L’île de l’ermite (#2/2) • Sergine Desjardins

Par Marine @blueM1991

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╰☆ Résumé ☆╮

1847. Alors que les lépreux sont transférés de l’île Sheldrake au nouveau lazaret de Tracadie, Isa, toujours bien portante, perd espoir. Bien que la maladie ne semble avoir aucune emprise sur la jeune femme, l’isolement, et un quotidien pénible, l’affectent au plus profond d’elle-même. Sa mère, Charlotte, est prête à tout pour sauver sa fille. Ses sœurs, en cette époque d’interdits, de silence et de jugement divin, tentent elles aussi de surmonter tant bien que mal les épreuves. Tout l’entourage d’Isa doit combattre ses propres démons. Dernier tome de la série Isa, L’île de l’ermite nous entraîne dans la noirceur d’un autre âge, pourtant pas si lointain, ou injustice et adversité côtoient espoir et courage.

✿ Mon avis ✿

Terminer une duologie : check ! Et un second tome à la hauteur du premier. Cette histoire est difficile de par le sujet principal évoqué : la lèpre et le (mal)traitement des lépreux au Canada à la fin du XIXème siècle. Époque où l’on pensait que la lèpre était terriblement contagieuse et qu’il fallait isoler les malades, quitte à les laisser dans des conditions pires que déplorables sans aucune aide ni soins médicaux.

L’autrice nous plonge dans ce contexte auprès de personnages plus vrais que nature, ceux que nous avons découvert dans le premier tome. Isa, qui a renoncé à l’usage de son véritable prénom « Isabelle » lorsqu’on l’a catégorisé lépreuse alors qu’elle n’a qu’une simple maladie de peau inconnue des médecins de l’époque, mais aussi ses parents et ses sœurs ainsi que tous ses cohabitants de la léproserie de Tracardie.

Sergine Desjardins a fait d’énormes travaux de documentation pour écrire cette duologie. On le voit d’ailleurs à la liste des ouvrages qui sont mentionnés à la fin du roman. Cela donne un poids certain à ce récit, à la fois au niveau historique mais aussi d’un point de vue médical. Certains propos rapportés (ou inspirés) de plusieurs médecins de l’époque sont terriblement choquants. La manière dont les lépreux ont été traités, considérés comme des rats de laboratoire qui ne valent pas la peine de vivre est tout simplement révoltante. Certaines personnes ont même été admises en léproserie alors qu’elles n’avaient pas la lèpre simplement pour qu’un certain médecin puisse annoncer avoir guéri des malades… Vous vous rendez compte ?

Le cas d’Isa est révoltant mais c’est une femme qui ne perd pas courage, qui est là pour aider son prochain et qui garde le moral malgré les conditions déplorables dans lesquelles elle est condamné à vivre. Elle raconte ses péripéties à Gus, son père, dans de nombreuses lettres. Des extraits sont à chaque fois notés en tête de chapitres, petit élément qui ajoute un côté épistolaire et original au récit.

On en apprend également plus sur le destin des ses soeurs, découvertes dans l’île des exclus. L’une est à la recherche de sa fille, l’autre souhaite plus que tout rentrer dans le milieu médical pour aider les malades – mais ce destin est encore réservé aux hommes. L’intrigue est cette fois-ci davantage centrée sur les péripéties des lépreux et des autres intervenants qui viennent à Tracardie pour les aider… et les surveiller. Mais on voyage aussi énormément auprès des autres personnages qui sont localisés dans d’autres régions du Canada.

Un récit éprouvant par rapport au destin des divers personnages mais courageux et inspirant, nécessaire même puisqu’il s’agit d’un extrait de notre Histoire (enfin, celle du Canada plus précisément). J’ai adoré plonger dans ce périple qui s’étend sur bien des années. Instructif, historique et profondément touchant, ce livre mérite d’être davantage plébiscité. Une lecture qui plaira certainement aux fans de l’île des oubliés de Victoria Hislop !

 CHRONIQUE #796 – Septembre 2022

  • Parution : 2019
  • Editeur : Charleston
  • Nombre de pages : 512 pages
  • Genre : Roman historique