Avalon High : Un amour légendaire - Meg Cabot

Par Marie Kacher
Avalon High : Un amour légendaire, Meg Cabot

 Editeur : Hachette jeunesse

Nombre de pages : 378

Résumé : Moi, Ellie, je crois que je suis tombée amoureuse de Will, le capitaine de l'équipe de football du lycée. Il est spécial ce garçon : même si nous venons de nous rencontrer, j'ai l'impression de le connaître depuis toujours. D'ailleurs, Will aussi est persuadé de m'avoir déjà vue ! Qui sait, peut-être dans une autre vie ? Quoi qu'il en soit, pas la peine de rêver au conte de fées, parce qu'il a déjà une petite amie, Jennifer (une vraie princesse !)... qui semble un peu trop proche de Lance, le plus fidèle ami de Will. Me voilà soudain témoin de leurs secrets ! Quel rôle dois-je jouer, moi, dans cet étrange trio ?

- Un petit extrait -

« Si il y a eu autant de films, de poèmes et de comédies musicales sur lui - sans parler des lycées qui adoptent le nom d'Avalon, en hommage à l'île mythique où il est enterré -, c'est parce que sa vie illustre à merveille la théorie de l'histoire héroïque, à savoir qu'un individu - et non une armée ou un dieu ou encore un super héros, mais juste un type normal - peut changer irrémédiablement la cause des événements. »
- Mon avis sur le livre -

 Il y eut une époque où j’achetais tellement de livres chaque mois que je ne me souviens même plus quand, où et pourquoi j’en ai acheté certains … Je pense néanmoins pouvoir avancer sans trop me tromper que celui-ci a rejoint mes bibliothèques lors d’une bourse aux livres (même si je ne sais plus du tout laquelle) : je n’aurai assurément pas pris le risque d’acheter au prix fort un livre aussi éloigné de mes genres de prédilection ! En effet, même si j’apprécie élargir ponctuellement mes horizons littéraires, lorsque vient le moment de sortir la carte bancaire, je préfère tout de même me tourner vers des valeurs sûres … Mais lors des bourses aux livres, j’ai tendance à me lâcher complétement : certains livres à l’état presque neuf ne coutent que 30 ou 50 centimes, une véritable aubaine pour voleter un peu dans tous les genres, tous les styles, sans trop de regrets s’il s’avère finalement que c’était une mauvaise idée ! Il n’empêche qu’en général, ces achats compulsifs de bourses aux livres trainent pendant des années et des années dans les tréfonds de ma pile à lire, car ils ne me branchent finalement pas plus que cela … Alors, je m’oblige, de temps en temps, à sortir un peu de ma zone de confort et à donner leur chance à ces livres achetés sur un coup de tête …

Parfois, souvent, Elaine se dit qu’elle donnerait absolument n’importe quoi pour que ses parents ne soient pas deux enseignants-chercheurs médiévistes fascinés par leurs sujets d’études respectifs : non seulement elle a hérité du prénom de la Dame au Lys, qui est très loin d’être la figure la plus glorieuse des légendes arthuriennes, non seulement elle doit faire semblant de s’extasier sur cette vieille épée rouillée que son père a eu l’immense honneur de pouvoir rapatrier dans son bureau, mais en plus elle doit subir une énième année sabbatique et quitter sa maison, sa ville, ses amis, pour s’exiler à l’autre bout du monde. Bon, elle exagère, cette fois-ci, c’est seulement à l’autre bout des Etats-Unis, au moins, elle n’a pas besoin d’apprendre une autre langue pour suivre les cours. Et cette fois-ci, consolation des consolations, la maison a une piscine : depuis le début de l’été, Elaine passe la majeure partie de ses journées à s’y prélasser, flottant tranquillement sur son matelas. Si toute l’année sabbatique de ses parents pouvait se dérouler de cette manière, elle n’aurait surement plus envie de donner absolument n’importe quoi pour qu’ils ne soient pas deux enseignants-chercheurs médiévistes … Malheureusement, année sabbatique ou pas, la rentrée approche à grand pas. Il se pourrait toutefois que la rencontre avec A. Will, qu’elle a le sentiment de déjà connaitre sans jamais l’avoir vu, soit toute aussi réjouissante que ces journées dans la piscine … Se pourrait-il qu’Elaine soit tombée amoureuse d’un simple coup d’œil ?

Ça commence comme absolument n’importe quelle autre romance adolescente : une jeune fille tout ce qu’il y a de plus banale et insignifiante, qui tombe irrésistiblement amoureuse du capitaine de football de son nouveau lycée, alors même que celui-ci est déjà en couple avec la pompom-girl la plus jolie et la plus populaire du comté entier … Rien de bien folichon, je vous l’accorde. Et pourtant, il y a, dès le début, ce petit quelque chose en plus qui m’a aidé à m’accrocher envers et contre tout : la personnalité d’Elaine. Tandis qu’elle nous immerge dans son quotidien, elle parsème le récit de petites touches d’humour absolument rafraichissantes, qui viennent justement se moquer de ces clichés qui sont pourtant, bien malgré elle, en train de s’inviter dans son existence. Elaine, plutôt rationnelle, s’efforce autant que possible de lutter contre ces penchants de niaiserie qui la prennent à chaque fois qu’elle croise le regard ou pense à Will, qu’elle a le sentiment de connaitre et d’aimer depuis toujours alors qu’elle ne l’a jamais rencontré auparavant. Elle lutte de toutes ses forces, car Will est en couple avec une fille avec qui elle ne peut absolument pas rivaliser, il a un meilleur ami fidèle et dévoué, il n’a donc nullement besoin de se la trainer, elle la petite nouvelle aussi insignifiante que maladroite. Elle lutte, car elle n’a justement pas la moindre envie de se transformer en héroïne de romance dégoulinante, et c’est justement ça qui est drôle, vu que c’est précisément ce qu’elle est pour nous autres lecteurs !

Plus encore, ce qui fait toute la particularité de cette romance, même si je n’ai pas eu la place pour l’évoquer dans mon résumé, c’est bien toute cette « ambiance arthurienne » qui ne fait aucun doute. Certains trouveront ça beaucoup trop « évidents », et il est vrai que les connaisseurs de ces légendes ne mettront pas bien longtemps à deviner qui est qui, mais aussi à prévoir certains rebondissements, mais j’ai tout de même beaucoup apprécié l’idée de transposer cette légende à la vie lycéenne ! C’est d’autant plus sympathique qu’il y a cette petite touche de fantastique, avec toute cette histoire d’Ordre des Ours et de réincarnations cycliques : ça apporte vraiment une « profondeur » différente à ce qui apparait au premier abord comme une simple amourette lycéenne. Alors c’est pareil, c’est parfois un peu « gros » (le coup de l’orage, vraiment, j’ai trouvé ça tellement, mais alors tellement … trop), ça se dénoue beaucoup trop facilement et rapidement … Mais ça ne change rien au fait que c’est plutôt bien trouvé, bien mené, et finalement assez captivant ! On a vraiment envie de savoir comment tout ceci va évoluer, car on sent bien que « cette fois-ci » ne se passera pas exactement comme les précédentes, et on est curieux de savoir comment et pourquoi ! D’ailleurs, on ne dirait pas, mais à un moment, la tension est fichtrement fort, rarement une romance a su me happer à ce point !

En bref, vous l’aurez bien compris, même si « ça ne casse pas trois pattes à un canard », ça reste un petit roman drôlement sympathique pour qui a envie et besoin d’une lecture sans prise de tête, un petit peu guimauve sur les bords, et qui connait et apprécie un minimum le cycle arthurien et ses différentes variantes ! A vrai dire, je ne pensais pas que j’allais aimer ce roman, et finalement, j’ai passé un très agréable moment en compagnie d’Elaine, Will et leurs amis : ce n’est assurément pas la lecture du siècle, pas même du mois, mais c’est un roman rafraichissant qui donne le sourire. Et dans ces temps si troublés, je pense que ça peut faire du bien à tout le monde, de se laisser aller à une romance toute simple … A vrai dire, ça m’a ramené en enfance, quand je ne lisais presque que des petites romances dégoulinantes de bons sentiments et de happy end pleines de paillettes, et ce n’est pas si désagréable que ça, de se replonger l’espace de quelques centaines de pages à cette époque où le Prince Charmant existait encore, à cette époque où tout nous semblait beau et facile. En somme, c’est une romance que je conseille fort volontiers pour les jeunes lectrices au cœur encore débordants de rêves, ainsi qu’aux plus grandes qui ont envie de renouer un petit peu avec la petite fille qu’elles étaient : on a besoin de réapprendre à rêver, vous ne pensez pas ?