Il était une fois la guerre

Par Lalitote

Je remercie les Editions Taurnada pour l'envoi de ce nouveau titre.

Estelle Tharreau

Biographie

Après avoir travaillé dans le secteur privé et public, cette passionnée de littérature sort son premier roman en 2016, Orages, suivi de L'Impasse en 2017. Depuis, elle se consacre entièrement à l'écriture.

Prix du ROMAN NOIR 2021 des BIBLIOTHÈQUES & des MÉDIATHÈQUES de GRAND COGNAC

Prix Spécial Dora-Suarez 2021 catégorie « Frissons »

Présentation de l'éditeur

Sébastien Braqui est soldat. Sa mission : assurer les convois logistiques. Au volant de son camion, il assiste aux mutations d'un pays et de sa guerre. Homme brisé par les horreurs vécues, il devra subir le rejet de ses compatriotes lorsque sonnera l'heure de la défaite.
C'est sa descente aux enfers et celle de sa famille que décide de raconter un reporter de guerre devenu son frère d'âme après les tragédies traversées « là-bas ».
Un thriller psychologique dur et bouleversant sur les traumatismes des soldats et les sacrifices de leurs familles, les grandes oubliées de la guerre.


« Toutes les morts ne pèsent pas de la même manière sur une conscience. »

Ma chronique : 

On imagine bien que la guerre peut vous changer un homme, mais on reste finalement bien loin du compte. Dans le livre d'Estelle Tharreau, ce ne sont pas seulement les faits de guerre aussi horribles soient-ils qui vont bouleverser la vie de Sébastien et de sa famille. Mais le système militaire, la grande muette comme on appelle souvent l'armée qui va faire preuve d'une lâcheté coupable envers ses hommes. Le retour du soldat est difficile, se réintégrer à la vie civile est une grande douleur, l’abandon de la fraternité, de son corps d'arme est une blessure qui semble ne pas vouloir cicatriser et puis il y a les traumatismes. Le fameux Stress Post Traumatique qui n'est jamais pris en compte dans le roman et l'alcool aidant, ne va pas s'améliorer. Avec une écriture au plus près des événements, le conflit se passe dans un pays imaginaire d'Afrique mais remplacer le Songha par le Mali et vous avez là un parfait exemple. Contrairement à Ceux Qui Restent  de Jean Michelin voir ma chronique ICI, où l'écriture reste factuelle et permet au lecteur de garder un peu de recul, Il était une fois la guerre vous prend à la gorge et vous laisse un goût amer. Dans les deux livres la place des familles qui restent à attendre le retour du combattant est très bien abordée. L'éloignement, la distance qui se crée avec sa femme et sa fille est terrible. La narration se fait parfois par un personnage extérieur dont on apprendra qu'il était journaliste grand reporter de guerre, son point de vue est aussi pointu. Le pouvoir des mots s'exerce et nous sommes proche de la faillite annoncée de cette vie d'homme pour qui un jour tout s'écroule. Un roman où la violence des images suggérer, de l'enfance bafouée, des camps de réfugiés et des missions des soldats raisonneront encore en moi pendant longtemps. C'est percutant, bien écrit et ne laissera personne dans l’indifférence. Bonne lecture.

Citations : 

C’était le premier choc de la guerre. Quand l’esprit parvint à ôter toute réalité humaine à ces morts atroces. Une désincarnation, une déshumanisation de la mort qui firent basculer Sébastien dans l’abîme. Tout comme ce pays, il venait d’être pris d’une folie dont il ignorerait et refuserait longtemps le nom. 


Les yeux plongés dans une obscurité que même un effort oculaire soutenu ne parvenait pas à percer, il murmura :

« Et puis, qu’un gamin pose un IED.

– Pourquoi ?

– Parce que si c’est un gamin, on ne pourra pas l’abattre et, ça, ils le savent. C’est pour ça qu’ils les envoient poser leur merde. »


Soi-disant que les voisins m’entendent « gueuler  » la nuit. Eh ben quoi ? Ils s’attendaient à quoi en voyant des mecs se faire cartonner à l’autre bout du monde tandis qu’ils étaient bien contents de rester à peloter mémère dans leur canapé pendant que nous, on voyait des gens en morceaux. Putain, ouais ça part pas de la tête, des truc pareils ! Ouais, ça fait gueuler ! Ouais, on choisit pas quand ça vous revient en pleine tronche !