Cycle Alexandre Seurat # 2 : Un funambule **

Par Philisine Cave

Bon, c'est clair et net : j'ai nettement moins accroché à Un funambule qu'à La maladroite du même auteur. Pourtant le pitch m'a bien intéressée et le début de traitement de l'histoire laissait présager une très bonne suite. J'espérais que l'auteur laisserait planer un doute notamment dans l'interprétation du personnage principal et en fait, malheureusement il n'en a rien été. Résultat : je sors de cette lecture un peu déçue, je ne suis pas certaine d'en retenir quoi que ce soit et surtout j'aurais tellement aimé autre chose de plus novateur, de plus consistant. Là encore, je suis passée complètement à côté de cette intrigue (oui, en ce moment je cumule les déconvenues, c'est comme cela, question de timing). 

Un funambule présente un jeune homme en mal-être (dépression) qui à l'occasion d'une fête des mères, se remémore quelques épisodes marquants de sa vie : sa relation avec Solenne, les échanges et les incompréhensions avec ses parents. 

Alexandre Seurat propose un héros à la dérive, à côté de sa vie, qui essaie de se raccrocher aux anecdotes, aux faits, un jeune homme qui communique peu, qui n'a jamais cru en lui malgré des qualités intellectuelles indéniables, un être humain qui malheureusement rayonne peu. J'ai bien aimé la capacité de l'auteur à nous rendre attachant cet anti-héros, en manque permanent de confiance en lui, dont l'éducation parentale et le cercle familial proche (sœur, parrain) l'a d'une certaine façon infantilisé, l'a peu mis en valeur aussi, en le réduisant au statut de "petit garçon". Et j'aurais aimé qu'Alexandre Seurat joue sur d'autres registres en parallèle, peut-être plus difficiles à tenir : celui d'adapter la compréhension de son histoire en fonction du vécu du lecteur. Il aurait en effet très bien pu construire une intrigue à multiples interprétations (du côté parental, du côté du héros), il en avait les moyens et j'ai longtemps pensé à ce virage. La linéarité des événements m'a laissée de marbre. J'ai lu à distance cette intrigue : le style propre de l'auteur est impeccable, celui-ci cherchant à fondre la forme avec la fond. C'est davantage la profondeur du propos qui m'a manqué. Je n'ai pas accroché du tout : j'espérais un autre traitement final, une mise en abîme complète, peut-être aussi un éclairage plus profond de ce cercle familial qui m'a paru suffisamment claie pour appréhender complètement le héros. Mais peut-être qu'au final, j'en demande trop.

Éditions du Rouergue.