L'Alchimiste de Sant Vicens

Par Lalitote

Je remercie les Editions Calmann-Lévy  pour l'envoi de ce nouveau titre,

Hélène Legrais pour sa gentille dédicace et son invitation à prendre un café 

ainsi que la délicate attention qui l'accompagnait.

 Hélène Legrais

Biographie de l'auteure

Née à Perpignan, chroniqueuse sur France Bleu Roussillon, Hélène Legrais a travaillé à France Inter et à Europe 1, avant de retourner dans sa Catalogne natale pour se consacrer à l’écriture. Elle a été récompensée par le prix Méditerranée Roussillon 2012 pour Les Héros perdus de Gabrielle.

Présentation de l'éditeur

Quand la beauté sauve et illumine.
Dans les années 50, l’atelier de céramique de Sant Vicens à Perpignan devient un haut lieu de la création artistique. La céramique est en vogue et les plus grands maîtres, tels Jean Lurçat ou Pablo Picasso, y réalisent leurs oeuvres, entretenant
une atmosphère de fantaisie et de liberté.
Cette effervescence n’est pas du goût d’André Escande, vieil atrabilaire cartésien qui a l’art moderne en horreur, et dont les fenêtres donnent sur ce repère de « barbouilleurs ». Sa femme Suzanne, au contraire, est éblouie par l’ambiance de l’atelier.
À l’insu de son mari, elle le fréquente assidûment et s’initie même à l’alchimie de la terre et du feu. Alors qu’elle ne sait comment révéler à l’irascible André sa secrète passion, Suzanne va trouver dans une petite fille autiste du voisinage, murée dans le silence et envoûtée par les motifs chatoyants des céramiques, une alliée  inattendue…

Chronique : 

Une nouvelle histoire qui a pour cadre l'atelier de céramique de Sant Vicens bien connu des perpignanais. L'action débute dans les années 50, Firmin Bauby est le fondateur de ce lieu unique qui a vu défiler de nombreux artistes tels que Jean Lurçat, Pablo Picasso et Salvadore Dali pour les plus célèbres. Vivant juste à côté de ce lieu légendaire, un couple de paisible retraité sans enfants, les Escande , André et Suzanne. Au fil des pages nous en apprenons plus sur la personnalité d'André Escande ancien professeur de mathématique dont la personnalité n'est guère engageante, solitaire, égoïste, taiseux, coincé par tout un tas de principe. A ses côtés, Suzanne, une petite souris qui ne demande qu'à pouvoir exprimer sa joie de vivre. C'est par la céramique qu'elle va enfin pouvoir explorer sa créativité. Dans une seconde partie, de nouveaux voisins font leur apparition, parents d'une petite fille pas comme les autres. Aujourd'hui on en sait un peu plus sur l'autisme mais à l'époque, on en était aux balbutiements. Des personnages bien construits, attachants, amusants mais aussi émouvants qui prennent vie et deviennent familier comme des membres de la famille.

Avec sa plume dotée de finesse et d'intelligence, Hélène Legrais nous brosse le tableau d'une époque révolue mais pas si éloignée de la nôtre, 70 ans à peine. Une belle histoire qui sert de prétexte pour nous raconter la grande Histoire, celles de personnages célèbres en leur temps tombés plus ou moins dans l'oubli mais qui ont marqué la région. Les événements marquants de ces années viennent étoffer la trame de notre histoire, l'enrichissant et la cadrant dans le temps et l'espace. Une fois de plus comme dans son précédent roman, cette énumération de lieux, d'anecdotes historiques m'est apparue à double tranchant. Certes, je suis toujours heureuse d'apprendre et de découvrir le patrimoine régional des Pyrénées Orientales et à la fois, il n'y a rien de tel pour me sortir du récit et comme cela se répète souvent, c'était un peu compliqué pour moi. En revanche j'ai apprécié les mots en catalan et la notion de catalanité qui font partie du roman. En refermant ce livre, je n'ai qu'une envie c'est d'aller visiter l'atelier de céramique de Sant Vicens et de découvrir cette ambiance artistique et créatrice, qu'elle a su si bien retranscrire. Bonne lecture.

Citation : 

Depuis toujours il croyait aimer la solitude. Il était bien d'accord avec Jean-Paul Sartre : l'enfer, c'était les autres. Et bien « d'autres » trouvaient grâce à ses yeux. Moins il en voyait, mieux il se portait. Travailler dans son bureau avec ses livres pour seule compagnie lui avait longtemps paru la meilleure façon de passer ses journées, il en avait rêvé pendant toute sa période d'activité au collège. Sauf qu'il se mentait. Quand il était dans sa grotte, quelqu'un d'autre était là. Discrètement, sans bruit, sans éclat. Sa « solitude » était accompagnée. Tous les jours depuis son mariage. Il était tellement habitué à cette présence derrière la porte, cette petite musique faite de frôlements, de pas étouffés, de refrains murmurés, qu'il n'y prenait plus garde. Mais quand le solo en sourdine se taisait soudain. Le vrai silence s'installait et André Escande découvrait qu'il n'aimait pas ça.