Le Phare de Paolo Rumiz

Par Tassadanslesmyriades

Ce que j'en ai pensé ? Cela n'est pas étonnant que ce livre ait reçu le prix Nicolas Bouvier 2015. Pendant ce confinement, j'avais besoin d'évasion. En quelques mots, nous sommes partis avec l'auteur sur les hauteurs salées d'un vieux rocher millénaire où trône un maître incontesté des mers : le phare.


Enfermé trois semaines sur ce pic rocheux, fouetté par les vents, les vagues et marqué par l'esprit sauvage de la nature, l'auteur, Paolo Rumiz apprend à maîtriser son corps et son âme plutôt que les éléments. Il contemple, décrit, écrit, relate, fait de la poésie. Il nous apprend l'histoire, la mythologie, les récits de pêcheurs, de marins, de gardiens de phare ancestraux, nous embarque avec lui dans ce périple étrange, comme s'il était un Ulysse prisonnier. Peu à peu, cette lecture distille son fumet délicieux, délicat, c'est l'extase du voyageur, confronté à ses risques et périls, aux choses incontrôlables. Face à lui, l'éternité et en même temps, la fragilité de la Terre, battue, terrassée, fragilisée par les Hommes. Un récit magnifique qui vous fera trembler et vibrer contre vents et marées.


En ce temps de confinement, il nous donne à réfléchir sur plusieurs aspects de nos vies : le temps de la solitude, le temps de l'incompréhension et de la peur, le temps de relativiser et de raisonner, et le temps des découvertes, de soi, des autres, du monde. C'est un pari gagné en si peu de pages (170 !) et surtout un véritable appel au voyage sans bouger. Cette pleine conscience prend la forme audacieuse d'une écriture ouverte, créative, libre, au gré des pensées aléatoires et pourtant organisées de l'écrivain. A lire ABSOLUMENT. Dépaysement garanti. Ode à la fragilité du monde et à sa grande solitude. Érigé pour garder et avertir... le phare. C'est ce dont nous avons besoin ❤