passer une heure en ces lieux, du moins l’intention consciente, quand je tombai sur les tarifs: 50 euros le massage à l’huile. Je ne peux pas expliquer ce qu’il se passa alors, mais une décision fut prise. Malgré moi. Voilà à quoi j’allais employer les 50 euros de la thérapie
recommandée par Rémi et plébiscitée par tous mes amis alcooliques: à m’enfermer dans une cabine moite pour qu’on s’occupe de moi, et pas même de moi, mais de mon corps, abandonné, offert à la palpation de la main experte d’une femme qui ne me parlerait même pas, à qui je n’aurais pas à parler.
Installée sur la table de massage, le visage coincé dans l’anfractuosité du coussin, je fermai les yeux et me laissai aller. Bien sûr, la première fois fut équivoque. Si j’éprouvais la douceur et la force de la pression de sa main sur mes épaules, mon dos, mon crâne en soupirant d’aise, j’observais en même temps chacun de ses gestes et le cérémonial d’un «massage à l’huile», encore sur le qui-vive – à l’affût du moment où, sous sa prise, je serais violée, torturée, tuée peut-être, ou bien oubliée là et montrée du doigt, objet de moqueries de tous les habitants de l’immeuble, – j’étais attentive aux possibilités que mon cerveau imaginait en même temps que mes muscles se détendaient. Ce qui donna lieu à une expérience paradoxale. J’avais dépensé 50 euros pour un demi-plaisir, et cela par ma faute. Je m’étais dédoublée au lieu de m’abandonner. Mon Désir avait failli tout en obtenant des miettes.

Je remerciai la femme comme si elle venait de me sauver de la noyade et sortis ma carte bleue. La dame me demanda alors si j’étais abonnée. Abonnée? Il était donc possible de revenir, voire de devenir une «habituée». Le spectre de la prostitution s’éloignait, toutes les peurs s’étaient dissoutes dans l’huile chaude, puis dans ce petit dialogue tout ce qu’il y a de plus normal entre une prestataire et une cliente.
Non seulement je ne m’étais pas fait avoir, mais en plus j’étais promue: je tenais à la main une carte d’abonnement qui, certes, me coûtait 500 euros payables en trois fois sans frais, mais qui m’offrait au bout du voyage un massage gratuit. Est-ce que les psy procédaient de la sorte? Non non non non non.
Je sortis euphorique: trop d’émotions contradictoires. La crainte de l’inconnu bravée, la traversée de cette heure hors du temps et de la ville, la conscience d’un égoïsme insensé, l’angoisse d’avoir jeté de l’argent par la fenêtre, le plaisir coupable acheté à prix d’or, la culpabilité d’avoir fait travailler une immigrée peut-être sans papiers et le halo de secret qui entourait tout ça, comme si j’avais passé un pacte avec une sorcière – j’en éprouvais une joie intense. Je savais que j’avais trouvé là l’espace pour que s’apaise mon Désir. Un lieu où nul ne pouvait deviner ma présence, fermé aux regards, soustrait à la vie quotidienne, au couple, aux amis, un lieu à moi mais sans moi, où je pouvais mettre en veille mon esprit dès lors que celui-ci ne serait plus occupé à anticiper tous les pièges qu’un siècle de cinéma avait permis d’inventorier. À vrai dire, je ne détestais
pas non plus me faire peur, surtout pour une issue aussi heureuse: je sortais saine et sauve du salon de massage thaï, délestée de 500 euros, mais avec une carte déjà tamponnée qui était pour moi comme un talisman.
Je n’eus même pas besoin de justifier l’heure de mon arrivée. Rémi m’avait pourtant appelée plusieurs fois. J’ai prétexté une réunion de dernière minute à l’école pour évoquer le cas du petit Tony, un enfant difficile et qui avait des raisons de l’être.
Mais la misère sociale ne justifiait que dans une certaine mesure qu’il morde au sang ses camarades. En l’occurrence, cet incident s’était passé la veille et je n’avais pas eu le temps de le raconter à Rémi. Il y a un Dieu pour les massages.

Pendant la nuit
Lorsqu’il s’est endormi, j’ai repensé à cette séance.
Ma peur au début d’entrer dans ce bouge – le salon thaï de mon quartier est loin du spa luxueux d’un hôtel cinq étoiles qui fait la promotion d’une marque de produits de beauté –, le sentiment de dépaysement que j’avais ressenti après avoir fermé la porte derrière moi, assurée qu’on pourrait s’occuper de moi alors que je n’avais rien prémédité, le frisson lorsque j’avais enlevé mes vêtements, ne sachant pas trop où les poser dans l’obscurité de la pièce, optant pour ce qui s’apparentait à un petit tabouret en bois, enlevant mes boucles d’oreilles et les coinçant dans la poche de mon jean, retirant mes bagues une à une, chacune racontant une histoire – mon premier amoureux, mon deuxième amoureux, un voyage au Mexique –, me retrouvant nue, exposée. Je m’étais
observée alors, dans cette pièce qui sentait l’humidité, me demandant quel était le sens de ma vie.
Sur la table de massage était déposé un string jetable: je l’enfilai du mauvais côté et le déchirai par mégarde en le retirant. Je dus garder ma culotte, sans savoir comment expliquer ce mouvement de rébellion à la masseuse. Je m’étais alors couchée sur le ventre, épuisée, le visage enfoui pour échapper à toute justification. Moi qui voulais passer pour quelqu’un d’habitué, une professionnelle du massage en quelque sorte, presque une amie de la maison, j’en étais pour mes frais. Mais l’instant d’après, je retrouvai mes préventions et me félicitai de ne pas avoir obéi à l’injonction silencieuse du string.
Je revis chaque instant et les différentes scènes qui se présentaient à mes yeux. J’avais interprété chaque bruit, les chuchotements dans une pièce mitoyenne, le téléphone qui sonne en vain. J’étais apparemment la seule cliente ce jour-là. Fallait-il y voir un signe?

L’évidence de la nature du salon: une maison close ou une entreprise fantôme pour blanchir de l’argent?
Enfin j’avais entendu la porte s’ouvrir et se fermer aussitôt. Une présence furtive s’était activée autour de moi. Elle m’avait demandé si j’avais mal quelque part, du moins est-ce ce que j’avais compris. Je m’étais empressée de la satisfaire: partout! J’avais mal partout, surtout au dos. Cela m’avait semblé être une justification nécessaire à ma présence. J’évitai les grandes phrases, anticipant le fait qu’elle ne me comprendrait pas, comme lorsqu’on parle à des enfants la même langue qu’eux, croyant faciliter l’échange.
Puis je m’étais tue, confuse de ma manière de faire, de ma manière d’être et de mon imagination vulgaire. J’avais décidé de me laisser faire.
Tout mon corps réagissait à ses mains calleuses dont j’aimai immédiatement la texture. Lorsqu’elle remonta le long de mes jambes vers mes fesses, je ne savais plus si j’espérais qu’elle s’y aventure ou si je le redoutais. Mon corps s’ouvrait et se détendait, mon esprit commençait à son tour à lâcher prise.
Elle s’en tint au bas des fesses, puis au bas du dos.
Rien dans son attitude ne laissait penser que son métier eût un aspect sexuel. D’ailleurs, il était bien noté sur une feuille imprimée et scotchée au mur que toute demande explicite serait sanctionnée par la loi. J’ignorais de quelle loi il s’agissait mais commençais à considérer que cette activité était tout à fait normale: masser était un métier à part entière, tout à fait distinct de «pratiquer des actes sexuels payés». Et au fond, qu’est-ce que ça pouvait bien me faire, n’était-ce cette vulnérabilité du corps nu allongé et offert…
Quand elle s’en prit à mes cheveux, le délice m’arracha quelques râles. Je découvrais le plaisir infini que me procurait cette main sur moi: un soin, une attention, une technique, et les extrémités de mon corps en alerte, avides. Peut-être était-ce le souvenir des doigts de ma mère m’épouillant pendant des heures. Comme j’aimais cela! Qu’elle cherche, gratte, tire, scrute, quadrille, sillonne. Comme j’aimais cela!
Des heures durant dans l’herbe du pré où des chevaux broutaient, quand nous partions en vacances chez ma grand-mère dans le Berry.
Il y a longtemps.
Parfois celle-ci prenait les choses en main et
m’asseyait d’office dans la cuisine, peigne à la main. C’était moins agréable, mais tout de même. Les heures passaient dans ma tête, sur mes cheveux, à la racine.
J’aurais souhaité que ça ne s’arrête jamais. Mais elle cessa. Son geste se suspendit. Elle se frappa les mains. Fini. Il fallait revenir au monde.
Dans mon rêve, cette nuit-là, des êtres dont
j’ignorais l’identité et le sexe s’invitèrent pour me caresser, me pénétrer, me gratouiller, m’embrasser.

L’atmosphère était rouge et ouatée. Il faisait chaud, je transpirais.
Je me réveillai sereine, le corps apaisé. J’étais si contente de moi. Mais il faudrait attendre la semaine prochaine, peut-être même celle d’après. Et comment faire? Appeler pour réserver sans savoir si ce jour-là j’en aurais envie ou non? Passer à l’improviste, comme la première fois, et courir le risque de ne pas avoir de place? Ce problème technique m’inquiéta toute la journée. Je le remis à plus tard.
De toute façon, je ne pouvais pas dépasser 50 euros par semaine.

Rituel
La deuxième fois allait me faire découvrir un autre aspect du salon: le tenancier était un homme. Je me félicitai de ne pas l’avoir su avant d’acheter mon abonnement. Ainsi y avait-il un vieux mâle blanc qui exploitait des Thaïlandaises (ou des Chinoises ou des Vietnamiennes) en attendant le chaland et en bavardant avec lui tandis qu’elles suaient sang et eau enfermées dans leurs cabines minables à écouter une musique en boucle censée promettre l’évasion.
J’étais en colère et perplexe. Les doutes quant à la nature de la boutique revinrent. Il était assis là, sans rien faire. Il se leva bruyamment pour regarder dans son carnet s’il y avait de la place pour moi: «Vous avez de la chance, une annulation de dernière minute», puis il appela un prénom impossible à prononcer: «Xiouaix, tu prends la dame», ni s’il te plaît ni merci. J’étais mortifiée d’être ainsi «imposée» à la pauvre fille qui ne pouvait pas refuser. Et qui disait qu’elle n’en était pas déjà à son vingtième massage après avoir fait trois heures de trajet depuis sa lointaine banlieue où elle devait cohabiter chez un marchand de sommeil avec ses collègues afin de diviser le loyer? Je me vis dans le rôle de l’exploiteuse occidentale, seulement soucieuse de son bien-être, sans aucune attention à la misère se déployant sous ses yeux et dont elle tire profit.
Pourtant, une fois dans la cabine, mes scrupules s’estompèrent. Certes, j’employai une voix mièvre et gentille pour manifester ma solidarité et compenser par ma sollicitude la rudesse de sa vie, mais dès qu’elle toucha mes pieds, j’oubliai la peine et l’exploitation, le capitalisme mondialisé, la haute finance et les ateliers clandestins, la traite des femmes et l’esclavage des enfants. Tout se libéra en moi, mon corps s’offrait aux mains expertes tandis que mon esprit pouvait vaquer n’importe où, nulle police dans ce lieu inconnu de mes amis, de ma mère, dans ce lieu moche qui représentait pourtant une enclave extraterritoriale dans ma vie d’institutrice de 28 ans en couple et sans enfant.
En sortant, j’avais l’impression d’avoir voyagé. Il y avait bien toujours cette petite tristesse de la fin, …

Extrait
« Je retardais le moment de tout raconter à Rémi. Ça se bousculait dans ma tête et je devais y mettre de l’ordre : s’il y avait une enquête, c’est qu’il y avait crime, d’une manière ou d’une autre, et regarder des femmes nues se faire masser à leur insu relevait visiblement de cette catégorie dont je m’apercevais qu’elle était large.
Mes séances de massage allaient-elles être rendues publiques ? Et sous quelle forme ? Ce que j’avais voulu garder hors de vue allait-il être exposé aux yeux de tous et me donner un nouveau statut ? Je ne savais pas encore lequel – celui de victime peut-être, il avait employé le mot. Toutefois, à part y voir un terme technique, je ne comprenais pas bien à quoi il pouvait correspondre – je n’éprouvais rien de tel, pas encore peut-être, me disais-je, il faudrait du temps pour assimiler les informations, m’avait prévenue le policier, la « sidération » bloquait toute émotion. J’avais enregistré ces explications au cas où j’en aurais eu besoin. Mais je ne me sentais nullement sidérée. Interloquée, oui, peut-être, car il s’agissait d’un sacré événement dans ma vie, un événement dont j’ignorais encore la nature, qui allait sans aucun doute déplacer un certain nombre de choses. Et cette irruption de l’imprévu me plaisait. Quelque chose se jouait autour du salon de massage depuis le début, je l’avais senti, deviné, j’avais un lien anormalement fort à ce lieu. Certes, il ne m’était pas agréable de m’être fait blouser. Mais cet instant de trouble que j’avais éprouvé assise à côté du policier, épaule contre épaule, à regarder ensemble mon corps de dos, mes fesses et mes bras abandonnés continuait de m’habiter et de me mettre dans un état second.
Bien sûr, si je regardais les choses objectivement, c’était une catastrophe : j’aurais l’obligation de passer du temps au commissariat, lieu sordide dont le carrelage était du plus mauvais goût.
Je devrais raconter ma vie, expliquer mes séances, mes relations avec les masseuses et avec Michel, le gérant, mettre des mots sur des impressions, rendre compte de mon Désir, le donner en pâture à une justice aveugle, répondre de moi. Je me voyais devant un tribunal à tenter de justifier la raison de mes rendez-vous réguliers dans ce lieu interlope et chercher le mot juste pour qu’il ne puisse pas être remis en cause, et le juge, insatisfait de mes réponses, se demandant comment une petite institutrice pouvait se payer le luxe d’un massage par semaine, certes pas dans un palace cinq étoiles, mais tout de même, et pourquoi ce besoin de plaisir, n’étais-je pas satisfaite dans ma vie ? Quel égoïsme pervers me poussait à faire une chose pareille, qui plus est en secret ? Tout le monde assisterait à la séance d’humiliation, je perdrais mes amis, mon compagnon, seul mon chat me tiendrait compagnie.
À l’idée que Rémi apprenne tout ça, j’en avais des frissons. Est-ce que la rumeur irait jusqu’à l’école ? Est-ce que les parents d’élèves réclameraient mon renvoi pour avoir vu mes fesses huilées dans une vidéo virale sur Internet – fuites dont le policier me jurerait qu’il n’y était pour rien ? » p. 74-76

À propos de l’auteur
Mazarine Pingeot © Photo DR

Philosophie, romancière et scénariste, Mazarine Pingeot a écrit une quinzaine de livres dont Bouche cousue, Se taire, Et la peur continue. (Source: Éditions Mialet Barrault)

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