Le royaume désuni

Par Lecteur34000

" Le royaume désuni "

COE Jonathan

Jonathan Coe est sans aucun doute le Romancier britannique contemporain avec lequel le Lecteur cohabite le mieux. A preuve ce nouveau roman. Tout plein d'un humour. Un humour british, bien entendu. Qui se savoure. Un roman passionnant qui fait revivre sept temps forts de l'histoire récente de la Grande Bretagne. Depuis le 8 mai 1945, jour de la Victoire contre l'Allemagne nazie, avec des pans entiers du discours que Churchill adressa à ses compatriotes. Jusqu'au 8 mai 2020, 75° anniversaire du jour de ladite Victoire. En passant par le couronnement de Zabeth II (2 juin 1953) mais sans le concours de Léon Zitrone, la finale la coupe du monde de foutreballe Angleterre-Allemagne (30 juillet 1966), l'investiture du prince de Galles (1 juillet 1969), le mariage dudit Prince avec Diana (29 juillet 1981) et les funérailles de la malheureuse et insatisfaite épousée (6 septembre 1997). Le lent et inexorable déclin de la vieille puissance coloniale. Un tableau que complète, illustre et enrichit la vie d'une famille et de celle qui en est le personnage emblématique, Mary Lamb, personnage haut en couleurs (et dont Jonathan Coe précise qu' il s'inspire étroitement de (sa) mère, feu Janet Coe).

" Il est assis devant sa télé portative, plié en deux, les mains sur les yeux. A l'écran s'affichent les images des funérailles de la princesse Diana. Les épaules de Geoffrey se soulèvent et il est secoué de longs sanglots convulsifs. Quand Mary lui attrape les mains et les écarte doucement de son visage, elle voit qu'il a les yeux rouges et gonflés, les joues luisantes de pleurs, la bouche tordue en un rictus de chagrin obscène. Geoffrey pleure comme un bébé. Les larmes jaillissent de son corps : les larmes qu'il n'a jamais versées pour son père ni pour sa mère ; les larmes que rien d'autre, rien de tout ce qui a pu leur arriver, à lui, à Mary ou à ses enfants, n'a jamais réussi à lui tirer en soixante-dix ans. "