Ballade pour Sophie

Par Aufildesplumes
Ballade pour Sophie de Filipe Melo et Juan Cavia, Paquet, 320 pages

L’histoire de 2 pianistes pris dans les aléas historiques des années 1930 à 1970 en France. Deux personnes que tout oppose: l’un connaitra le succès et la gloire, l’autre restera à jamais obscur. Un roman graphique en hommage à la musique, par Filipe Melo, scénariste, réalisateur de films… et pianiste professionnel.

Il y a des hasards qui sont heureux. Je ne devais pas repartir avec cette BD, pas du tout. Elle était là sur le présentoir de ma médiathèque, m’attendant sagement. Elle m’a vu passé à de nombreuses reprises avant que je pose un regard sur elle. Et puis, tout à coup, je ne sais pas… Le titre, la couleur, le piano qui virevoltent, tout cela semblait m’appeler. Alors, sans même lire le résumé, Ballade pour Sophie a rejoint le reste de mes emprunts. Et puis, au bout de quelques jours, je me suis saisie de cet ouvrage et je l’ai dévoré. Dès les premières pages, je me suis sentie propulsée dans l’histoire. 

Nous voilà devant une grande maison, en compagnie d’une jeune fille rousse. Elle toque, on lui ouvre. Cette porte qui s’ouvre, c’est tout un univers qui s’offre à nous. Celui de Julien Dubois, un ancien pianiste prodige, une ancienne star de la musique, qui va se livrer à cette journaliste après des années de silence. Au rythme des interviews, le passé se découvre. L’enfance de Julien Dubois se déroule sous nos yeux, puis son adolescence, sa rivalité avec Frédéric Simon (un autre pianiste de renom), son succès et enfin sa descente aux enfers. 

Les évènements s’enchaînent et virevoltent devant nos yeux tels des notes de musique. Toute la symphonie d’une vie s’écrit. Le scénario est vraiment sublime. Je me suis complètement laissée emporter. Dès les premières planches, la magie a opéré. Prise dans ma lecture, les 320 pages ont défilé à une allure folle. Au-delà de tout cela, Melo Filipe nous livre des personnages d’une beauté qui m’a subjuguée. Julien Dubois, ce vieil homme malade, a eu mille vies en une seule. Sous ses airs bourrus et ses répliques parfois cinglantes, un homme sensible, amoureux et parfois pétri de remords apparaît peu à peu. Quant à la jeune journaliste, Sophie, elle est d’une sensibilité à fleur de peau et cache un secret que nous découvrirons à la fin du récit.

Juan Cavia quant à lui, nous livre un roman graphique d’une beauté époustouflante. Son trait fin et léger m’a envoûtée. Chaque vignette fourmille de détails. Les expressions de Julien Dubois sont vraiment réalistes. Les couleurs explosent sur certaines planches et s’assombrissent sur d’autres selon le propos. L’esthétique complète parfaitement le propos et crée un ensemble magnifique.

Ballade pour Sophie est un petit chef d’œuvre tant sur le point du scénario que celui de l’esthétique.