Un bon indien est un indien mort

Par Lalitote

Je remercie les Editions  Rivages pour l'envoi de ce nouveau titre.

Jean Esch(Traducteur)

Stephen Graham Jones

Biographie de l'auteur

Stephen Graham Jones est un écrivain et universitaire originaire de la tribu des Pikunis (Blackfeet). Son oeuvre est composée d'une vingtaine de romans et nouvelles et s'inscrit dans le courant de la Renaissance amérindienne. Deuxième roman à paraître en France après Galeux (La Volte, 2020), Un bon Indien est un Indien mort a été récompensé par de nombreux prix, dont le Bram Stocker Award et le Shirley Jackson Award, et lui a apporté la reconnaissance d'un large public.

Présentation de l'éditeur

Quatre amis d’enfance ayant grandi dans la même réserve amérindienne du Montana sont hantés par les visions d’un fantôme, celui d’un élan femelle dont ils ont massacré le troupeau lors d’une partie de chasse illégale dix ans auparavant.

Ma chronique : 

Quatre jeunes amérindiens Blackfeet décident de chasser le caribou, là où c'est interdit. La partie de chasse tourne mal. Dix ans plus tard certains ont quitté la réserve d'autres s'y trouvent encore et l'esprit d'une femelle caribou cherche à se venger d'eux. Le point de vue de Lewis un des quatre garçons est tout à fait compréhensible, juste le besoin de faire provision de viande pour l'hiver pour leur famille, avec le soucis de bien faire et de ne rien gâcher comme pour rendre hommage à la bête tuée. Mais cela ne suffira pas à enrayer le chaos qui s'annonce et dont ils seront à leur tour victimes. La vengeance est un plat qui se mange froid dit-on chez nous. Vous allez être servi, peu à peu dans un climat hostile se met en place une sombre vengeance. Il y aura du sang, des os, des larmes et des dents tout cela dans des scènes d'horreur qui vous feront tourner les pages à reculons mais sans pouvoir jamais poser votre livre un instant. J'ai beaucoup aimé l'art de mêler la tradition, la psychologie et les coutumes amérindiennes dans une mise en scène digne du meilleur film d'horreur. C'est parfaitement huilé, brutal et authentique, la narration nous place comme autour d'un feu à écouter un conteur mais la réalité se rappel à nous avec un scénario improbable sauf qu'on ne peut qu'y adhérer tant l'identité culturelle et les traditions sont fortes. Même si ces jeunes gens sont en rupture de leur tradition, le récit dramatique est d'une rare intensité, la lutte pour leur vie est désespérée. Une belle écriture portée par un texte qui nous parle de la condition des amérindiens dans le Montana. Racisme, alcoolisme, toxicomanie, discrimination et de nombreux traumatismes vécus par les générations précédentes sont toujours présents. On ressent la force qu'ils puisent dans l'amitié, les liens familiaux et communautaires notamment lors d'une cérémonie traditionnelle. Une pépite à découvrir et un auteur que je vais suivre. Bonne lecture.

Citations : 

Pour protéger ton petit, tu donnes des grands coups de sabots. C'est ce que ta mère a fait pour toi, là-haut dans les montagnes, lors de ton premier hiver. Son sabot noir qui jaillissait et venait frapper ces bouches grimaçantes était si rapide, si pur, insaisissable ; il laissait dans son sillage un arc parfait de gouttelettes rouges. Mais les sabots ne suffisent pas toujours. S'il le faut, tu peux l'ordre et déchirer avec tes dents. Et tu peux courir plus lentement que tu en es capable. Si rien de tout cela ne fonctionne, si les balles sont trop épaisses, tes oreilles trop pleines de bruit, ton nez trop plein de sang, s'ils ont déjà pris ton petit, tu peux encore faire une dernière chose.
Tu te caches au milieu du troupeau. Tu attends. Tu n'oublies jamais.


La mort ressemble à ça, n’est-ce pas ? Vous souffrez, vous souffrez, et puis vous ne souffrez plus. À la fin, tout s’apaise. Pas seulement la douleur, le monde aussi.


Le gros titre surgit dans son esprit :
UN INDIEN N’APAS DE RACINES. IL CROIT QU’IL EST TOUJOURS INDIEN S’IL PARLE COMME UN INDIEN.