Naduah, une BD de Séverine Vidal et Vincent Sorel

Par Krolfranca

Naduah, Séverine Vidal, Vincent Sorel, Glénat, mars 2022, 111 pages

Cet album nous raconte la vie de Cynthia Ann Parker, capturée par les Comanches, puis capturée à nouveau 24 ans plus tard, par une troupe de Texas rangers.

Une histoire incroyable, extraordinaire, vue par les yeux d’une petite fille. Et c’est la vraie réussite de l’album : le choix de cette narratrice, Anabel (totalement créée par la scénariste). Elle est fille d’un Texas Ranger et en même temps parvient avec naturel à entrer en contact avec Naduah, celle qui ne veut surtout pas être ramenée chez les « siens », parce que les « siens », ce sont les Comanches, ses deux garçons, sa fille et surtout son époux qu’elle aimait tant. La narratrice est le pont entre les deux peuples. Elle est celle qui révèle la vraie personnalité de Naduah, elle est celle qui lui donne la parole.

Séverine Vidal a évidemment romancé l’histoire de Cynthia/Naduah, elle prend clairement position pour son héroïne, elle en fait une victime de la violence des hommes, mais aussi une femme amoureuse, une mère aimante. Elle l’imagine heureuse chez les Comanches, et malheureuse auprès des Blancs à la fin de sa vie.

Si l’émotion est palpable dans les situations, dans les mots, elle l’est aussi à travers les dessins, avec ses couleurs douces sur certains passages et plus violentes dans ses rouges des scènes de combat.

L’illustration de la couverture résume à elle seule ce que Séverine Vidal a voulu faire passer. Le regard dur, fermé, voire un peu effrayant de Naduah, sa bouche mécontente, et la douceur de ses bras enlaçant ce bébé qu’elle allaite. Sa volonté de ne pas « être récupérée par les Blancs », son attachement à ses enfants, sa vraie famille, cet écartèlement entre deux cultures, se lisent très clairement dans ses yeux.

Cette BD est aussi sensible que puissante. Elle a bien sûr touché en ligne directe mon cœur qui penche si souvent en faveur des Indiens.