Lettre à mon juge, Simenon

Par Lacueilletteduneroussette

Bonjour tout le monde !!

J’espère que vous allez bien en ce vendredi, pluvieux chez moi . Je vous retrouve aujourd’hui pour une nouvelle chronique littéraire. Je sais vous allez dire qu’en ce moment il y en a vraiment beaucoup mais que voulez-vous j’enchaine les livres et ça fait bien longtemps que ça ne m’était pas arrivée ! Accessoirement j’ai un mémoire à pondre mais lire me passionne bien plus…

Lettre à mon juge est un roman écrit en 1947 par Georges Simenon, l’auteur de Maigret. Mon père aimant beaucoup cet auteur et le livre étant mis en avant dans la bibliothèque, j’ai eu envie de tester. J’ai bien fait car sinon je serai passée à côté d’une belle découverte.

Résumé :

Auteur : Georges Simenon

Genre : Drame

Édition : Le Livre de Poche

Année : 2019

Nombre de pages : 190 pages

« Mon juge,
Je voudrais qu’un homme, un seul, me comprenne. Et j’aimerais que cet homme soit vous. Nous avons passé de longues heures ensemble, pendant les semaines d’instruction. Mais alors il était trop tôt. Vous étiez un juge, vous étiez mon juge, et j’aurais eu l’air d’essayer de me justifier. Vous savez à présent que ce n’est pas de cela qu’il s’agit, n’est-ce pas ?
« 
Quand un impossible ménage à trois mène à un crime passionnel.

Mon avis :

Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas lu de livres un peu plus ancien. Il a été écrit en 1947 donc cela remonte. L’écriture est plus élaborée, plus riche en vocabulaire et d’une justesse indomptable. Ce fut un régal de me plonger dans ce roman. J’ai tout particulièrement apprécié cette lecture que je recommande vivement.

Nous sommes en compagnie de la lettre d’un homme qui écrit à son juge après sa condamnation. Tout cela nous l’apprenons dès les premières pages. Il lui raconte sa vie et comment il en est arrivé à son geste. Nous devinons rapidement ce qu’il a fait mais nous ne savons pas à qui, comment et pourquoi. Au fur et à mesure se dessine une sorte de vérité, qui est la vérité de cet homme. Il est coupable, il le sait et l’accepte.

Honnêtement j’ai trouvé ce format hyper intéressant. Nous ne sommes pas en capacité de juger son acte, il n’y a rien à juger, juste à lire et à essayer de comprendre selon le point de vue et le quotidien de cet homme. Il n’écrit pas pour se justifier, pour se faire pardonner, mais pour qu’on comprenne. Bien souvent, les romans placent en premier plan les victimes et dépeignent les coupables comme des monstres. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’on prend à partie cet homme et qu’on a pitié de lui, mais sa « monstruosité » apparaît lentement au gré de sa vie.

Je n’ai pas eu le coeur lourd en lisant ce roman, ce n’est pas le but. Je pense au contraire qu’il a une visée assez cathartique. L’auteur, Georges Simenon, écrira à son propos qu’il l’a écrit pour mettre sur papier ce qu’il ne fallait pas être amené à faire dans des ménages amoureux à trois quand épouse et maîtresse se heurtent.

Les pages s’enchainent rapidement car sans le vouloir nous sommes happés par le quotidien de cet homme et de ce qu’il vit, ses émotions, ses sentiments, ses choix, son éducation et son côté animal, bestial qu’il n’arrive plus à contrôler. Je vous disais que le vocabulaire était soutenu et riche, beaucoup de très belles métaphores sont employées pour enjoliver la cruauté des actes. Des thèmes assez durs sont exploités comme les violences conjugales, la sexualité, sa place dans la société, ses choix personnels dictés par soi-même et non par une éducation ou par le quand-dira-t-on. Au travers d’un homme qui n’a rien d’un héros, nous avons matière à réfléchir sur nous-même, une forme d’introspection.

Lettre à mon juge est un roman de Georges Simeon qui, loin de jeter la pierre au premier venu, nous permet de réfléchir sur les actions, bonnes ou mauvaises, qu’un homme peut faire. Le lecteur ne se place pas en tant que juge mais en tant qu’humain recevant le récit de la vie d’un condamné. C’est une lecture surprenante et mémorable qui amène à une douce tolérance à l’abri des pages.

Et vous, vous avez lu ce livre ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ? N’hésitez pas à me dire tout cela dans les commentaires

Je vous souhaite un très bon week-end, profitez-en bien pour ceux qui le peuvent et bon courage à tous ceux qui travaillent. On se retrouve très bientôt pour un prochain avis littéraire plus léger

Laure