La fille que ma mère imaginait

Par Henri-Charles Dahlem @hcdahlem

En deux mots
Après la Suède et l’Italie, la nouvelle destination de la narratrice, une expatriée, est Taipei. En tant que conjointe suiveuse, elle va se prêter au traditionnel rituel avec ses compatriotes françaises. Mais à peine installée, elle doit retourner en France. En allant rejoindre sa mère qui est dans le coma, elle dresse le bilan de sa vie, de leurs vies.

Ma note
★★★ (bien aimé)

Ma chronique

Le journal de la «conjointe suiveuse»

Dans un premier roman joliment troussé Isabelle Boissard retrace la vie d’une expatriée qui suit son mari nommé à Taipei, avant de devoir retourner d’urgence en France. Son journal est drôle, même si son bilan est plus que contrasté.

Une vie d’expatrié, croyez-en mon expérience, n’est pas drôle tous les jours. Mais par la grâce de la plume magique d’Isabelle Boissard, elle peut se transformer en une expérience très loufoque, au moins par moments.
Après la Suède et l’Italie, voici la narratrice en route pour Taïwan, cet île au statut si particulier, ayant fait sécession de la Chine, mais interdite de se revendiquer en tant qu’État souverain. Mais pour la narratrice qui suit son mari Pierre au gré de ses affectations et leurs deux filles ces considérations géopolitiques se dissolvent dans des questions beaucoup plus prosaïques. L’appartement sera-t-il confortable? Comment seront les copines du lycée français? Le conteneur avec toutes leurs affaires sera-t-il livré comme prévu? Et quid de la communauté française? Car dans un pays à la culture et aux mœurs si éloignées de la France, il est essentiel de pouvoir s’adosser sur un bon réseau.
Si le travail occupe une grande partie des journées de Pierre, si les études en font de même pour les filles, c’est bien l’oisiveté et l’ennui qu’il faut combattre pour la «conjointe suiveuse». Outre les considérations domestiques – le ravitaillement et des menus lui sont dévolus – elle apprend le mandarin et participe à un atelier d’écriture. Et, après avoir livré les premières pages de son journal, se voit encouragée à aller plus loin encore en racontant l’événement de sa vie.
Un exercice délicat qu’elle ne sait trop comment aborder et qu’elle est contrainte à reporter, car elle apprend que sa mère est dans le coma. La voilà à nouveau dans l’avion, direction Paris. Si elle redoute les treize heures de vol, elle sait aussi que le rendez-vous à la clinique va remuer en elle bien des souvenirs. Avec la mort qui s’annonce, c’est la fin d’une histoire qui s’écrit. Le roman bascule alors dans les souvenirs familiaux, des grands parents aux parents jusqu’à la fratrie. Une vie, des vies à l’heure du bilan tout juste distraites par le personnel médical et notamment ce masseur aux mains magiques qui fait fantasmer la fille de sa patiente. À l’heure où affleurent les questions existentielles, la rencontre avec l’auteur qui anime l’atelier d’écriture va peut-être tout changer…
Isabelle Boissard, avec son style enlevé, ses comparaisons incongrues et ses formules qui font mouche réussit un premier roman bien plus profond qu’il n’y paraît. Derrière le vernis de l’ironie et du sarcasme se cache en effet une réflexion sur la place des femmes, sur le statut dans lequel il arrive qu’elles se complaisent et sur les combats qui restent à mener.

La Fille que ma mère imaginait
Isabelle Boissard
Éditions Les Avrils
Premier roman
220 p., 19 €
EAN 9782491521677
Paru le 5/05/2021

Signalons que la version poche du roman paraît ce 25 mai chez Pocket.

Où?
Le roman est situé à Taipei, puis en France, à Paris et en Bourgogne. On y évoque aussi la Suède et l’Italie.

Quand?
L’action se déroule de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
Tous les trois ans, c’est la même histoire. Se coltiner la fête de départ, le déménagement, et de nouveaux cheveux blancs. Accepter la destination (Taipei !?) Rencontrer les autres «conjointes suiveuses» au café du lycée français, débattre de sujets cruciaux – les salons de jardin, le yoga. S’inscrire aux cours de mandarin, puis abandonner. Arrêter la cigarette, reprendre le lendemain. Dans son journal intime, la narratrice consigne son quotidien confortable et futile d’expatriée, quand sa mère a un accident. Alors contrainte de rentrer en France, elle y raconte leurs origines modestes, le décès de son père lorsqu’elle était enfant, le décalage entre deux milieux. Et tire à bout portant sur la sentence: «Si on veut, on peut.»

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
goodbook.fr
Page des libraires (Anne-Sophie Gagnol de Librairie Pierre Loti à Rochefort)
Podcast ausha (Sandrine Thévenet & Lola Nicolle, éditrices – Flor Lurienne, comédienne)
Le blog du petit carré jaune (Sabine Faulmeyer)
Blog La parenthèse de Céline
Blog Quintessencelivres

Les premières pages du livre
« Tout le monde a fait comme si c’était un jour merveilleux. Même moi. J’ai soufflé mes bougies dans une haleine vodka-Lucky Strike et ouvert mon cadeau avec émotion et presbytie. J’ai découvert un carnet moleskine à couverture rouge et tranche dorée. J’ai allongé mes bras pour lire la petite carte qui l’accompagnait. J’aurais aussi bien pu me saisir d’une perche à selfie pour déchiffrer Vous êtes inscrite à l’atelier d’écriture à distance « Dire les choses ». Sophie a précisé :
– Le carnet a le format des livres de cantiques, avec du papier bible. Et la couleur rouge, c’est pour le contenu profane que tu ne manqueras pas d’y coucher.
Elle n’a rien dit pour la tranche dorée. Quelqu’un a lancé :
– Va falloir tailler tes crayons maintenant !
Et Pierre a chuchoté qu’il m’inscrirait bien à l’atelier « Tailler une pipe ». J’ai souri à tout. Et jaune, au vœu alcoolisé de mon mari.

Samedi 10 août
Chère peau de taupe, puisque c’est ce que moleskine veut dire en anglais, je vais me coucher sur toi dix semaines durant. La consigne est de tenir notre journal intime le temps de l’atelier.
*
C’est décidé, j’arrête de fumer.
*
Cherche femme avec libido pour remplacer épouse en congé lassitude. Reconnaissance et gratitude assurées.

Jeudi 22 août
Nous voilà à Taipei depuis une semaine. Apparition des auréoles sous les bras, le jour de l’Assomption. Assomption qui célèbre le transport miraculeux du corps et de l’âme de Marie, une auréole autour de la tête. Comme Marie, je suis montée au ciel, sans connaître la corruption physique qui suit la mort, mais une légère altération de mon jugement, causée par un mélange très réussi Lexomil-vodka. J’ai pendant toute la durée du vol – c’est-à-dire treize heures – béni Pierre pour le voyage en business tout en le maudissant de la destination.
A posteriori et à jeun, je prends la mesure du paradoxe. Pierre est un saint, il est habitué. Assomption vient du latin assumptio et signifie « action d’assumer, de prendre en charge ». C’est un signe d’être arrivée ce jour précis. Pourquoi ne pas y croire ?
*
– Putain, la Chine ?
– C’est pas la Chine, c’est une île à l’est de la Chine.
– Putain, une île ?
Voilà comment j’avais appris notre nouveau point de chute. Pierre avait utilisé les mots-clés : Si tu veux, tu peux refuser, c’est une super opportunité pour moi et il y a un lycée français.
J’avais fermé la porte et tapé « Taïwan » sur mon clavier d’ordinateur. J’avais lu : tropique du Cancer, climat entre tropical et subtropical ; première femme présidente de la république de Chine ; Taïwan ou république de Chine ou Formose ou Chinese Taipei. J’avais essayé de comprendre son statut. L’île s’était mangé cinquante ans d’occupation japonaise avant d’être assimilée à la Chine, pour faire simple. Parce que c’était bien compliqué. La Chine continentale et Taïwan étaient dirigés par « des régimes rivaux depuis 1949, après une guerre civile entre communistes (basés à Pékin) et nationalistes (réfugiés dans la capitale taïwanaise Taipei) ».
En gros, la Chine revendiquait Taïwan, mais Taïwan revendiquait sa souveraineté. Taïwan n’était donc pas une ville en Chine comme je le pensais, mais une île de Chine. Tant que la Chine n’utilisait pas la force (deux mille missiles pointés sur l’île rebelle), Taïwan s’engageait à ne pas déclarer l’indépendance, à ne pas changer de nom et à ne pas organiser de référendum pour clarifier le bazar. La Chine isolait Taïwan sur le plan diplomatique. Les seuls pays qui la reconnaissaient officiellement étaient le Paraguay, le Swaziland, le Nicaragua, le Guatemala, le Honduras, le Belize, la république d’Haïti, le Liberia, les îles Marshall, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, les Palaos, les Tuvalu, Nauru et, enfin, le Vatican. Trouvez l’intrus. Indice : seul État riche et/ou européen. En 2018, le Salvador et le Burkina Faso avait lâché Taïwan pour Pékin : « Les pays n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts », dixit Céline Yoda, l’ancienne ambassadrice du Burkina Faso à Taïwan.
*
« Fais-le ou ne le fais pas. Il n’y a pas d’essai », dixit maître Yoda.
Moi, je penche vers ne le fais pas.
*
J’avais lu aussi : archipel volcanique situé sur la « ceinture de feu du Pacifique », région la plus sismique au monde avec sept plaques tectoniques qui se chevauchent. J’imagine un gang bang, une orgie, une partouze de plaques montées les unes sur les autres. L’île subit également cinq ou six typhons par an en moyenne. Cette vulnérabilité fait craindre aux militants anti-nucléaire un scénario comparable à celui de la catastrophe de Fukushima. Trois centrales nucléaires se trouvent à moins de soixante kilomètres de Taipei. On ne peut pas prédire l’emplacement, l’heure et la magnitude d’un tremblement de terre.
J’avais rouvert la porte.
– Alors, une île, avec des tremblements de terre, des typhons, la peine de mort, et pas reconnue par la France ? Pourquoi on n’a pas des destinations comme New York ou Singapour, nous ?
– Pour les séismes, la plupart des secousses sont si faibles qu’elles passent inaperçues. Mais dans le cas inverse, le pays est bien préparé. Tout est construit aux normes sismiques. Au lieu de s’écrouler, les bâtiments chancellent.
Il défendait son dossier.
– Merci Haroun Tazieff, c’est super rassurant les bâtiments qui chancellent…
– Et les typhons sont annoncés et ne sont pas dangereux, à moins d’habiter un cabanon. Tu restes chez toi pendant un typhon et basta. Taïwan est une démocratie depuis 1987. La presse est libre et il n’y a pas de prisonniers d’opinion. C’est le seul pays asiatique à avoir légalisé le mariage gay. La France n’a pas officiellement de relations diplomatiques avec Taïwan, mais un Bureau français fait office d’ambassade. Taïwan est un des quatre dragons économiques d’Asie avec Hong Kong, Singapour et la Corée. Le niveau de vie des Taïwanais, c’est celui des Français. Tu sais, mes collègues s’y plaisent beaucoup.
Il avait vraiment bien préparé son dossier. Je m’en foutais de ses collègues. Le problème, c’était que je ne savais pas ce que je voulais. Je voulais tout et son contraire. Partir au bout du monde et habiter un village, mais qui ne serait pas isolé dans la Creuse.
*
Il avait fallu annoncer aux filles la nouvelle destination. Un déracinement de plus. Asséner que c’était super comme expérience. Rappeler que l’important, c’était d’être ensemble. Il avait fallu être rassurant. Pierre savait faire, moi pas trop. Peu importait le pays tant qu’on restait tous les quatre. Ensemble. D’ailleurs, ensemble, c’est toujours le problème au début d’une nouvelle expatriation. Ça vire au confinement. Personne n’a encore créé de liens amicaux. On se retrouve en famille tout le temps. Les ados font la gueule à devoir faire du tourisme avec les parents.
Il avait aussi fallu l’annoncer à nos familles. Prendre des pincettes avec les grands-parents. Et les amis ne viendraient plus pour trois jours.
*
À l’arrivée, Taipei donne le sentiment d’une banlieue qui n’en finit pas. C’est à la fois vert et étouffant d’urbanisme. Des scooters et des taxis jaunes partout. Je me sens observée par mes filles. Je sais que je peux être une mère-boulet. Une mère qui n’arrive plus trop à donner le change. Elles savent que c’est sur leur père qu’elles doivent compter dans cette phase. Je suis aussi ébranlée qu’elles. Je ne suis pas une mère rassurante. Je suis une mère déracinée qui ne parle pas la langue du pays. Une mère qui envoie des signaux contradictoires. Je suis une mère qui a perdu son intuition sociale. Je ne suis pas une mère qui agit, je suis une mère qui réagit.
*
Femme d’expat, si on ne travaille pas, revient à vivre dans un monde de femmes. Quatre-vingt-dix pour cent des conjoints suiveurs sont des femmes. Elles se retrouvent à la sortie de l’école ou au café. Parfois, le nouveau CEO – chief executive officer – de Valtapo Engineering débarque (Valtapo expatrie une dizaine de familles). Comment sera sa femme ? Il paraît qu’elle est sympa, mais que lui c’est un gros con. Ou inversement. Ça peut changer la donne au café, ça peut changer l’ambiance.
Le café, c’est toujours le café le plus proche du lycée français. On y croise différents profils de mères. L’intégrée qui a épousé un local et snobe la communauté française. La mère qui travaille et conchie l’expatriée oisive. La novice en deuil de son rôle social. La « dans le moule » qui ne bossait déjà pas avant et pour qui c’est encore mieux de le faire à l’étranger. La rescapée, tellement heureuse de ne plus travailler et de profiter de ses enfants. La soulagée, d’être loin de belle-maman. La reconvertie, généralement en formation coaching. Et la M&M. La Mère & Manager, ma préférée. Poser une question à cette femme, c’est obtenir une réponse de mère ou d’épouse. Elle a rencontré son mari en première année d’école de commerce. Elle a au moins trois enfants. Sa famille, c’est son entreprise. Une multinationale pour la M&M expat. Elle y occupe toutes les fonctions. DRH avec la gestion de carrière des enfants, ça représente un mi-temps. À la tête du CE, elle organise loisirs et dîners où l’on danse sur « Les Démons de minuit ». Elle assure également le développement du réseau, essentiel à la vie de l’entreprise. La M&M adore sa mission de dircom. Le 3 janvier, elle envoie ses bons vœux à la centaine d’amis autour du monde, à qui elle souhaite l’accomplissement de leurs projets. Puis elle raconte son fils aîné à McGill (très prisée des expatriés) et autres performances de la fratrie. Elle raconte son mari qui s’épanouit dans son travail. Enfin, elle se raconte, à la troisième personne : Alix s’investit toujours dans la découverte de Hong Kong et du lycée français avec beaucoup de passion. Pour illustration, des photos de la famille bronzée devant un coucher de soleil sur une plage dorée à l’or fin, sur un voilier blanc comme une colombe ou en tenue de gala.
Voilà ce qu’on se prend comme vitrine à lécher quand on est expat. L’expatriation est un projet qui n’autorise pas le désœuvrement. Le désœuvrement n’est pas permis et encore moins avouable. Le tout n’est pas de réussir, il faut montrer qu’on réussit et en faire une tête de gondole.
*
Par ici, merci se prononce chier chier. Enfin, ça se miaule surtout.
*
Je regarde la télévision à l’écran démesuré qui fait partie du package de l’appartement meublé de transition. Je zappe sur une infinité de chaînes. Les taïwanaises, hystériques ou mystiques, les chaînes sportives et les chaînes internationales qui zappent le monde. BBC World, CNN, Euronews, Al Jazeera International diffusent des flashes info, des débats, des reportages, de l’info spectacle, des envoyés spéciaux, des interviews, des directs, des rediffusions. Et de la publicité. En continu, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, donner à s’inquiéter de la marche de l’humanité et à consommer pour l’oublier. Et puis une chaîne, TV5 Monde, qui rediffuse principalement des émissions francophones. Je regarde des programmes culinaires. Mon curseur d’anéantissement est positionné sur Télématin. Ma vie est une maison de retraite.
Dans la recette du confit d’oie, tout l’art de la transformation de l’anatidé repose sur le travail de la découpe. La partie la plus charnue disposée vers nous, nous entaillons la peau par le centre tout en suivant le bréchet et la carcasse avec le couteau, pour détacher la chair.
C’est un peu pareil pour le confit de soi.
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Je me sens goéland en exil de sentiments, comme le chantaient David et Jonathan. J’ai promis encore deux ans à Pierre et ensuite on rentre. Deux années importantes pour lui. Nous avons trouvé ce compromis.
*
Il pleut et il fait chaud. Mais surtout il pleut. J’ai pris un bus au hasard. Pour y accéder, on ne double pas, on ne forme pas un troupeau, mais un serpent humain qui patiente. Je regarde par la fenêtre. Lost in Translation sur des sièges en skaï. Cette ville alterne petites rues et grandes artères. Les échoppes de guingois et les malls luxueux. Les herboristeries chinoises et le salon de thé Barbie. Les tongs et les costumes-cravates. Les sacs Vuitton et les cafards. La climatisation forcenée des centres commerciaux et les ventilateurs des cuisines de rue. Des têtes entières de cochons pendues par les nasaux sous trente degrés et la pointe de la haute technologie.
Le bus double un camion poubelle. En Suède, nous étions habitués à la mélodie du camion de glaces qui faisait sa tournée. Ici, c’est le camion poubelle qui joue de la musique pour annoncer son passage. Dans notre quartier, c’est Beethoven, joué façon Bontempi par Richard Clayderman, qui ouvre le bal : aux premières notes de la Lettre à Élise, les gens sortent et s’agglutinent au cul du camion pour y jeter leurs sacs en plastique à rayures, de couleurs variables selon le type de déchets. J’ai commencé le début du trajet en touriste émerveillée et je le termine fatiguée, étrangère à tout.
*
Où es-tu Bob Harris ?
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Une amie m’a dit que je faisais un peu ma victime. Elle n’a pas dit ça exactement. Mais c’est ça que ça voulait dire.
*
Ce soir, on est allés manger des xiaolongbao avec un collègue de Pierre au Din Tai Fung. Une échoppe taïwanaise devenue multinationale aujourd’hui. Les cuisiniers sont visibles derrière une paroi vitrée. Casquette blanche, masque blanc, gants blancs, vapeur blanche, raviolis blancs. Seuls les paniers vapeur apportent une couleur bambou. Une armée d’apiculteurs les prépare, une brigade de fourmis les sert. Les raviolis chinois contiennent farce et bouillon. Le xiaolongbao ressemble à un petit testicule chaud, à la peau fine et délicate, pesant exactement vingt et un grammes (cinq grammes de pâte, seize grammes de farce) et dont l’extrémité est pliée dix-huit fois.
*
Le journaliste : Avez-vous un mantra ?
L’artiste plasticienne : Mes parents, fervents catholiques, m’ont élevée dans l’amour de soi et de son prochain. Dans les moments de doute, ils aiment me rappeler la parabole des talents, racontée dans l’Évangile selon Matthieu. Je suis traversée par cette question : Qu’as-tu fait de tes talents ?
Moi : Qu’as-tu fait de tes talons ? Celui d’Achille surtout.
*
Vingt et un grammes, c’est exactement le poids que nous perdons au moment de notre mort. Parce que vingt et un grammes, ce serait exactement le poids de l’âme selon la théorie de MacDougall, datant de 1907. »

À propos de l’auteur
Isabelle Boissard © Photo Chloé Vollmer-Lo

Isabelle Boissard est née en 1971 en Bourgogne. Après Clermont- Ferrand, l’Italie et Taïwan, elle vit actuellement en Suède. Ses difficultés à se conformer aux codes de la vie d’expatriée la poussent à réfléchir à la notion de déracinement. La Fille que ma mère imaginait est son premier roman. (Source: éditions Les Avrils)

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