"Jours de lune". (c) Les Grandes Personnes.
Aujourd'hui, 27 février, c'est pleine Lune, la deuxième de l'année, pleine Lune de Neige, dit-on. Il y aura douze pleines lunes en 2021, contrairement à l'année 2020 où on en a décompté treize. L'occasion de présenter cinq albums pour enfants de différentes tranches d'âge évoquant l'unique satellite naturel de la Terre. D'autres albums sur le même sujet ici, ici et iciIl y a déjà trente ans que Katsumi Kogamata, immense artiste japonais né en 1953, crée des livres pour enfants. Une trentaine à ce jour. Reconnaissables de loin par leurs jeux sur les formes et les couleurs, leur apparente simplicité fruit de longues recherches, leur élégance graphique, l'usage de papiers découpés. Ils ne peuvent cacher que leur créateur est designer de formation. Dans la ligne de Bruno Munari, Leo Lionni, Tana Hoban, Iela Mari...
Publiés et diffusés longtemps par les Trois Ourses, association aujourd'hui éteinte, les livres de Katsumi Kogamata, multiprimé aux Bologna Ragazzi Awards, paraissent aujourd'hui aux éditions des Grandes Personnes qui fêtent leurs dix ans - mais on sait que Brigitte Morel qui les dirige illumine la littérature de jeunesse avec ses publications depuis bien plus longtemps. "Reverso" en 2013, une série de quatre puzzles réversibles pour jouer avec les formes et les couleurs.
"Jours de lune" est toutefois pleinement un album de Komagata dans le sens où les expressions universelles qu'il crée sont à partager avec tous. Sans texte, l'album s'ouvre sur la phrase "Tout comme la lune croît et décroît, de petits changements s'opèrent au cours de la vie. Un processus qui se répète au fil du temps..."
Apparemment énigmatique, l'album se laisse approcher sans peine par qui ouvre l'œil et est curieux car tout y est à deviner. La découpe de la page suit les phases de la lune, décroissante, absente puis croissante. L'auteur joue en deux temps avec cette découpe à géométrie variable car elle figure dans une page le soleil ou la lune dans le ciel et devient à la double page suivante un fruit accroché à une branche, qui diminue de taille car il nourrit différents animaux jusqu'à se transformer en finale en une cosse de petits pois. Oiseaux, girafe, castor, rhinocéros, bœuf, lion, éléphant et d'autres gourmands apparaissent en silhouettes colorées. Ces agapes sont précédées de scènes paysagères stylisées qui parcourent le monde, la ville, la montagne, la forêt, le désert, le pôle. Un détour par l'espace et on se retrouve à la lumière du monde, puis celle du monde marin avant de revenir à la sécurité d'un pré et à la douceur d'un poulailler.
Découpes, rayures et images. (c) Les Grandes Personnes.
Katsumi Kogamata invite les enfants à une promenade dans ces images très colorées aux fonds rayés, ces rayures pouvant devenir des quadrillages, des ondulations ou même des gammes chromatiques de losanges qui toutes séduisent et enchantent. Voilà une célébration haute en couleurs des cycles de la Lune. A noter encore la très belle impression du livre, réalisée au Japon. Pour tous, dès 2 ans.
De très belles images sur les doubles pages en papier mat pour représenter la grande aventure à laquelle nous convient ces petits lapins. Les séduisantes scènes d'activités alternent avec des paysages proches de l'abstraction. Que font les personnages? On ne le sait pas tout de suite. Ils préparent quelque chose. Une surprise. Ils apparaissent vraiment très affairés. Ils impriment, ils coupent, ils plient. Ils transportent et distribuent leur invitation à fêter la pleine lune à tous les animaux de la forêt. Ces derniers viendront tous au rendez-vous et assisteront à une fête inoubliable, lumineuse et rudement bien orchestrée. Un album tendre, intelligent, prenant et remarquablement mené, tant dans le texte que dans les illustrations.
Deux styles graphiques au service d'une délicieuse histoire. (c) Seuil.
Des découpes et du noir et blanc, deux options auxquelles a souvent recours Antoine Guilloppé qui les utilise ici ensemble dans un livre tout-carton, destiné aux plus jeunes; la découpe figurant seulement en couverture. "Soleils noirs" est un livre en boucle qui se promène aussi bien dans l'espace infini piqué d'étoiles que dans les galeries aux minuscules fourmis. S'il a accompagné l'exposition "Soleils noirs" qui s'est tenue au musée du Louvre-Lens durant l'été 2020, il peut très bien s'en lire indépendamment.
"Soleils noirs". (c) L'élan vert.
"Quand le Soleil se lève...", on retrouvera plus loin les mêmes personnages
"quand se lève la Lune". (c) Seuil Jeunesse.
Dans la même série:
- "Sur le sol, sous le sol" (avril 2020)
- "Dans le ciel, sous la mer" (juin 2020)
- "En été, en hiver" (juin 2020)
Pleine d'ardeur, la jeune violoniste Colombine passe ses journées à s'exercer. Ce qui lui vaut quelques remontrances de ses voisins. "Trop tôt", "trop fort", "trop répétitif"... Le plus énervé est M. Bombo, l'astronome: "Colombine! Si ça continue, je vais vous envoyer sur la Lune, ton violon et toi!" Mais si c'était ça la solution, se dit la jeune musicienne. Devenir la première violoniste spatiale! C'est-à-dire partir dans l'espace et jouer sur la Lune.
D'accord, déclare M. Bombo qui plonge immédiatement dans de savants calculs. Tout en dégustant quelques citronnades (sans sucre), la boisson préférée de Colombine. Le temps passe et le projet ne se concrétise pas jusqu'à ce que le savant ait une idée étrange mais efficace: attacher la jeune fille à la comète qui passe dans le ciel. Ce mode de déplacement inattendu porte ses fruits. Colombine joue du violon sur la Lune. Par contre, M. Bombo regrette sa présence musicale quand il sirote un jus de citron dans son hamac en pensant à elle.
Agréablement illustré de gouaches mates et inventives, l'album se termine par un happy end dans la ligne de ce qui a précédé. Plus que de réalité scientifique, il traite d'amitié, d'invention et de souci de l'autre.
Réflexions. (c) L'étagère du bas.
Action. (c) L'étagère du bas.
Méditation. (c) L'étagère du bas.