La Voie Verne

Par Mana_


Un futur qui pourrait être aujourd'hui : l'usage du papier a disparu et l'ensemble des connaissances a été numérisé, jusqu'à ce qu'un virus informatique terriblement puissant et fulgurant en anéantisse une grande partie. Dans ce monde au savoir gangrené, John, un homme d'âge mûr, devient majordome pour de mystérieuses raisons dans une famille richissime, recluse dans un immense manoir perché au c ur des Alpes. C'est là que vit Gabriel, un étrange enfant qui passe son temps dans un univers virtuel mettant en scène un XIXe siècle singulièrement décalé où il retrouve tous les héros, machines et décors de Jules Verne, un écrivain depuis longtemps oublié... Confronté au mutisme du jeune garçon, aux secrets et aux dangers du monde virtuel dédié à Jules Verne, John s'embarque sans le savoir dans une aventure dont les enjeux se révéleront bientôt vertigineux.

Pourquoi ce livre ? Cela fait presque quatre ans que ce roman traîne dans ma PAL. Acheté sur un coup de tête, je n'ai pourtant aucune attirance pour la bibliographie de Jules Verne, même si je ne dénigre en rien l'influence qu'il a eu sur la majorité des œuvres de l'imaginaire qui suivirent sa production. Ceci peut expliquer le ressenti très timide qui en découle.
La Voie Verne est pourtant fort sympathique dans sa construction narrative. Entouré de mystères, le protagoniste se livre dans cet entretien d'embauche dans une certaine retenue, posant les jalons de ce qui va faire le sel de cette lecture. En effet, cette part d'énigme est à l'origine de tout l'intérêt de l'intrigue, creusant ma curiosité autant que celles des employeurs. Sans cela, je pense que j'aurai abandonné au premier tiers. L'intrigue est un peu mollassonne au départ. Sans forcément répondre à l'objectif de présenter les personnages, l'auteur nous plonge dans cette ambiance hors du temps par cette demeure familiale qui refuse la technologie, pilier de cette société futuriste. Sans réel enjeu, je me suis ennuyée. C'est finalement quand l'identité du protagoniste nous est révélée que je me suis enfin sortie de ma léthargie pour apprécier la lecture. À partir du moment où il se rapproche du pauvre enfant, la réflexion que leur machination soulève m'a intriguée, posant le postulat autour de notre société et sa relation à la technologie et de quelle manière celle-ci peut être un support pour améliorer et anticiper nos besoins et notre avenir. Ce fut une belle réflexion et sa mise en scène est parfaite.
Les personnages ne m’ont pas paru attachants mais je les ai tout de même suivis avec plaisir, curieuse de découvrir leur véritable dessein et leur fonction dans le récit. On sent que chaque caractère présenté aura un apport important dans l’intrigue, comme une marionnette dont l’auteur agiterait les fils, et l’ensemble du tableau fut d’un très beau rendu. J’ai simplement eu un problème avec l’identité du protagoniste. C’est un parti pris de l’auteur que je peux comprendre, sans l’accepter. A aucun moment Jacques Martel explique véritablement cette immortalité, c’est quelque chose qui va au-delà de ma raison. Je n’y ai pas cru et la “révélation” ne m’a pas convenu.
J’ai eu également du mal au niveau du style de l’auteur, ce qui a rendu le début plus difficile encore. Le problème, c’est que je ne trouve aucun terme qualifiant parfaitement mon ressenti. Je pourrais dire que la plume semble hautaine mais ce n’est pas tout à fait ça. C’est relevé, c’est sûr, dans une forme qui alourdit bien trop la narration pour la rendre agréable. Je comprends qu’on évolue dans un milieu noble dans ce domaine familial, cependant j'aurais souhaité un meilleur compromis entre le style et ses personnages.

Un récit qui me laisse mitigée et une plume qui ne m’engage pas à essayer d’autres romans de cet auteur. Certains partis pris ne m’ont pas convenu, notamment au niveau du protagoniste. Le début est un peu longuet mais je suis tout de même heureuse d’avoir persisté car la réflexion finale sur la technologie et l’aide qu’elle peut nous apporter valait le temps de s’y intéresser. Une lecture en demi-teinte, qui finit néanmoins sur une note positive.

13/20