Caillasses - Joëlle Sambi ♥♥♥♥♥

Publié le 29 novembre 2021 par Nathalie Vanhauwaert
Caillasses - Joëlle Sambi


L'arbre de Diane
Collection : les deux soeurs
Parution : septembre 2021
Pages : 120
Isbn : 9782930822198
Prix : 12 €
Présentation de l'éditeur
Caillasses, c’est un Big Bang existentiel, une poésie à la criée, un battement de cœur. Avec son premier recueil de poèmes, Joëlle Sambi tisse une étoffe. Elle assure la protection des vivant.e.s et le passage des mots. Une plume affilée, aussi profonde et pleine que la forêt équatoriale. Tel un manifeste poético-politique, elle y déploie les cicatrices d’un corps-âme mâtiné de violences raciales, sexistes et homophobes. Sa langue se pare de mille éclairs afin de partager les raisins mûrs de la colère.
Illustrations : Maïc Batmane
L'auteure

De Joëlle à Sambi.
Née le cul sur une frontière linguistique entre Bruxelles et Kinshasa, Joëlle Sambi dit, crie, écrit, crée des nouvelles, romans, slams, poèmes, documentaires, espaces radiophoniques, lieux militants. Cette liste non exhaustive des traces qu’elle arpente est un lacis de luttes-désirs-nécessités. Meuffe-nomade qui soulève, relève, enlève des strates aux cases de l’identité normative en ponçant du texte, huilant de l’image, savonnant la scène. D’avant à en avant.
De terreau post-colonial en terres d’origines, Joëlle mélange les langues, pénètre le monde dans la ferveur et la rigueur de travail. Viscères et réaction. De Je à d’Elles.
Sa voix de migrante, lesbienne, afroféministe, exilée permanente écrit non pas pour en vivre, mais pour en abuser, jusqu’à s’entendre vivre.
Colères, Fusion(s) et Créations.
Illustrations : Maïc Batmane
Source L'arbre de Diane

A écouter
Un podcast à écouter créé par Bela et Aurore Engelen

Mon avis
Difficile d'écrire sur de la poésie contemporaine, plus encore quand presque trois semaines se sont écoulées après la lecture.  Voici ce qu'il en reste !
C'est un texte fort entre poésie et slam, j'ai d'ailleurs éprouvé le besoin de l'oralité à certains moments pour entendre la langue qui claque, qui vibre, qui crie, murmure ou revendique.
Un recueil en trois parties autobiographique, très personnel me semble-t-il.  Revendicatif, exprimant la colère, les cris ou l'amour en réponse à la violence.
La première dénonce la colère, la violence des non-dits des appartenances raciales ou sexuelles, la minorité congolaise par exemple ou le rejet et l'intolérance des genres et des sexes.  Joëlle Sambi revendique sa sexualité, lesbienne féministe engagée, slameuse, elle mène par sa plume et sa voi.x.eun combat collectif, militant dans la lignée de Black Lives Matter pour défendre le droit de l'égalité des sexe(s), des minorités non respectées par le colonialisme et le suprématisme.
La seconde partie c'est exister, trouver une place dans ce monde, vaincre encore les préjugés, arrêter de toujours subir au travail, de correspondre à une certaine vision de la société.  Elle aborde les minorités du Congo son pays d'origine, dénonce le racisme mais aussi le sort des Sans-papiers. C'est sans tabou qu'elle parle de sa sexualité et dénonce l'homophobie.
La troisième partie est plus optimiste et parle d'amour, d'acceptation.  Aimer c'est souffrir, c'est parfois une douleur immense mais l'on vit avec. J'ai particulièrement aimé "Soeur".
Une plume acérée, profonde, magnifique qui dénonce avec poésie les maux de notre société.
Il y a encore beaucoup à en dire, le mieux c'est de le découvrir.
Ma note : 9.5/10  ♥♥♥♥♥
Les jolies phrases
La question qui me taraude est : où est-on lorsqu'on n'est pas là ?
Nos existences tout entières sont des révolutions, nos vies des poings serrés, nos voix, colères orageuses, crient "non"
Nos vies, toutes nos existences de sable et de trous, se décomposent comme s'effrittent les murs des prisons.
Il ne peut être question de paix sans justiceLa paix est une illusion en BelgiqueLa justice, une inconnueQue dire de l'amour, alors ?
De quoi avons-nous besoin aujourd'hui?Congolaise? Belgo-Congolaise ?  Belge d'Afrique du Nord?Racisée vivant en Belgique ?que ça pète; Que ça explose.Que la rouille oxyde les chaînes du racisme,de l'antisémitisme, du capitalisme, du sexisme, de la lesbophobie.NOUS,nous avons la mémoire aussi longueque la multitude des violences sur nos corps.
Ce n'est pas mourir qui me dérange, c'est de crevercomme un chien à l'indifférence royale du mondeMême les chiens meurent en paix.Ce n'est pas partir qui me fait peur, c'est de ne jamaissentir sur ma peau le souffle léger du vent qui tourneface à l'impossible
Aimer c'est plonger ses doigts dans ses propres faiblesses,construire son malheur, volontairement.  C'est bâtir sescontradictions comme sa potence.  Mais elle avait choiside l'aimer, de perdre la bataille et la guerre.
Ce n'est pas passer qui fait frémir de froid.  Ce n'est pas frémir mais l'oubli.Mourir c'est oublier.Ce n'est pas mourir qui est effrayant, c'est de vivre seul.La solitude n'est pas l'absence d'amour et de cul, c'est l'absence des regards.