Fils-des-Brumes, tome 4 - L'Alliage de la justice

Par Mana_


Cinq cent ans ont passé. Kelsier, Vin, Elend et les autres font désormais partis de l’Histoire – ou de la religion. Les chemins de fer côtoient les canaux, les rues sont éclairées à l’électricité et les premiers gratte-ciel partent à l’assaut des nuages. Mais les anciennes magies allomantique et férochimique existent toujours. Un outil précieux pour les hommes et femmes courageux qui tentent de faire régner la justice dans les terres sauvages qu’on appelle les Rocailles. Après vingt ans là-bas et une récente tragédie, Wax Ladrian est de retour à la métropole d’Elendel. À la tête d’une Maison noble, il doit ranger ses pistolets pour assumer de nouveaux devoirs. Ou du moins le croit-il. Car les demeures et les rues élégantes de la ville pourraient bien s’avérer plus dangereuses encore que les plaines poussiéreuses des Rocailles…

Pourquoi ce livre ? Brandon Sanderson étant en passe de monter sur la première marche du podium de mes auteurs favoris (en vrai je pense qu’il s’y situe déjà), j’ai toujours envie de retourner dans un de ses univers, surtout quand la panne lecture n’est pas loin. Ce fut le cas début juillet, raison pour laquelle j’ai repris Fils-des-Brumes avec ce premier tome du cycle 2.
Je dois dire qu’en terminant le cycle premier, je ne ressentais pas forcément le besoin de poursuivre l’aventure, en dépit du fait que j’adore l’univers développé. Ne plus y revoir les personnages que l’on connaît bien, changer de décor et de siècle, je ne voulais pas connaître ce chamboulement, au risque d’être déçue et de dévaloriser la série.
Cette méfiance s’est d’ailleurs ressentie dans les premiers chapitres. Je n’ai pas réussi à rentrer dedans, si bien qu’après le prologue et le premier chapitre je l’ai mis de côté (sans lire autre chose à côté). Puis je me suis mis un coup de pied aux fesses, arguant que c’était une belle injustice pour un univers et des personnages qui ne méritaient probablement pas ça. Alors je l’ai rouvert et j’ai bien fait car juste après l’action démarre sur les chapeaux de roue. Le rythme est pourtant inégal, ce qui n'est pas péjoratif. Dans cette enquête dont dépend la vie de nombreuses femmes, il est important de se poser de temps à autre pour réfléchir sur les tenants et aboutissants, tentant de relier le peu d'indices que laissent les bandits entre eux. De mon côté, j'ai préféré les moments plus explosifs, car c'est justement ce dont j'avais besoin à ce moment-là dans la vie de lectrice. Toutefois les tête-à-tête entre Wax et Marasi sont instructifs et très punchy, ce n'était donc pas déplaisant non plus.
La fin n'est pas prévisible. En fait, je ne me suis jamais interrogée sur la réelle identité de ce M. Costard ou encore sur le groupe qui investit dans ces exactions. Forcément la surprise est au rendez-vous quand le voile du mystère est soulevé, mais peut-être qu'un lecteur plus attentif aurait recollé les pièces du puzzle bien plus tôt. Ce que je veux dire par là, c'est que le récit est accrocheur et divertissant mais ne dépasse pas ce stade. À aucun moment on a besoin de s'investir, puisqu'on connaît et maîtrise les maillons de la magie, ce n'est pas non plus un récit tortueux dans le fond comme la forme. C'est sympathique mais pas à la hauteur du premier cycle (peut-être suis-je trop exigeante, après le coup de cœur sur les trois tomes…).
Si vous êtes fan des pistolets et des scènes qui rappellent les bons vieux western, vous allez adorer ce nouveau cycle. Brandon Sanderson attache une importance à décrire la beauté et l’efficacité des armes et à planter le décor, de sorte qu’on s’y croirait. C'est très visuel, comme dans la plupart de ses œuvres. Et ça fonctionne parfaitement puisqu'on se croirait aux côtés des deux gardes-lois.
J'ai adoré les personnages, avec une préférence pour les deux secondaires : Wayne, le fidèle équipier à l'humour grinçant, et Marasi, la jeune étudiante maintenue dans l'ombre depuis son enfance. Wax Ladrian est un peu moins attachant, obligé d’endosser son costume de noble, avec les responsabilités qui va avec. Dans la même idée, c’est le meneur du groupe, et les pertes qu’il a subies par le passé pèsent énormément sur ses épaules. C’est un très bon personnage, ni trop blanc ni trop noir, moins lisse que les deux autres.
Quant au style d’écriture, c’est toujours un bonheur de lire du Brandon Sanderson traduit par Mélanie Fazi. C’est un style efficace, tout doux, un bonbon sur la bouche qui fonderait en douceur. Mais bien trop vite avalé…

De bons ingrédients sont réunis ici, entre la synergie des personnages, les pistolets, la magie, l’enquête. Je n’ai pourtant pas le sentiment de rendre justice à ce premier tome et à l’auteur. J’attendais mieux encore. C’est divertissant, mais moins profond que les autres productions de Sanderson. J’espère que la suite étoffera tout ça.

15/20

Les autres titres de la saga :
Hors série 0. Le Onzième Métal
Hors série 1. Histoire secrète
1. L'Empire ultime
2. Le Puits des brumes
3. Le Héros des Siècles
4. L'Alliage de la justice
5. Jeux de masques
6. Les Bracelets des larmes
- saga en cours -