Batman chronicles 1987 vol.2 : batman year two et le duo barr/davis

Par Universcomics @Josemaniette

 Second volume pour l'année 1987 et les Chroniques de Batman, qui nous ont déjà séduits en aussi peu de rendez-vous. Il s'agit cette fois de se concentrer sur Detective Comics, une série qui comme son nom l'indique fait la part belle aux enquêtes et à toutes les énigmes qui peuvent se poser au Chevalier Noir. C'est d'autant plus important de le souligner que le lecteur découvrira dans les pages de cet album un numéro anniversaire pour fêter les 50 ans du magazine, qui va exhumer une figure légendaire comme Sherlock Holmes, impliquée dans une affaire inédite, qui voit aussi l'héritier du terrible professeur Moriarty et d'autres personnages comme Extensible Man parmi les figurants. À l'époque, Detective Comics est confié à Mike Barr, un scénariste très sous-estimé, qui a pourtant laissé une empreinte indélébile et remarquable sur la série. Il faut dire qu'il est parfaitement aidé par un dessinateur qui ne faisait pourtant pas l'unanimité à l'époque, Alan Davis, le Britannique et son style souple, parfaitement lisible et toujours expressif. L'auteur de planches remarquables faisait pourtant l'objet de critiques récurrentes dans la page du courrier des lecteurs américaine. L'ambiance est tout sauf à la sinistrose, puisque Batman et son Robin d'alors, c'est-à-dire Jason Todd, ont pris l'habitude de rivaliser à coups de bons mots, de calembours, même lorsque la situation est assez tragique, comme quand le Joker décide de laver le cerveau de Catwoman, pour en faire une alliée et porter atteinte à son ennemi de toujours, Batman, qui entretient une relation sentimentale non assumée avec la belle cambrioleuse. Ou encore lorsque le Chapelier Fou et l'Epouvantail sont de retour sur scène, sans pour autant être capable de tenir la dragée haute à nos deux justiciers plus d'une vingtaine de pages. C'est clairement une époque beaucoup plus insouciante, où même les pires situations sont toujours envisagées avec un ton guilleret qui peut surprendre le fan moderne du Dark Knight, habitué aux ambiances poisseuses et ultra glauques. Cependant, ce second volume pour 1987 propose aussi un moment de césure très important, celui où dans le feu de la bataille Batman oublie un instant de garder à œil le jeune prodige Robin. Lorsqu'il se retourne, c'est pour retrouver le gamin inanimé au sol après qu'il ait reçu plusieurs balles. Le lecteur réalise alors qu'il y a tout de même un côté inconscient à entraîner un jeune garçon dans une croisade folle, comme le fait parfaitement remarquer la doctoresse Leslie Thompkins, qui est un peu notre porte-voix à tous, et qui est la seule à pouvoir secouer un super-héros dont elle connaît bien entendu la double identité, puisque c'est elle qui a recueilli le jeune Bruce Wayne, après l'assassinat de ses parents. Dès lors le ton peut changer.

Le terrain est donc bien préparé pour une nouvelle histoire fondamentale de Batman, à savoir Year Two, qui fait bien entendu écho au célèbrissime Year One de Frank Miller. Ici, il est beaucoup plus question des débuts de Batman en tant que tel que du moment où Bruce Wayne décide d'endosser son costume et d'initier sa croisade. Quatre épisodes de Detective Comics qui connaissent pourtant un couac en cours de route, avec le départ d'Alan Davis, qui décide de claquer la porte, frustré d'être obligé de modifier certaines cases (on lui demande de redessiner l'arme à feu utilisée par Batman). Oui, vous avez bien lu, le justicier utilise le même revolver qui a servi à abattre ses parents lorsqu'il était encore jeune enfant, et il va même devoir faire équipe avec l'assassin, c'est-à-dire le malfrat Joe Chill, dans le but de mettre fin aux agissements d'un criminel qui s'était retiré des affaires depuis une vingtaine d'années, le Faucheur. Si les raisons pour lesquelles Batman a besoin d'aller chercher des alliés dans la pègre est tout de même un peu léger, l'histoire fonctionne d'autant mieux que ce vilain ultra violent est aussi le père de celle dont Bruce Wayne est tombé amoureux. Une passion aussi soudaine qu'étonnante, puisqu'il va même jusqu'à proposer le mariage à la belle Rachel Caspian au bout de quelques jours. Le lecteur a droit alors à trois épisodes dessinés par Todd Mcfarlane, qui était encore loin d'être la grande star des comics qu'il est aujourd'hui. Encore dessinateur inexpérimenté et parfois balbutiant, McFarlane alterne les moments forts et les scènes iconiques, notamment grâce au rendu de la cape de Batman, qui préfigure ce que sera plus tard Spawn, et une noirceur omniprésente qui se marie bien avec la construction des planches. Mais à d'autres moments, on devine son trait encore fragile et un poil trop disgracieux. Par la suite, il affinera ces petites faiblesses au point même de faire de sa tendance à la caricature une des forces sur lesquelles il pourra s'appuyer. L'année 1987 se termine pour Detective Comics par quelques épisodes sympathiques mais un peu plus inconséquents, où on voit apparaître Norm Breyfogle, qui deviendra par la suite un dessinateur très apprécié et régulier sur le titre, ainsi que Jim Baikie. L'occasion de faire un tour dans la clinique du Docteur Crime ou de revoir Doubleface en action. Comme toujours, Urban comics propose un plus indéniable dans cette collection, c'est-à-dire les parties rédactionnelles traduites en français, qui permettent de contextualiser à merveille les histoires que nous venons de lire, avec des anecdotes sur leurs créateurs, mais aussi sur les conditions historiques dans lesquelles elles sont nées. L'ensemble est présenté dans un softcover très agréable à feuilleter, sur un papier mat plutôt granuleux. Il est inutile que je vous le répète, ces Chronicles figurent déjà en place d'honneur sur mes étagères. Vite, un tome 3, et on attend avec impatience l'extension de la gamme aux autres personnages majeurs de DC comics!