Rogues : les lascars reprennent du service avec joshua williamson

Par Universcomics @Josemaniette

 Les Lascars. Rogues, en version originale. Il s'agit d'un groupe qui comprend quelques-uns des ennemis préférés - ou détestés, c'est selon les avis - de Flash. Ils ne font pas dans la sobriété puisque la plupart sont dotés de costume et de gadgets assez fantasmagoriques, comme le plus célèbre d'entre eux, le Captain Cold, un nom à vendre du poisson pané surgelé, qui passe le plus clair de son temps engoncé dans une veste polaire à capuche, avec dans les mains un pistolet réfrigérant qui lui sert à commettre les pires larcins. Mais Leonard Snart n'est plus ce qu'il était. Bien des années ont passé depuis ses exploits funestes et il est désormais employé comme contremaître en entreprise. Un travail nécessaire pour sa réinsertion dans la société et payer ainsi sa dette. L'ancien criminel à réformer reçoit régulièrement la visite d'un agent de probation qui s'enquiert de ses conditions de vie, et surtout qui vérifie qu'il n'est pas tenté de retomber dans ses travers, par exemple en bidouillant de nouveaux appareils lui permettant d'utiliser la cryogénie à des fins peu recommandables. Tout bascule lorsque celui qui fut Captain Cold se rend compte qu'il est en fait méprisé et que sa nouvelle existence des plus ternes ne le mènera nulle part. Alors, l'idée qui lui traverse l'esprit est simple : un dernier coup d'éclat, pour empocher une somme astronomique. En réalité, mettre la main sur des lingots et pouvoir bénéficier d'une retraite dorée, sans avoir besoin de passer par les fameux régimes spéciaux que notre gouvernement actuel s'évertue à détruire. Évidemment, ce n'est pas quelque chose qu'il pourra faire seul… aussi il se lance dans une campagne de recrutement, tout d'abord en sollicitant l'aide de sa propre sœur Lisa, puis celle d'anciens coéquipiers au sein du groupe des Lascars donc, comme le Maître des miroirs (drogué et interné dans un institut de sevrage) ou encore le Charlatan, Heat Wave, Magenta ou Bronze Tiger. Tout ce beau monde a rendez-vous en Afrique, dans le royaume tenu secret de Gorilla Grodd. Rien que l'idée de pénétrer chez ce souverain simiesque a de quoi donner des sueurs froides. Mais Snart sait convaincre ses anciens alliés, quitte à ne pas forcément toujours employer des moyens licites et loyaux.

Joshua Williamson est décidément partout. Il écrit cette fois une sorte de polar désabusé, une aventure aussi dramatique que drolatique par endroit.  Ses Lascars sont des individus au bout du rouleau, usés jusqu'à la corde, qui avaient raccroché pour une bonne raison. Ce n'est pas la vie qui les a rattrapé, c'est juste l'égoïsme et l'égocentrisme de Cold, qui les embarque dans un casse du siècle mal préparé et destiné de toute façon à échouer. Il y a beaucoup d'humour dans les dialogues et on sent qu'en réalité l'équipe réunie est trop hétérogène et brisée pour arriver à quelque chose. Mais ce n'est guère mieux sur le versant africain : Gorilla City est certes une ville moderne mais la manière dont elle est perçue, dont semble fonctionner son organisation interne, n'échappe pas à une bonne dose de sarcasme. A commencer par un Roi Grodd qui doit endosser le costume du souverain contraint au grand écart entre traditions simiesques et capitalisme effréné. Du coup, il y a de la trahison à tous les étages, chez tout le monde, et ça ressemble à une sorte de bande dessinée synthèse d'un comic book moderne et d'un film de Quentin Tarantino. C'est alors qu'on se rend compte que les dessins de Leomacs sont parfaits pour le on de cette histoire. Pour le coup, nous avons un véritable style européen, proche du western caricatural, avec des planches au rythme effréné et impayable, truffés d'onomatopées qui s'intègrent à l'action et l'accélère davantage. Un délire qui ressemble a de la BD parodique et d'humour, sans jamais céder à la facilité. Car en fin de compte, le dessin en lui-même reste de belle facture et d'une maîtrise réelle (même s'il faut le renfort de trois assistants différents pour venir à bout du dernier chapitre). Les amateurs de comics qui ne se prennent pas foncièrement au sérieux et qui jettent un regard neuf et désenchanté sur des personnages en déshérence vont trouver leur bonheur. Rogues, c'est non seulement attachant, mais c'est aussi un récit jouissif et malin, qui n'oublie pas d'arborer un souvenir narquois au plus sombre de ses pages. Du vrai bon Black Label !


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