Utopiales 2021

Par Mana_


Les Utopiales est l'événement le plus important en Europe lié aux littératures de l'imaginaire. Comme tous les ans depuis 2009, Actusf publiera l'anthologie officielle avec les auteurs et les autrices invités par le festival !

Pourquoi ce livre ? Les Utopiales, c'était un peu un événement annuel jusqu'aux années Covid. Et puis il y a eu l'interruption que tout le monde connaît et des changements dans l'organisation du festival qui ne nous a pas convenus, si bien que nous n'y sommes pas retournés depuis 2019. Cette bouderie n'empêche pas Mister de compléter sa collection de recueil, et c'est moi qui inaugure le millésime 2021.
Après une préface très courte pour resituer le contexte actuel et présenter les auteurs, on attaque très rapidement le sujet avec les douze nouvelles que compte ce recueil.
C'est Claire Duvivier qui ouvre le bal. Après sa fracassante entrée dans la fantasy francophone avec Un long voyage puis avec sa trilogie Capitale du Nord dans l'univers de La Tour de Garde, elle signe donc la nouvelle Mesurer l'empreinte. Je dois dire que j'ai été un peu moins emballée que par ses romans. Le récit n'apporte aucune originalité sur l'avenir et est assez pessimiste au regard de notre société. Je n'en retiendrai malheureusement pas grand chose. En revanche la plume est moins langoureuse, plus efficace, ce qui colle parfaitement avec la longueur du texte et son déroulé. (11/20)
Je ne connaissais pas Christophe Siébert et je dois dire que son Empatia m'a convaincue. La lecture m'a rappelé un petit côté de Les Enfermés de John Scalzi, avec cet être, vivant ?, doté de capacités permettant de résoudre de vieux dossiers. J'ai adoré les échanges entre les deux personnages et le petit twist sur la fin, qui fait totalement changer ma perception de l'interrogateur. Ça reste une intrigue très froide et pessimiste encore une fois, entre les viols et meurtres mais aussi ce besoin compulsif humain de merchandiser tout et n'importe quoi… Un excellent récit ! (18/20)
Encore une autrice que je ne connais pas, si ce n'est de nom pour sa publication chez L'Atalante. Elisa Beiram propose une intrigue étrange avec Puce, avec la vision de la Puce insérée dans le corps. Ça va au-delà de tout ce que j'ai lu jusqu'à maintenant, dans le bon sens du terme. C'est étrange, empli de réflexions intelligentes sur notre société actuelle. C'est également encore très noir, si on prend le recul. Le format se prête bien pour une nouvelle, par contre je ne suis pas certaine que le style convienne à un roman. Je reste curieuse de découvrir cette autrice dans un format plus long (16/20)
J'aime beaucoup l'univers d'Isabelle Bauthian, dans Anasterry et Grish-Mere. Catharsis m'a énormément plu également, même si c'est extrêmement différent. La mort et la douleur de celui qui reste est au centre de ce récit. Encore une fois sombre et pessimiste, le sujet est traité avec bienveillance, peut-être même avec un peu trop d'enthousiasme, soulignant l'artifice du procédé technologique. J'ai adoré toutes les émotions par lesquelles on passe. (18/20)
Je connais Jean Baret de nom, connaissant sa trilogie parue au Belial. Et que je compte bien lire un jour, tellement j'ai aimé sa nouvelle 15:51-58. Détourner les mythes et croyances pour les associer au showbizz de la télé-réalité, c'était osé. C'est fait avec un humour grinçant, des personnages à côté de la plaque et un objectif pas toujours évident. C'est encore une vision assez sombre de notre société mais c'est parfaitement mis en scène. Une bonne pioche ! (17/20)
Là encore, je ne connais Luce Basseterre que de nom, même si je visualise très bien ses romans publiés chez Mnemos. Arnaque, prothèses et recyclage est une très bonne nouvelle, avec un peu d'humour et beaucoup d'interactions, ce qui rendent le tout très vivant. C'est assez doux dans son intrigue, me faisant penser à la série Les Voyageurs de Becky Chambers. Je pousserai probablement la découverte avec ses romans, car l'ambiance de la nouvelle comme le style d'écriture m'ont énormément plu ! (16/20)
Une fois de plus - à croire que je suis ignorante ! - je ne connaissais pas Morgane Stankiewiez mais j'ai adoré Transdivinité, même si je ne suis pas fan des féministes. C'est surtout le décor mythologique, avec les dieux gréco-romains sous un nouvel angle, avec un nouveau sujet de discorde très actuel. Le changement de sexe d'une divinité, ce n'est quand même pas rien. Entre ça et les lois divines mal définies, trop peu précises, ça soulève des discussions assez cocasses. Un bon divertissement. (16/20)
Et une fois encore, je ne connais Katia Lanero Zamora que de nom. Toutefois sa nouvelle L'Appel me laisse dubitative. J'ai beaucoup aimé les personnages et l'univers, la création de toute une croyance autour de ce dragon cuélébre. Mais je n'ai pas aimé la fin, qui manque d'originalité. (13/20)
Le projet Thermopyles de Richard Canal, que je connais que de nom…, ne m'a pas du tout emballée. Déjà une partie du récit se déroule en Chine et à aucun moment je n'ai eu le sentiment de m'y trouver. Ensuite parce que ça parle de virus et de conquête de l'espace. L'un rappelle trop le covid quand l'autre ne me parle pas. Bref, c'est bien écrit mais je suis passée à côté. (10/20)
Enfin je peux le dire ! J'ai lu pas mal de productions de Karim Berrouka et j'ai aimé voire adoré la plupart. La bande se métamorphose m'a également beaucoup plu. L'humour loufoque est encore une fois très présent et je me suis attachée à la petite bande. Ils ont tous des compétences variées et une telle connivence entre eux qu'il y a comme un air de chez soi à les côtoyer. De plus le livre qu'il trouve fait grandement rêver, je crois qu'on aimerait tous en avoir un comme ça. Seule la fin m'a un peu déçue mais j'en garderai tout de même un excellent souvenir. (16/20)
La Planète Cité de Camille Leboulanger retransmet tous les propos et toutes les pensées de l’auteur. Je disais que ce recueil était très sombre, très pessimiste quant à notre avenir. Je n’avais pas encore lu cette nouvelle, la pire de toute en matière d’avenir. Plus un manifeste qu’une nouvelle, on y voit la déchéance de l’humanité, couplée à une conquête spatiale pour un éternel recommencement de la ponction des ressources. On partage les mêmes idées, ce qui m’a fait adhérer à la lecture, mais ça pourrait être indigeste pour les lecteurs qui voulaient de la narration pure dans ce recueil. (18/20)
Enfin, j’ai rapidement abandonné Après l’Éden de Sylvie Denis. Je n’ai pas eu le temps de beaucoup découvrir l’intrigue, je ne pourrais donc pas la juger, toutefois j’en ai vite eu marre des pronoms féministes type iel, qui alourdissent le texte et le rendent imbuvable. Je n’avais pas la patience, ce sera donc un abandon sans retour.

Un excellent recueil avec des textes originaux. Par contre, il faut avoir le mental bien accroché pour s’y attaquer car la plupart des textes réunis offrent une vision extrêmement pessimiste de notre avenir. De bonnes pistes de réflexions sur l’écologie et la technologie, entre autres, et des auteurs qui donnent envie d’être lus dans des formats plus longs. Le rendez-vous est pris !

15/20