Aux quatre vents

Par Lalitote

Je remercie XO Editions pour l'envoi de cette nouvelle lecture.

 Amélie Antoine

Un mot de l'auteure


Amélie Antoine est née en 1984. Elle vit à Lille avec sa famille. Auteure remarquée pour la sensibilité de son écriture, elle a publié trois romans chez XO Éditions, Raisons obscures, Le jour où et Le Bonheur l'emportera.

 

Présentation de l'éditeur

On dit que chaque famille a ses secrets. C’est encore plus vrai en temps de guerre…

1985, Sabran-sur-la-Lys. Un paisible petit village du nord de la France où tout le monde se connaît, depuis toujours. Un petit village où tout se sait. Et où, surtout, rien ne s’oublie.

Après avoir fait l’acquisition du château, un mystérieux personnage achète maison sur maison. De lui, on ne connaît que le nom : Clément de Clercq. Un matin, les villageois découvrent avec effroi que les portes et les fenêtres de toutes ces demeures ont été retirées. Les habitations sont ouvertes aux quatre vents, abandonnées, défigurées.

Bouleversée, une jeune femme, Léa, décide de tout faire pour sauver le village de son enfance. Il lui faudra alors fouiller dans les mémoires jusqu’à plonger au cœur d’un passé qu’aucun habitant n’a envie de revivre…

Aux quatre vents est l’histoire fascinante d’un homme qui, sans même en avoir conscience, se lance dans une quête éperdue d’identité. Car qui est-on quand on ignore d’où l’on vient ?

Ma chronique : 

Une fois encore Amélie Antoine nous livre un magnifique roman qui fera vaciller votre cœur. Une histoire qui prend sa source pendant la seconde guerre mondiale et qui a des répercussions en 1985. La narration se fait sur une double temporalité mais aussi nous fait suivre deux familles au destins tragiques et pourtant si différents. Tout commence à Sabran-sur-la-Lys, un village du nord de la France qui voit ses maisons rachetées par Clément de Clercq, personnage qui agit dans l'ombre et dont on ne connaît pas les motivations. Rapidement les maisons sont laissées aux quatre vents et n'ont plus ni portes ni fenêtres. Les habitants sont atterrés. Léa décide de tout faire pour comprendre et sauver le village de son enfance. J'ai lu ce roman qui revient sur une période sombre de notre histoire, la collaboration avec l'ennemi, la libération, les règlement de comptes arbitraires et qui aujourd'hui avec la guerre en Ukraine et la libération de Kherson raisonne fortement. L'auteur joue sur les émotions avec talents, que cela soit avec la famille de Léa qui a vécu la déportation, les camps mais aussi avec ce que l'homme a de plus abjecte avec les faits qui se sont déroulés pendant la période de l'épuration à la libération. J'ai trouvé qu'elle savait comme personne nous parler du lien, de l'attachement d'une mère à son enfant, j'en ai encore des frissons. Il y a aussi une belle et dangereuse histoire d'amour qui est si bien écrite qu'elle nous fait retrouver nos vingt ans. Il est questions aussi de l'adoption, de la quête d'identité, quand on ne sait pas d'où l'on vient il est difficile de faire son chemin dans la vie. Alors on a beau savoir que chaque famille porte en elle son lot de non-dits et de secrets, quand ceux-ci sont dévoilés, il peuvent faire l'effet d'un cataclysme même quarante ans plus tard. Un livre qui se lit avec passion et dont on veux espérer qu'il se terminera bien ? Bonne lecture.

Citations : 

Ce jour-là, il a eu trop peur d'être rejeté, renié par un homme qui avait combattu dans les tranchées lors de la Première Guerre mondiale et qui en avait gardé une aversion presque animale pour les « Germaniques », comme il disait. Un homme qui avait refusé de regarder les Jeux olympiques en 1972, pour l'unique raison qu'ils se déroulaient à Munich. Un homme qui secouait la tête avec mépris chaque fois qu'il croisait une Mercedes, une BMW ou une Volkswagen. Un homme qui n'avait jamais voulu offrir à Clément un jeu de Memory, simplement parce que Ravensburger était une marque allemande.


Cette nuit-là, vous avez refusé d’ouvrir vos portes. A présent, il n’y aura plus jamais une seule porte fermée dans cet endroit maudit. Jamais plus vous ne vous sentirez en sécurité, jamais plus vous ne vous sentirez en paix.


Au village, personne ne pardonne à ceux qui refusent de hurler avec la meute, ou de bêler avec le troupeau.