Une terrible délicatesse, Jo Browning Wroe

Par Krolfranca

Une terrible délicatesse, Jo Browning Wroe, traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Carine Chichereau, Les Escales, 25 août 2022, 400 pages.

« Parfois nous donnons le meilleur de nous-même, parfois nous donnons le pire. Ça s’appelle être humain. »

Octobre 1966, William Lavery, jeune diplômé embaumeur, se porte volontaire pour aider les autres embaumeurs, lors de la terrible catastrophe de la ville d’Aberfan, où un glissement de terrain a enseveli une école.

Le roman commence à cette date puis remontera dans le temps pour finir huit ans plus tard. Et l’on suivra William, ce jeune homme traumatisé par cette expérience et qui, dans sa jeunesse, avait déjà eu son lot de moments douloureux. Dès le début on comprend, par des indices clairement semés, qu’il cache en lui des failles, des blessures non refermées. Il ne peut entendre le Miserere d’Allegri sans s’effondrer…

Le roman est construit comme un thriller, l’auteure nous laisse à la fin de chaque partie avec une énigme non résolue. Et on tourne les pages pour en savoir davantage. Peine perdue, entre les différentes parties, des ellipses. Et ce n’est qu’à la toute fin que le dernier morceau du puzzle sera posé et que l’on comprendra pourquoi William en veut autant à sa mère…

C’est un roman qui joue sur les émotions sans oublier de peindre un tableau assez réaliste de la société de l’époque avec, notamment, le rejet des homosexuels qui sont obligés d’adapter leur mode de vie pour ne pas exposer leur famille, et dont on tait la réalité de leur relation aux enfants…

William est un personnage pétri de doutes, de peurs. Un être humain ! Au lieu d’affronter les obstacles, il préfère fuir. Pour parvenir à la résilience, au pardon, à sa reconstruction, un long chemin sera nécessaire. C’est ce chemin qui est décrit dans le roman. Ses amis, sa famille, sa femme, seront des acteurs bienveillants qui l’accompagneront patiemment tout du long.

Le milieu des embaumeurs est dépeint avec délicatesse, presque avec amour, la douceur qui se dégage des gestes de William lorsqu’il s’occupe d’un corps est édifiante et magnifique.

Merci aux éditions Les Escales et à Netgalley pour cet envoi.