Enfant de salaud - Sorj Chalandon (entre **** et *****)

Par Philisine Cave

Enfant de salaud décrit en parallèle le procès de Klaus Barbie, chef de la Gestapo lyonnaise, et l'enquête du narrateur sur le comportement de son propre père pendant la seconde guerre mondiale.

 

Enfant de salaud est un récit incisif, authentique et puissant d'un journaliste aux prises de deux vérités : celle d'un tortionnaire génocidaire et de ses rares victimes encore vivantes, celle d'un père fuyant -véritable girouette politique, insaisissable et mystérieux.

Enfant de salaud présente la force descriptive de Sorj Chalandon, sa capacité à nous permettre de percevoir toute la complexité de ce père arrogant et violent, à décrire les tiraillements intérieurs de ce journaliste qui use du procès d'un barbare pour faire parler son père et aller à sa rencontre vraiment.

J'ai beaucoup aimé Enfant de salaud parce que j'admire le talent narratif de Sorj Chalandon, sa capacité à mêler une histoire intime à l'universel, à rendre compte avec émotion des témoignages poignants du procès Barbie, à marquer les troubles, à dire la violence, à rester authentique. Il exprime une violence contenue continuelle avec une réelle maîtrise et aussi avec une grande justesse. On sent les larmes, on entend les précipices.

Et puis, il y a les moments d'hommage, les témoignages des survivants dignes, qui appellent le silence et le respect, qui occupent toute la place parce qu'ils la méritent tout simplement.

Enfant de salaud se lit d'une traite, c'est un livre remarquable, très bien écrit avec une fluidité narrative incroyable. L'image finale saisissante est juste splendide, une libération.

Éditions Grasset

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