Kiran Millwood Hargrave – Les Graciées ***

Par Laure F. @LFolavril

Editions Pocket – 2021 – 448 pages

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« La tempête arrive en un claquement de doigts. C’est ainsi qu’ils en parleront, des mois, des années après, quand cela aura cessé de n’être qu’une douleur derrière les yeux et une boule dans la gorge. Quand ils pourront enfin raconter. Mais même à ce moment là, les mots ne diront pas comment les choses se sont réellement passées. »

Norvège, 1617. La veille de Noël, une tempête fait rage sur la petite île de Vardo et les femmes perdent tous leurs hommes en une nuit, en une excursion de pêche… 40 hommes disparaissent ; avalés par la mer déchaînée. Les femmes, figées dans leur chagrin, n’y comprennent rien. Une tempête survenue d’un coup, une baleine aperçue au loin. Dans une contrée aussi isolée et dépeuplée, c’est un véritable drame.

Toril, Mamma, Kirsten, Edne, Maren, Diinna… Ces femmes se retrouvent brusquement livrées à elles-mêmes ; liées par la perte – d’un frère, d’un mari, d’un fils ou d’un père – elles vont devoir s’entraider. Certaines reprennent en charge la pêche, pour ne pas mourir de faim.

Un an plus tard, leur est envoyé un délégué, un homme de Dieu – Absalom, accompagné de sa femme Ursa, qui a toujours vécu dans le confort. Cet homme est surtout chargé de veiller à ce que les rites lapons soient éradiqués, à ce que l’église soit fréquentée avec assiduité… Les accusations de sorcellerie tombent. Les divisions s’opèrent lentement entre les femmes. La chasse aux sorcières commence.

Les Graciées est un roman fascinant, qui possède une belle écriture et une atmosphère terriblement bien rendue – cette austérité, ce froid qui prend aux tripes. J’ai aimé cette lecture venue du Grand Nord. Cette histoire d’amour inattendue. Un roman historique et féministe qui m’a bouleversée.