Serre-moi fort – Claire Favan

Par Lison Carpentier @loeilnoir1

Serre-moi fort - Claire Favan - Robert Laffont, collection La Bête Noire - Février 2016.

Claire Favan a une façon bien à elle de vous amener les yeux bandés au bord d'un précipice... et de vous pousser dans le vide sans même que vous vous en aperceviez... Elle a l'art et la manière de mettre son lecteur KO au premier round : le livre en comporte trois, je n'ose vous dire dans quel état je me retrouvée au terme de ces quatre cent pages envolées en deux soirées. L'expérience en vaut la peine pour ceux qui aiment les sensations fortes et la noirceur humaine. Dans cette intrigue fascinante et fracassante, le lecteur est manipulé du début à la fin : l'auteure parvient brillamment à élaborer des personnages très empathiques auprès desquels le lecteur trouve connivence. Difficile de ne pas se mettre à la place de Nick dans la première partie, tant sa souffrance et sa pugnacité nous touche. Par la suite, les émotions ressenties par Adam Gibson vont venir nous percuter de plein fouet... Le personnage est en proie à un déferlement de violence inouïe, perverse, dégradante... Je ne veux rien dire de plus, mais Claire Favan va loin, très loin, âme sensibles s'abstenir...

Le style haletant colle parfaitement à cette intrigue qui se déroule aux Etats-Unis, en trois parties très différentes, où l'on monte crescendo dans l'horreur. Dans la première, le temps de s'attacher à Nick, de le comprendre et hop! première glissade en bas d'un toboggan gigantesque digne du plus fameux des parcs d'attractions... Dans la deuxième, visitez la prison de l'horreur, en ayant le cœur bien accroché, messieurs-dame, et surtout ne lisez pas après le repas au risque de très mal digérer... Ce qui arrive au policier Adam Gibson est violent, choquant mais... le pire arrive dans la troisième partie, où en plus de revivre au cours de cauchemars récurrents ce qui lui est arrivé précédemment, Adam devient la proie de celui qu'il traque...

Je dois dire que j'ai beau faire cure de littérature noire quotidiennement, en prendre une bonne dose matin, midi et soir, rien ne m'avait préparé à cette lecture, et j'ai eu l'impression d'être désarmée, démunie face à ce récit d'une rare violence. Tout comme pour Karine Giebel, lire Claire Favan est une expérience tant la puissance du récit est impressionnante. A renouveler bien sûr puisque même s'il est dérangeant d'avouer que l'on a apprécié se faire torturer par l'autrice, on en redemande encore!