Les vilaines de Camila Sosa Villada

Par Krolfranca

Les vilaines, Camila Sosa Villada, traduit de l’espagnol (Argentine) par Laura Alcoba, Métailié, 2021, 203 pages.

« Ce que la nature ne te donne pas, l’enfer te le prête. »

Voilà un livre qui t’emporte dès les premières lignes. On n’attend pas longtemps pour comprendre qu’on a là, sous nos yeux, un gros méchant coup de cœur !

Au cœur du parc Sarmiento, la tante Incarna découvre un bébé abandonné. Elle le rapporte chez elle, non sans avoir alerté les autres trans qui tapinaient dans le parc. La tante Incarna a accueilli, recueilli toutes les trans en détresse, alors, ce bébé, il sera comme son fils…

Camila Sosa Villada s’est inspirée de sa vie personnelle pour écrire ce roman, elle se met en scène, et pourtant, elle écrit bien un roman qui emprunte aussi bien au témoignage qu’au réalisme magique.

Sa manière de dépeindre la communauté trans est inégalable. On reçoit les mots comme des coups de poing, ils font mal au bide, ils atteignent le plus profond de nos entrailles, créent un chemin vers un univers qu’on ne connaît pas, qu’on ne côtoie pas. C’est glauque et lumineux, c’est trash et magnifique, c’est dur et émouvant, c’est drôle et violent. Et surtout, c’est un livre qu’on ne peut pas lâcher. L’auteure lance un cri, à la tolérance, à la vie.

Certaines phrases m’ont touchée en plein cœur, comme celle-ci :

« Elle n’a jamais été affectueuse, mais elle était charmante, elle était brisée comme un verre et t’écorchait avec les contours de ses propres blessures. »

D’autres, par leurs descriptions sèches et distantes des faits, me touchaient autrement… comme si j’assistais à une scène terrible sans qu’il me soit permis de m’épancher, de plaindre les personnages… parce que leur force, leur puissance, leur furieuse envie de vivre était mille fois plus importante que ma propre compassion. On ne juge pas, on reçoit, on ne comprend pas, on apprend.

Une vraie grande leçon de vie !

J’ai lu ce livre grâce aux billets de Marie-Claude et d’Electra et j’ai la chance qu’il entre dans le cadre du challenge Latino (deuxième participation).