La femme révélée

Par Entre Les Pages @EntreLesPages

Eliza Donnelley a quitté les États-Unis pour la France et est devenue Violet Lee. Elle arpente les rues du Paris des années 50, son Rolleiflex autour du cou. Elle entame une nouvelle vie alors qu’elle est rongée par l’angoisse et la culpabilité. Comment a-t-elle fait pour abandonner son fils ? Elle ne pouvait pas faire autrement, tout simplement. Que s’est-il passé ? Elle le sait en sécurité, c’est tout ce qui compte. Petit à petit, elle apprivoise la capitale et s’y fait des amis. Elle rencontre même Sam, un américain qui a tendance à disparaître. Eliza a ses secrets mais elle est libre. Elle photographie, séduit par ses images, se fait une place en tant qu’artiste. Vingt ans plus tard, elle peut enfin regagner l’Amérique. À Chicago, on proteste contre la guerre du Vietnam et on se bat pour les droits civiques. 

L’entrée dans la vie d’Eliza-Violet se fait de manière plutôt abrupte. Peut-être pour que le lecteur soit lui aussi sans repères. Puis, les décors, la photographie, les rencontres arrivent et s’imposent à l’esprit. Le tout s’installe doucement. Ensuite, c’est au tour des flashbacks. Ils permettent de lever les mystères, de faire plus ample connaissance avec Eliza. L’attachement est là. 

Cela se passe ainsi avec La femme révélée, plus la lecture progresse, plus elle est captivante et touchante. Le texte est lui aussi de plus en plus abouti au fil des pages. La narratrice ne cesse de gagner en profondeur. La suivre est de plus en plus agréable, jusqu’à une dernière partie géniale, absolument maîtrisée et passionnante. Entièrement historique, elle fait dire que l’autrice s’épanouit vraiment quand elle doit reconstituer de bout en bout. 

Eliza-Violet incarne, inspire, cherche, respecte la liberté sous toutes ses formes. C’est un guide sincère et courageux, celui dont chacun a besoin ; c’est une voix, une tape sur l’épaule, un regard qui fait tenir bon. 

Présentation de l’éditeur :
Paris
, 1950. Eliza Donneley se cache sous un nom d’emprunt dans un hôtel miteux. Elle a abandonné brusquement une vie dorée à Chicago, un mari fortuné et un enfant chéri, emportant quelques affaires, son Rolleiflex et la photo de son petit garçon. Pourquoi la jeune femme s’est-elle enfuie au risque de tout perdre ? Vite dépouillée de toutes ressources, désorientée, seule dans une ville inconnue, Eliza devenue Violet doit se réinventer. Au fil des rencontres, elle trouve un job de garde d’enfants et part à la découverte d’un Paris où la grisaille de l’après-guerre s’éclaire d’un désir de vie retrouvé, au son des clubs de jazz de Saint-Germain-des-Prés. A travers l’objectif de son appareil photo, Violet apprivoise la ville, saisit l’humanité des humbles et des invisibles. Dans cette vie précaire et encombrée de secrets, elle se découvre des forces et une liberté nouvelle, tisse des amitiés profondes et se laisse traverser par le souffle d’une passion amoureuse. Mais comment vivre traquée, déchirée par le manque de son fils et la douleur de l’exil ? Comment apaiser les terreurs qui l’ont poussée à fuir son pays et les siens ? Et comment, surtout, se pardonner d’être partie ? Vingt ans plus tard, au printemps 1968, Violet peut enfin revenir à Chicago. Elle retrouve une ville chauffée à blanc par le mouvement des droits civiques, l’opposition à la guerre du Vietnam et l’assassinat de Martin Luther King. Partie à la recherche de son fils, elle est entraînée au plus près des émeutes qui font rage au cœur de la cité. Une fois encore, Violet prend tous les risques et suit avec détermination son destin, quels que soient les sacrifices. Au fil du chemin, elle aura gagné sa liberté, le droit de vivre en artiste et en accord avec ses convictions. Et, peut-être, la possibilité d’apaiser les blessures du passé. Aucun lecteur ne pourra oublier Violet-Eliza, héroïne en route vers la modernité, vibrant à chaque page d’une troublante intensité, habitée par la grâce d’une écriture ample et sensible.

De Gaëlle Nohant :
La part des flammes
L’Ancre des rêves

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