Presqu’îles de Yan Lespoux

Par Krolfranca

Presqu’îles, Yan Lespoux, Agullo, 2021, 185 pages

Le Médoc. Ses vins, certes. Mais connaissez-vous ses coins à champignons ? Ses forêts de pins ? Loin des grands vignobles, Yan Lespoux nous emmène dans l’univers des gens désespérés, des chasseurs, des vies minuscules et des peines majuscules, des personnes au bout du rouleau, de ceux qui rêvent d’un ailleurs meilleur mais s’enferrent dans leurs vies étriquées.

Ces nouvelles sont des tranches de vie, parfois cocasses, souvent tragiques. Les textes sont courts parfois un peu plus longs, ils laissent souvent un goût amer, ils se répondent les uns aux autres. D’une solitude à une autre, l’auteur tisse une toile réaliste et dramatique.

L’auteur aborde aussi à de multiples reprises le chauvinisme, l’appartenance forte à une région, « il n’est plus d’ici » celui qui est parti trop longtemps et qui se sent étranger lorsqu’il y revient pour un enterrement. On n’aime pas les parisiens, les bordelais… On s’en méfie.

Très drôle cette nouvelle nommée « L’Arabe » qui montre à quel point le racisme prend racine sur l’ignorance et la bêtise.

Les nouvelles regroupées sous le thème de la noyade commencent ainsi :

« Ah ! Le premier noyé de la saison ! » Cette phrase, depuis tout petit, je l’ai entendue, comme il convient, une fois par an. Au moins. Parfois, on oublie qu’il y en a déjà eu un avant. C’est ce qui arrive quand le premier noyé de la saison est vraiment précoce. Tellement précoce qu’il est même délicat d’affirmer que la saison a commencé. » 

 L’humour noir de l’auteur m’a saisie d’emblée, j’ai aimé qu’il parle du premier noyé de la saison, comme des premiers champignons, ou du premier soleil…

J’ai aimé être surprise par la violence de certaines nouvelles (Cambriolage), les chutes terribles (Moisson), les atmosphères, les peintures tout en finesse de vies délabrées (Rien ne va plus), j’ai aimé les scènes burlesques, j’ai souri, j’ai été émue, j’ai été surprise, j’ai perçu toute la pudeur et la l’affection d’une relation entre un grand-père et son petit-fils (Le couteau).

Ce recueil de nouvelles est une belle réussite parce que les textes sont variés et même si je ne les ai pas tous appréciés de la même façon, globalement, j’ai fini ce recueil avec une très bonne impression.

Yan Lespoux tient aussi un blog tout à fait intéressant : http://www.encoredunoir.com/

Lecture commune avec Ingannmic dans le cadre du challenge d’Electra et Marie-Claude