Une rose seule - Muriel Barbery ****

Par Philisine Cave

J'ai lu Une rose seule cet été et je garde un souvenir ému de cette lecture. Je ne me l'explique pas : je crois que j'ai tout aimé dans ce roman : l'atmosphère, l'écriture, l'histoire, le ton. 

De l'autrice Muriel Barbery, j'avais auparavant lu son hit L'élégance du hérisson et même si l'intrigue m'avait apporté quelques frissons, j'avais été sérieusement agacée par le style pompeux que l'écrivaine avait choisi et qui avait desservi mon enthousiasme (c'est le moins qu'on puisse dire).

Donc pour être tout à fait honnête, je ne me suis pas jetée dessus Une rose seule et je dois cette lecture grâce à la persévérance de mes très chers beaux-parents qui m'en ont vanté le contenu. À très juste titre ! 

Parce que si Le hérisson avait une prétention littéraire (qui s'explique), La rose est d'une infinie délicatesse qui m'a fait beaucoup de bien.


Une rose seule narre l'itinéraire d'une femme botaniste, Rose, qui après avoir perdu sa mère se retrouve héritière de Haru, son père-géniteur, marchand d'art qu'elle n'a jamais connu. Le roman décrit le parcours de cette femme à la rencontre de cette figure paternelle, de son univers dans un Japon évanescent et spirituel, à la rencontre d'elle-même aussi. Épaulée par les précieux assistants de son père (Paul pour les affaires testamentaires et les visites dans les temples, Sayoko pour les affaires courantes, Kanto pour le transport), elle va suivre étape après étape le chemin de vie que lui a laissé en héritage Haru. 

Une rose seule est un titre fantastique à double sens : la situation de notre héroïne célibataire et en quête de son essence même (une sorte de Rose seule), la référence aux éléments botaniques dont font partie les roses et qui interviennent de façon régulière dans l'intrigue.

J'ai tout aimé dans ce roman : l'atmosphère évanescente et brumeuse des jardins et des temples japonais, les non-dits et les conversations cachées, les moments d'une très grande délicatesse où le silence vaut tous les beaux discours, l'attente. 

Muriel Barbery a réussi avec sa méticuleuse écriture (impeccable) à construire une histoire d'une grande élégance, avec des personnages cabossés et purs, d'une profonde dignité. Les scènes sont décrites avec plus ou moins de détails, les sentiments et les approches sont abordés avec retenue : c'est beau, juste et doux. Mon cœur a palpité et j'ai relu plusieurs fois une scène parce qu'elle était à la fois prévisible et très attendue. Je n'en dirai pas plus pour ménager le suspense.

Je ne sais pas si Une rose seule a rencontré son public. En tout cas, cette histoire mérite le coup d’œil.Vraiment !

Éditions Actes Sud

Emprunté à mes très chers beaux-parents dont je loue la patience et qui ont bien fait d'insister.

autres avis : AifelleTant qu'il y aura des livres,