Que sur toi se lamente le Tigre, Emilienne Malfatto

Par Lacueilletteduneroussette

Bonjour tout le monde !!

J’espère que vous allez tous très bien en cette journée. Moi ça va, par chez moi le printemps arrive à immenses pas, il fait beau (j’ai pu ressortir mes lunettes de soleil ça fait très touriste je suis fan) et cette luminosité fait du bien au moral. Vendredi dernier je suis allée au club lecture, un de mes moments favoris car c’est convivial et on échange sur pleins de sujets tant littéraires, cinématographiques que sociologiques.

Lors du dernier rendez-vous littéraire, un autre ouvrage d’Emilienne Malfatto était revenu sur la table Que sur toi se lamente le Tigre. Je dis un autre ouvrage car j’avais déjà lu Le colonel ne dort pas qui racontait l’histoire d’un homme dont son métier était de pratiquer la torture afin que les condamnés/prisonniers parlent et divulguent des informations importantes. Que sur toi se lamente le Tigre est un livre dont les autres participants au club lecture avait trouvé dur et douloureux. Je savais pertinemment à quoi m’attendre donc.

Résumé :

Auteur : Emilienne Malfatto

Genre : Contemporain, Drame

Édition : Elyzad

Année : 2020

Nombre de pages : 79 pages

Dans l’Irak rural d’aujourd’hui, sur les rives du Tigre, une jeune fille franchit l’interdit absolu: hors mariage, une relation amoureuse, comme un élan de vie. Le garçon meurt sous les bombes, la jeune fille est enceinte: son destin est scellé. Alors que la mécanique implacable s’ébranle, les membres de la famille se déploient en une ronde d’ombres muettes sous le regard tutélaire de Gilgamesh, héros mésopotamien, porteur de la mémoire du pays et des hommes.
Inspirée par les réalités complexes de l’Irak qu’elle connait bien, Emilienne Malfatto nous fait pénétrer avec subtilité dans une société fermée, régentée par l’autorité masculine et le code de l’honneur. Un premier roman fulgurant, à l’intensité d’une tragédie antique.

Mon avis :

J’avais beaucoup d’appréhension sur ce livre car on m’avait dit à plusieurs reprises qu’il était difficile. Nous suivons une jeune fille, sans nom, ni âge, irakienne qui tombe enceinte. Le père du bébé meurt sous les bombes, il a fait un enfant à sa future épouse mais ils ne sont pas mariés. En Irak, être enceinte sans être mariée n’est pas toléré. Une seule solution : la mise à mort de la future mère. Alors alternativement nous avons les pensées de la mère de cette future maman, de sa soeur, de son frère, de son beau-frère, entrecoupé par le récit poétique du Tigre, le fleuve qui passe en Irak.

La fatalité de l’histoire de cette femme est énoncée dès la première page. Nous savons qu’elle va mourir dans les jours à venir. Sa sentence est inéluctable, personne ne s’en offusque, personne n’en est choqué ou veut la défendre. C’est ainsi c’est tout. Une femme ne peut pas porter un enfant en n’étant pas mariée. C’est un pêché qui mérite la mort. Cette femme le sait et n’en est pas peinée. C’est troublant car en France une histoire pareille ferait la une des journaux, nous en entendrions parler de partout, chacun y allant de son commentaire. En Irak, il n’y a pas de débat ni de sujet. Ont-ils raison ont-ils tort ? Chacun se fera sa propre morale, sa propre réflexion avec son éthique et le prisme des autres cultures dans le monde.

Moi qui déteste les livres violents, les thrillers et compagnie je vais pourtant vous dire que je m’attendais à plus violent. Depuis plus d’un an ce livre est présenté tous les mois comme étant extrêmement violent, je repoussais le moment de le lire, je redoutais car j’avais peur que ça m’affecte. Finalement non. Je n’ai pas fait de cauchemar ni rien, ça m’a moins terrorisé que Le colonel ne dort pas. C’est peut-être lié au fait que j’avais enchainé plusieurs livres difficiles avant et que cette dureté de la vie, son fatalisme me permet moins d’y faire des objections ou de me rebeller. C’est une façon de vivre en Irak qu’on attaque et je ne me sens pas à l’aise à leur faire une leçon de morale. Pourtant, je trouve ça écoeurant, violent, non mérité ce qu’il arrive à cette femme. Elle n’est pas la seule et c’est pour ça qu’Emilienne Malfatto fait le choix de la rendre dépersonnifiée. Elle représente toutes les femmes irakiennes. Nous sommes dans la tragédie grecque, le fatalisme est présent. Jamais n’est abordé l’enfant à naître, il n’existe pas, il ne doit pas exister, tout comme la femme qui le porte et qui tombera dans l’oubli. Au moment où cette femme découvre qu’elle est enceinte, ce n’est pas la joie qui l’envahie, c’est la certitude qu’elle va mourir. Et elle l’accepte. Ce passage m’a frappé car c’est un tel acte de résignation.

Lors de ma lecture, je n’ai pas apprécié autant que je pensais le roman. En écrivant ma chronique je me rends compte que ce n’est pas l’écriture qui m’a plu ni le format, c’est le sujet. Je ne suis pas spécialisée dans la vie des femmes irakiennes, j’en entends parler, je vois ce qu’il se passe dans les médias mais je ne suis pas du tout assez informée. Ça invite aux questionnements et à l’humilité culturelle.

Que sur toi se lamente le Tigre est un petit roman à effet coup de poing sur la condition des femmes en Irak et surtout l’ultime fatalité d’une femme enceinte irakienne dont le futur époux est mort au combat. Ce n’est pas joyeux mais vous n’allez pas non plus pleurer en lisant le livre. C’est fataliste, irrémédiablement tragique et pourtant criant de vérité actuelle. De temps en temps ça ne fait pas de mal de lire ceci afin de se rappeler que la lutte internationale pour les droits des femmes n’est pas terminée.

Et vous, vous avez lu ce livre ou d’autres écrits de l’auteur ? N’hésitez pas à me dire tout cela dans les commentaires pour que nous puissions en discuter

Je vous souhaite une excellente journée et je vous dis à bientôt dans un prochain article

Laure