Trois femmes disparaissent

Par Henri-Charles Dahlem @hcdahlem

En deux mots
Dakota doit son prénom à une femme qui souhaitait prénommer ainsi sa fille et s’est fait «voler» son prénom. Dakota est l’actrice principale de «Cinquante nuances de Grey». Un film qui met en scène l’emprise des hommes que sa mère, Melanie Griffith, et sa grand-mère, Tippi Hedren, ont également subie. Hélène choisit d’enquêter sur cette malédiction.

Ma note
★★★★ (j’ai adoré)

Ma chronique

L’hydre à trois têtes

Hélène enquête sur la malédiction qui a frappé trois actrices d’une même famille, Tippi Hedren, sa fille Melanie Griffith et sa fille Dakota Johnson. Trois femmes victimes de prédateurs durant trois générations qui nous font découvrir l’envers du décor de l’usine à rêves hollywoodienne.

Hélène Frappat a choisi de se mettre dans la peau d’une détective pour enquêter sur trois femmes d’une même famille, trois actrices mondialement connues : Tippi Hedren, sa fille Melanie Griffith et sa fille Dakota Johnson. En parcourant leurs vies respectives et leur filmographie, elle va chercher à comprendre les raisons de leur «disparition». Une plongée stupéfiante dans un Hollywood bien loin de l’usine à rêves. Ici la misogynie règne en maître, les actrices sont des joujoux à la merci des réalisateurs et des producteurs.
En regardant une publicité pour une boisson, Alfred Hitchcock découvre Tippi Hedren. Le réalisateur va alors très vite lui faire tourner des bouts d’essai et lui faire signer un contrat qui la lie à lui. S’il lui offre deux rôles qui la feront passer à la postérité dans Les Oiseaux (1963) et Pas de printemps pour Marnie (1964), il entend surtout en faire sa chose. Mais Tippi se refuse à lui. C’est alors que la guerre commence et que Hitch se venge en faisant du tournage des Oiseaux un supplice pour son actrice principale. Il décide par exemple d’utiliser de vrais oiseaux pour l’attaque dont le personnage est victime et non les oiseaux mécaniques construits pour l’occasion. Choquée, Tippi assure tout de même la promotion du film et va se voir proposer une nouvelle opportunité après le refus de Grace Kelly d’endosser le rôle de Marnie. Mais ce second tournage vire aussi au calvaire car les avances sexuelles de réalisateur se font de plus en plus pressantes. Elle veut alors rompre son contrat. Hitchcock furieux lui lance qu’il va ruiner sa carrière, qu’elle doit s’occuper de ses parents et de sa fille.
Sa fille, c’est la seconde femme qui disparaît, Melanie Griffith. Née en 1957 de la brève union de Tippi avec le publicitaire Peter Griffith, l’enfant suit sa mère sur les plateaux de tournage et va très vite intégrer ce milieu. Et se retrouver dans les pas de sa mère, pas seulement pour le bien. Elle est encore adolescente quand Tippi Hedren l’entraîne sur le tournage de Roar, le film dans lequel elle joue le rôle d’une femme qui emmène ses enfants dans la jungle africaine pour retrouver son scientifique de mari. Baptisé par la suite le film le plus dangereux de l’histoire du cinéma en raison des multiples blessures dont sont victimes les équipes de tournage et les comédiens, il verra notamment Melanie attaquée par un lion et quasi défigurée. De premières opérations de chirurgie esthétique sont alors nécessaires. Elles seront suivies au fil des ans de nombreuses autres.
Pour Hélène Frappat, Dakota Johnson va boucler la boucle en 2015 avec Cinquante nuances de Grey, l’histoire d’une femme entraînée dans une relation sadomasochiste par un homme riche. Ce vertigineux triptyque, qui ravira les amateurs de psychogénéalogie, est avant tout la chronique de la misogynie ordinaire qui régnait en maître avant #metoo. Les producteurs et réalisateurs sont alors des prédateurs et les actrices leurs proies. Des fantasmes qui nourrissent leurs œuvres et dans lesquelles notre détective n’a aucun mal à débusquer tous les indices de sa brillante démonstration.
Ces visages exposés et torturés, ces corps ceinturés, ces blessures jamais refermées font de Tippi Hedren, Melanie Griffith et Dakota Johnson des héroïnes de tragédie grecque, sortes d’hydre à trois têtes condamnée à être victime de chasseurs assoiffés de pouvoir et de sexe, cruels et sans aucun état d’âme.
La romancière, qui s’est solidement documentée, nous fait profiter tout à la fois de ses lectures – depuis les contes de Perrault – que de ses riches connaissances cinématographiques. En voyageant dans et derrière l’écran, elle joue avec habileté de l’effet-miroir. Son réquisitoire peut alors se lire comme un brûlot féministe. Un gros coup de cœur !

Dakota Johnson, Tippi Hedren et Melanie Griffith. Stefanie Keenan/Getty Images for ELLE

Trois femmes disparaissent
Hélène Frappat
Éditions Actes Sud
Roman
192 p., 20 €
EAN 9782330174125
Paru le 4/01/2023

Où?
Le roman est situé principalement aux États-Unis, du côté des studios californiens.

Quand?
L’action se déroule de 1957 à nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
Quand le cinéma et la vie s’allient pour fabriquer du romanesque féroce, l’œil de l’écrivaine s’allume. Qu’ont en commun « Les Oiseaux », « Marnie », « Body Double », « Working Girl », « Le Bûcher des vanités » et « Cinquante nuances de Grey » ? Autrement dit, deux indéboulonnables classiques d’Alfred Hitchcock, la bande image des années 1980 et le plus grand phénomène de porno-soft de notre époque ? Leurs héroïnes : Tippi Hedren, Melanie Griffith, Dakota Johnson, trois femmes activement disparues de mère en fille…
Sur le mode d’une narrative non-fiction réinventée, Hélène Frappat signe une enquête arachnéenne sur le réel proprement surréaliste d’une lignée de stars hollywoodiennes maudites. Et nous fait *voir* comme jamais ce que nous avions pourtant sous les yeux *depuis le début*.

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
France Inter (Jérôme Garcin)
TMC (Quotidien – La Brigade)
France Culture (Bienvenue au Book Club)
Marie Claire (Thomas Jean)
Trois Couleurs (Joséphine Dumoulin)
Nouvelles du Jour


Hélène Frappat présente son roman Trois femmes disparaissent © Production Librairie Mollat

Les premières pages du livre
« IL ÉTAIT UNE FOIS
Il était une fois trois femmes en fuite.
La première parvient à s’échapper.
La deuxième disparaît.
La troisième est la doublure des deux autres.
Sont-elles brunes, blondes ou rousses ?
Ça dépend.
Sont-elles liées entre elles ?
Grand-mère, fille, petite-fille: leur lien déroule le fil de trois générations.
Les fugueuses sont-elles anonymes ?
Un entrefilet, en page des faits divers, a-t-il signalé leur absence ?
Leurs visages sont célèbres dans le monde entier.
Leurs faits et gestes, connus et scrutés de tous.
Prendre la fuite, pour ces stars, relève de l’exploit.
Quitter la scène, pour ces femmes, est une question de vie ou de mort.
Trois femmes disparaissent.
Trois générations d’actrices.
Sous le regard d’une détective, leur disparition devient une métaphore.

AU COMMENCEMENT
2021.
Bureau de la détective.
Quelle est l’identité des trois disparues ?
Car, explique la détective qui écrit des romans, il en va de même pour tout le monde: qu’il s’agisse des personnes de la vie réelle ou des personnages de fiction, tout récit commence par le choix d’un prénom.
La première femme se prénomme Nathalie.
Nathalie est née le 19 janvier 1930.
Son père, qui l’a nommée Nathalie, juge pourtant ce prénom trop important pour un tout petit bébé.
Comme le père de Nathalie est d’origine suédoise, il surnomme sa fille Tupsa, puis Tiffs, puis Tippi, diminutif affectueux de petite fille en suédois.
C’est ainsi sous le prénom de Petite fille que la première disparue devient célèbre, à l’adolescence, en offrant son visage aux couvertures de magazines de mode.
La deuxième femme est la fille de la première.
Elle naît le 9 août 1957.

Sa mère la nomme Melanie.
En 1963, quand la petite Melanie a cinq ans, sa mère interprète l’héroïne d’un film qui va faire d’elle une star.
Le personnage qui rend Petite fille mondialement célèbre se prénomme Melanie.
Au générique, le prénom de la star naissante est encadré de deux apostrophes : ‘Tippi’. Le réalisateur décrète que les apostrophes enserrant ‘Tippi’ marqueront sa possession.
La troisième femme est la fille de Melanie, et la petite-fille de Tippi.
Elle est née le 4 octobre 1989 et se prénomme Dakota.
Le 29 janvier 1992, Melanie a raconté à l’animateur de télévision Johnny Carson, dans son émission The Tonight Show, comment elle avait choisi le prénom de sa fille:
“Un de vos enfants s’appelle Dakota. D’où vient ce prénom ?
— On aimait ce prénom.
— C’est un nom indien ? Qu’est-ce qu’il veut dire déjà ?
— «Amitié, ami.» Et d’ailleurs cette amie qui travaille pour nous, Diane, avait choisi ce prénom pour son futur enfant qu’elle n’avait pas encore eu. Alors on lui a volé ce prénom, si bien qu’elle a dû appeler son fils Jackson, parce qu’on avait pris Dakota !”
Sur le plateau de télévision, dans sa robe toute blanche, parsemée de volants, Melanie s’agite sur son siège, détourne la tête, dérobe son visage, ponctue son récit de gloussements. On dirait une petite fille qu’un adulte vient de surprendre en train de faire une bêtise.
La détective se demande si Melanie désigne chaque membre de son personnel par la périphrase “cet ami qui travaille pour nous”.
“Vous avez volé le nom d’un fœtus qui n’était pas encore né ? Elle vous a révélé le prénom qu’elle allait donner à son enfant et vous l’avez volé ?
— Elle nous l’a offert !
— Et maintenant elle a été obligée d’appeler son enfant Jackson.”
Dakota, l’“amie”, est née d’une trahison amicale.
Dès sa naissance, elle arrive en deuxième, après l’enfant que la bonne de sa mère, Diane, enceinte, avait rêvé de voir grandir sous ce prénom.
Dakota est le remake d’un enfant-fantôme, d’un récit mort-né.
La troisième femme de cette histoire est une doublure.
La troisième actrice de ce livre va s’illustrer dans un remake.
Son prénom désigne la langue regroupant les dialectes des tribus amérindiennes – ces tribus, également nommées “Dakotas”, qui appartiennent à la nation sioux.
Son prénom, volé à la langue indienne, raconte une usurpation.

GUEST STAR
L’enquête commence le jour où la détective revoit un feuilleton de son enfance: Super Jaimie.
Quand elle était petite, au milieu des années soixante-dix, elle n’était pas particulièrement fascinée par la blondeur sportive de Lindsay Wagner, qui incarnait “la femme bionique”. Pourtant, retrouver ces épisodes à l’âge adulte produit une étrange surimpression. Elle avait oublié qu’afin de figurer la vitesse surhumaine – cybernétique – de Super Jaimie, la mise en scène ralentissait sa course.
Pour qu’une fille coure vite, faut-il la ralentir ?
La détective fait défiler les épisodes indiscernables dont l’intrigue compte peu, hypnotisée par le décor californien, moins urbain que celui de sa série adorée, Drôles de dames, qui a inspiré sa vocation.
Plus Lindsay Wagner part en chasse d’un ennemi invisible que son oreille bionique détecte, plus elle quitte la ville. Le ralenti produit l’effet d’un travelling contemplatif, baigné dans la lumière des collines de L.A. où la détective s’est promenée uniquement au cinéma.
Dans un épisode de la première saison diffusé en 1976, Super Jaimie est chargée par la propriétaire d’une réserve d’animaux sauvages d’enquêter sur le kidnapping d’un lion. La détective visionne la scène plusieurs fois. Elle est intriguée par le sentiment de déjà-vu que suscite l’apparition de la guest star.
*
Elle a déjà vécu ce genre d’expérience. Un dimanche après-midi de son adolescence, plongée dans un feuilleton interminable, elle se souvient vaguement, comme dans un rêve ou un cauchemar, d’une jeune orpheline – pareillement interprétée par Lindsay Wagner –, dont le destin oscillait entre pauvreté et richesse, Amérique et Vieux Continent. Là encore un personnage secondaire l’intriguait.
En arrière-plan de ce soap, rythmé par les changements de costumes qui en disaient plus long sur l’intrigue que le scénario, une vieille femme lui rappelait quelqu’un. La spectatrice passa l’après-midi à tenter de percer l’énigme de ce visage, jusqu’au générique final où ses yeux incrédules virent apparaître un nom: Gene Tierney
La vieille femme triste, promenant sa silhouette alourdie dans l’ombre du soap qui avait englouti son dimanche, était la star de Hollywood qu’elle avait contemplée sur les écrans des salles du Quartier latin où sa mère l’emmenait. C’était ce visage dont la beauté insoutenable avait hanté les villas gothiques des films de Joseph L. Mankiewicz et Otto Preminger.
*
La détective n’a pas besoin d’attendre le générique de Super Jaimie pour reconnaître, dans les traits à peine vieillis de l’élégante blonde vivant parmi les fauves en liberté, l’héroïne des Oiseaux et de Marnie d’Alfred Hitchcock.
En 1976, treize ans après la sortie des Oiseaux, et sa mystérieuse disparition du grand écran, non seulement Tippi Hedren n’est pas morte – aux yeux d’un spectateur, tout acteur qui a cessé d’apparaître ne l’est-il pas? –, mais elle paraît en grande forme. Son élégance moderne éclipse en quelques plans le style godiche de la joggeuse bionique Lindsay Wagner.
C’est un choc.
D’abord de découvrir que la star hitchcockienne a disparu, non de la surface de la terre, mais de celle des écrans de cinéma – telle une proche parente qu’un secret de famille prétend défunte, alors qu’elle poursuit son existence mystérieusement interdite dans la clandestinité.
Et simultanément, d’entrer chez elle. Car la détective apprend que le ranch, encerclé de pins parasols et d’énormes animaux à fourrure, est la vraie maison dans laquelle, en 1976, la mythique Tippi Hedren s’est réfugiée après avoir déserté les studios hollywoodiens.
*
Une scène des Oiseaux a imprimé dans sa mémoire l’aura de la femme blonde qui donne la réplique à Super Jaimie.
Devant le porche d’une maison de ville californienne, Tippi Hedren – ou plutôt Melanie Daniels, nom qu’Alfred Hitchcock a choisi pour son personnage –, la chevelure platine tordue en chignon, arpente l’asphalte sur ses escarpins en python, balançant son sac en crocodile sur son bras couvert de vison.
Lorsqu’elle découvre, sidérée, Tippi caressant, en 1976, ses propres lions et tigres sans aucune appréhension, la détective se souvient du corps de Melanie, enseveli, sur ordre du maître Alfred Hitchcock, sous les dépouilles de plusieurs parties de chasse.
Treize ans après la sortie des Oiseaux, Petite fille a grandi et jeté ses peaux d’animaux morts pour se réfugier dans sa maison tout en bois.
*
La temporalité “réelle” n’est jamais celle du spectateur de fiction. Treize années seulement se sont écoulées, entre la rigidité du chignon hitchcockien, le tailleur vert amande de la Melanie des années soixante, et les pantalons décontractés de la Tippi des années soixante-dix, cheveux au vent. Pourtant les deux images semblent séparées par un millénaire.
L’épisode 5 de la saison 1 de Super Jaimie s’intitule Les Griffes. Une petite fille mélancolique trouve refuge dans le ranch lumineux de l’ancienne star hollywoodienne qui la guérit de son chagrin. Dans la mémoire de la détective, Tippi demeurera à jamais Marnie, voleuse en fuite que les pleurs de la petite fille triste qu’elle a été réveillent la nuit.

ALLIGATOR
Un taxi jaune arrive dans une rue étroite, encadrée d’immeubles en briques. Au bout de la rue, un paquebot géant bouche l’horizon. On croirait les navires de croisière, si hauts qu’ils plongent les palais de Venise dans l’ombre.
C’est la première fois que la voleuse en cavale, Marnie, rend visite à sa mère. Tandis que le taxi se gare, la comptine des petites filles qui jouent à l’élastique devant un porche résonne :
“Mother, mother, I am ill
Send for the doctor over the hill
Call for the doctor
Call for the nurse
Call for the lady with the alligator purse
« Mumps », said the doctor
« Measles », said the nurse
« Nothing », said the lady with the alligator purse
How many years will I live?
One – two – three – for – five
six – seven – eight – nine – ten…”

Extrait
« C’est au grenier que les maris bigames des romans gothiques enferment leur femme « folle » (Jane Eyre, Charlotte Brontë). C’est au grenier que l’épouse « parfaitement belle » du « si laid et si terrible » Barbe Bleue ne peut s’empêcher de monter, découvrant le sang caillé, dans lequel se miraient les corps de plusieurs femmes mortes et attachées le long des murs (La Barbe Bleue, Charles Perrault). C’est au grenier que sont dissimulés les bijoux de la femme que son mari bigame rend folle pour la dévaliser (Gaslight, George Cukor) »

À propos de l’auteur
Hélène Frappat © Photo Melania Avanzato

Diplômée de philosophie et passionnée de cinéma, Hélène Frappat est romancière et critique de cinéma. Elle a choisi de chercher la « vérité » dans la fiction. Romancière, elle est l’autrice, chez Actes Sud, de Inverno (2011), Lady Hunt (2013), Noublie pas de respirer (2014), Le Dernier fleuve (2019), Le mont Fuji n’existe pas (2021) et Trois femmes disparaissent (2023).
Critique à La Lettre du cinéma et aux Cahiers du cinéma, elle a également signé Jacques Rivette, secret compris (Cahiers du cinéma, 2001), Trois films fantômes de Jacques Rivette (Cahiers du cinéma, 2002), Roberto Rossellini (Cahiers du cinéma / Le Monde, 2008) ou encore Toni Servillo, le nouveau monstre (Séguier, 2018).
Hélène Frappat est aussi traductrice, notamment, pour Actes Sud, de Laura Lippman, Ann Patchett, Tony Burgess… (Source: Éditions Actes Sud)

Page Wikipédia de l’autrice
Compte Instagram de l’autrice
Compte LinkedIn de l’autrice



Tags
#troisfemmesdisparaissent #HeleneFrappat #editionsactessud #hcdahlem #roman #RentréeLittéraire2023 #litteraturefrancaise #litteraturecontemporaine #cinema #coupdecoeur #Hollywood #TippiHedren #MelanieGriffith #DakotaJohnson #RentreeLitteraire23 #rentreelitteraire #rentree2023 #RL2023 #livre #lecture #books #blog #littérature #bloglitteraire #lecture #jaimelire #lecturedumoment #lire #bouquin #bouquiner #livresaddict #lectrice #lecteurs #livresque #lectureaddict #litterature #instalivre #livrestagram #unLivreunePage #writer #reading #bookoftheday #instabook #litterature #bookstagram #book #bookobsessed #bookshelf #booklover #bookaddict #reading #bibliophile #bookstagrammer #bookblogger #readersofinstagram #bookcommunity #reader #bloglitteraire #aupouvoirdesmots