Sur le toit de l’enfer – Ilaria Tuti

Par Lison Carpentier @loeilnoir1

Sur le toit de l'enfer - Ilaria Tuti - Robert Laffont, La Bête Noire - Septembre 2018.

Un thriller italien au sommet : dans le petit village de Traveni, au cœur des montages du Frioul, le corps d'un homme nu est découvert, les yeux arrachés. Près de lui, on trouve une poupée fabriquée avec du cuivre, de la corde, des branchages et ses propres vêtements ensanglantés. La commissaire Teresa Battaglia, spécialiste du profilage est vite persuadée que le meurtrier réitérera son geste. Escortée par Massimo Marini, un jeune inspecteur fraichement sorti d'école qui enchaîne les bourdes, la commissaire traque sans relâche la bête humaine qui hante les bois...
J'attache beaucoup d'importance aux lieux dépeints dans un thriller, et dans celui-ci j'ai été servie, c'est d'ailleurs ce qui m'a d'emblée séduite ! La montagne sauvage au cœur d'un hiver rigoureux, les forêts sombres et inquiétantes qui entourent un petit village isolé arpenté par une petite bande d'enfants, et cette fameuse Ecole maudite où se trament de si horribles choses... J'en ai dit si peu et pourtant je sens déjà les cœurs battre plus vite... Je vous en dis un peu plus alors : perchée dans la montagne, l'Ecole, au cours du temps, a été tour à tour une résidence de chasse impériale, une Kommandantur nazie et un sanatorium pour enfants tuberculeux, avant de devenir dans les années 70 un orphelinat dans lequel désormais se cache " le Nid " ... De nos jours, Mathias, Oliver, Diego et Lucia ont comme terrain de jeu le village et ses abords, voire un peu plus, la forêt alentour, mystérieuse et inquiétante... Jusqu'à ce que leur quotidien soit bouleversé par la découverte d'un cadavre, qui n'est autre que le père de l'un des leurs...

Le premier point fort de ce roman est l'atmosphère qui sous la plume de l'auteure devient vite lugubre et angoissante. Le récit alterne habilement entre le présent et les années soixante-dix. Pas de temps mort dans cette enquête basée sur des faits réels particulièrement sordides, qui rendent le récit captivant de bout en bout. Le second point véritablement remarquable est le personnage de Teresa Battaglia, j'ai d'ailleurs rarement été aussi touchée dans mes lectures par un personnage féminin . Ce petit bout de femme forte en caractère vit une soixantaine difficile et souffre d'une maladie terriblement handicapante pour mener à bien son métier, que même sa détermination à toute épreuve ne peut enrayer. Un personnage terriblement attachant, que j'ai forcément envie de retrouver dans de nouvelles enquêtes. Ca tombe bien, le deuxième roman de l'italienne Ilaria Tuti " La nymphe endormie " est paru en avril 2021. Affaire à suivre donc...