Alabama 1963 • Ludovic Manchette & Christian Niemiec

Par Marine @blueM1991

Un incroyable page-turner qui met en scène un improbable duo dans l’Alabama 1963 ! 

╰☆ Résumé ☆╮

Birmingham, Alabama, 1963. Le corps sans vie d’une fillette noire est retrouvé. La police s’en préoccupe de loin. Mais voilà que d’autres petites filles noires disparaissent… Bud Larkin, détective privé bougon, alcoolique et raciste, accepte d’enquêter pour le père de la première victime. Adela Cobb, femme de ménage noire, jeune veuve et mère de famille, s’interroge :  » Les petites filles, ça disparaît pas comme ça…  » Deux êtres que tout oppose. A priori.

✿ Mon avis ✿

Lecture éclair ! Je n’ai pas pu poser ce roman. Un page-turner magistral qui se dévore tant la plume et le suspense sont brillamment gérés par les auteurs. Je ne pense pas avoir de points négatifs à souligner vis-à-vis de ce titre, c’est un must-read !

Le titre ne laisse guère place au mystère en ce qui concerne la situation initiale. Nous sommes en Alabama, en 1963. Les Noirs ne se mélangent toujours pas aux Blancs dans le bus… et ailleurs. Il est très rare que des personnes de couleurs fréquentent des Blancs au quotidien si ce n’est dans un rapport employeur/employé. Adela, mère de trois enfants, travaille pour plusieurs employeurs Blancs en tant que femme de ménage. Elle se retrouve au service d’un détective privé has-been alcoolique. Un ex-flic qui vit avec son chien dans un désordre et une crasse pas possible.

Deux personnages qui n’ont absolument rien en commun mais qui vont passer de plus en plus de temps ensemble car à Birmingham, des petites filles Noires n’arrêtent pas de disparaitre… et on a même retrouvé un corps. Visiblement, c’est plus facile pour Bud d’enquêter avec Adela à ses côtés. Les témoins et suspects s’ouvrent plus lorsqu’une femme Noire l’aide durant son enquête. Un partenariat très étrange qui va surprendre plus d’une personne dans la ville mais les principaux intéressés s’en fichent du ‘qu’en dira-t-on ?’, ils ont un tueur à retrouver, pour le bien et la sécurité de la communauté. Et pour la mémoire de ces fillettes.

Le livre est présenté sous la forme d’un « journal ». Chaque chapitre équivaut à l’entrée d’une journée. Du mois d’août à la fin de l’année 1963, nous suivons Adela lors de ses ménages et Bud dans son enquête. Le récit peut être vu comme un thriller/policier puisqu’il s’agit de résoudre une série de meurtres mais le livre est loin de se résumer à cela. C’est aussi et surtout une immersion dans une ville où Blancs et Noirs sont encore très séparés, où le KKK agit dans l’ombre (enfin, presque), où le racisme et la dominance des Blancs sont un fait qui ne se discute pas. Et dire que cela a eu lieu il n’y a même pas 60 ans…

L’année 1963 aux USA est aussi celle de l’assassinat de JFK. Le fait historique est relaté dans le roman mais n’est pas le point principal. On y fait référence et la touche ‘Johnson’ à la fin de l’ouvrage marque le début d’une nouvelle ère en termes de ségrégation…

Les chapitres ultra-courts et la plume très visuelle donnent un rythme effréné au récit. On s’attache à ces héros et à l’improbable duo qu’ils forment. Les conversations entre Adela et certains personnages secondaires sont parfois dotées d’une touche humoristique ou du moins d’un petit ton piquant qui nous porte à l’adorer encore plus.

Un livre sur un sujet fort qui me remet en mémoire La couleur des sentiments et La couleur pourpre mais qui ne se focalise pas entièrement sur le ségrégationnisme. C’est aussi une belle enquête policière qui nous tient en haleine du début à la fin ! Une splendide réussite qui me donne envie de découvrir Americana[s], autre cru des mêmes auteurs. A découvrir sans tarder 🙂

 CHRONIQUE #804 – Septembre 2022

  • Parution : 2021
  • Editeur : Pocket
  • Nombre de pages : 352 pages
  • Genre : Littérature étrangère