Virginia Woolf : Lundi ou mardi

Par Lebouquineur @LBouquineur

Virginia Woolf, pseudonyme d’Adeline Virginia Alexandra Stephen (1882-1941), est une femme de lettres anglaise, l'une des principales auteures modernistes du XXe siècle. Bisexuelle et féministe, elle fut une figure marquante de la société littéraire londonienne et un membre central du Bloomsbury Group, qui réunissait des écrivains, artistes et philosophes anglais, groupe au sein duquel elle rencontrera Vita Sackville-West avec qui elle aura une liaison durant toutes les années 1920. Woolf souffrait d'importants troubles mentaux et présentait tous les signes de ce qu'on nomme aujourd'hui, troubles bipolaires. En 1941, à l'âge de 59 ans, elle se suicida par noyade dans l'Ouse, dans le village de Rodmell (Sussex), où elle vivait avec son mari Leonard Woolf, écrivain lui aussi. Elle avait commencé l'écriture comme activité professionnelle en 1905 pour le supplément littéraire du Times et un premier roman en 1915.

Lundi ou mardi paru en 1921 est un recueil de huit nouvelles. J’aime Virginia Woolf, même si l’écrivaine n’est pas toujours simple à lire, mais là avec ce bouquin j’ai beaucoup peiné.

Deux textes hyper courts d’une page ou deux (Lundi ou mardi, et Bleu et vert), comme des écrits en apesanteur, sans intérêt précis et une nouvelle plutôt hermétique, Le Quatuor à cordes, qui m’a bien ennuyé. Un Roman à écrire bien que complexe est intéressant, lors d’un voyage en train la narratrice observe une femme en face d’elle et en déduit/invente une histoire à son propos… La marque sur le mur, ouvre la porte à des divagations, supputations sur l’origine d’une petite trace sur un mur, jusqu’à la chute toute bête qui amène une touche d’humour.

Les trois autres nouvelles sont plus abordables. Une Maison hantée, avec son couple de gentils fantômes qui se remémorent le temps passé ici. Plus terre à terre, Une Société, est un texte plus politique et féministe ; des femmes créent un club, « une société questionneuse » qui s’interroge entre autre sur la supposée supériorité des hommes. Kew Garden est une très belle nouvelle, très poétique, quelques personnes se promènent dans ce parc de Londres, certains évoquent des souvenirs, d’autres on ne saisit que des bribes de leurs dialogues…

Tous ces textes jouent sur les sons, la musique, les couleurs, les odeurs, ces stimulations de nos sens qui aiguisent notre mémoire et nos sensations. Il y a nécessairement de très bons passages, il s’agit de belle littérature mais là, le niveau est trop haut pour moi. Il faut savoir reconnaitre ses faiblesses. 

« C’est ainsi que nous avons fondé notre société de questionneuses. L’une d’entre nous devait aller visiter un navire de guerre ; une autre se cacher dans le bureau d’un universitaire ; une troisième assister à des réunions d’hommes d’affaires ; et toutes, nous devions lire des livres, voir des tableaux, aller au concert, parcourir les rues en ouvrant l’œil, et poser des questions en permanence. Nous étions très jeunes et naïves, jugez plutôt : avant de nous séparer ce soir-là, nous sommes convenues que la finalité de la vi était de rendre les êtres meilleurs et de produire de bons livres. Nos questions viseraient à savoir si les hommes mettaient tout en œuvre pour atteindre ce but. Nous avons fait le serment solennel de ne pas mettre un seul enfant au monde avant d’en avoir le cœur net. » [Une Société]