Ne pas oublier les enfants de Syrie

Par Lucie Cauwe @LucieCauwe
LU & approuvé
En avril 2018, Nathalie Novi a commencé à peindre un enfant syrien par jour, contre la guerre, pour rappeler qu'ils sont enfants. Elle a publié ces portraits sur Facebook, reliés entre eux par un fil rouge, tellement émouvants, tellement prenants, assortis d'une brève légende et d'une phrase devenue un mantra: "Enfant de Syrie, je te peindrai chaque jour pour te dire que je ne t'oublie pas" (lire ici). Une bonne quarantaine de portraits d'enfants réalisés à partir de clichés de reporters de guerre ont ainsi été publiés durant l'année 2018, quotidiennement jusqu'en mai, moins régulièrement ensuite. Confirmation de sa déclaration: "Enfant, je voulais être peintre, aujourd'hui, je suis peintre habitée par l'enfance et la littérature."

Cette magnifique série de portraits intitulée "Enfant de Syrie, enfant de nos guerres, je ne t'oublie pas" s'est aujourd'hui dédoublée en un album de poésie illustrée, "Immenses sont leurs ailes" (Editions Bruno Doucey, collection "Poés'Histoires", 80 pages). Sur base des dessins de Nathalie Novi, Murielle Szac a composé des poèmes. Plutôt un long poème narratif autour de deux enfants syriens, Hala et Haïssam, entre rires, larmes et jasmin. Dans l'acrostiche initial, il invite le lecteur à attraper le fil rouge de l'imagination: "Ensemble nous tricoterons un nid/ pour l'oiseau de leur vie"
Sans gras, les poèmes disent l'avant, l'école, le pain, l'arrivée d'un bébé, les sorties du vendredi. Ils disent ensuite le présent, la guerre, les bombes, les explosions et le silence, le rationnement alimentaire, les coupures d'électricité, le bonbon d'avant les bombardements, le projet d'exil, les souvenirs à lister, la traversée sur la mer, la condition d'étranger. Beaucoup d'émotion mais aussi le rappel de l'enfance, avec ses émerveillements, ses rires et ses sourires et un fieffé espoir.

Les dernières pages d'"Immenses sont leurs ailes". (c) Ed. Bruno Doucey.


Nathalie Novi vient de créer un nouveau dessin à la mi-novembre, pour appeler aux dons pour la Syrie. Un enfant coiffé d'un bonnet, le premier sauf erreur, car l'hiver est là aussi.
"Enfant de Syrie, ce matin, je te dessine dans l'eau du cielÀ l'ombre du nénuphar se niche l'oiseauDans ton cœur pousse un coquelicot Sur ton épaule un pin parasol s'étire Le bleu, c'est le vent,  l'air dont tu as besoin.Enfant de Syrie, enfant de nos guerres, je ne t'oublie pas.L’UOSSM, l'association du docteur Raphaël Pitti, a besoin de nos dons. Le peuple syrien manque cruellement d'air, dans tous les sens du terme. MERCI."