L'espoir, aussi fort que le soleil

Par Lucie Cauwe @LucieCauwe

"Apolline et la vallée de l'espoir". (c) Grasset-Jeunesse.


#tousenlibrairie

Heng Swee Lim
est un graphiste malaisien qui travaille pour de grandes marques de mode et comme créateur de dessins aux tonalités douces et au style très épuré tout en étant expressif. Un grand amateur de chats qu'il fait apparaître dans une multitude de paysages stylisés.

Heng Swee Lim.

Il est actif sur la toile. Ce qui permet de découvrir facilement ses créations. On peut notamment le suivre via son compte Instagram ou sur son site I love Doodle. Heng Swee Lim est-il idéaliste? Il a en tout cas un souhait, dessiner un sourire sur le visage de la Terre. C'est dans cette optique qu'il a publié en France, chez Grasset-Jeunesse, son premier album pour enfants. 

L'auteur et son premier album.


Avec "Apolline et la vallée de l'espoir" (traduit de l'anglais par Christian Demilly, Grasset-Jeunesse, 48 pages), Heng Swee Lim change de style graphique. Fini les aplats et les formes quasi géométriques. Ici, il trace au pinceau des lignes noires et arrondies sur de larges fonds blancs. Il les éclaire de quelques touches de jaune aquarellé. Il adopte en fait une autre forme d'épure pour raconter l'histoire de cette petite fille épanouie qu'on découvre en couverture dans un champ de fleurs, un arrosoir à la main. Que regarde-t-elle?
Apolline vit, heureuse et souriante, dans une vallée magnifique pleine de tournesols. Joyeuse et attentive, la jeune jardinière virevolte dans les images, légères et pleines d'allant, jusqu'au jour où arrive un immense nuage noir à tête de loup. Un nuage qui dévore le soleil, plonge la vallée dans l'obscurité et fait flétrir les plantes fleuries.

La vie est belle. (c) Grasset-Jeunesse.


Apolline est à la fois chagrin et colère. Elle tente de cent façons de faire déguerpir l'intrusif et obstiné nuage. Sans succès. Jusqu'à ce qu'elle ait l'idée de le reconnaître et de l'apprivoiser, ce qui fait disparaître le vilain nuage noir, pleuvoir, revenir le soleil et son sourire. Les illustrations dansent sur les doubles pages, à la fois minutieuses, expressives et aériennes, comme des croquis jetés sur le papier.

Comment apprivoiser l'obscurité. (c) Grasset-Jeunesse.


L'auteur-illustrateur nous apprend ensuite, le soleil et l'espoir revenus, que la Vallée de l'Espoir existe vraiment. C'est un lieu où cohabitent des lépreux malades et des lépreux guéris. Des habitants à qui il dédie son album, "eux qui ont compris que l'amour et la chaleur humaine sont les meilleures armes pour chasser l'obscurité". Voilà un album aussi sobre qu'expressif, de facture subtile mais touchant au cœur, de nature à redonner espoir dans les pires contrariétés. Pour tous à partir de 4 ans.
Ici, un reportage sur la Vallée de l'Espoir.

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On trouve une démarche analogue d'amour et de don face aux difficultés dans deux albums jeunesse devenus des classiques.
"Bébé" de Fran Manushkin et Ronald Himler (traduit de l'anglais, l'école des loisirs, 1976, toujours disponible) où un bébé refuse de sortir du ventre de sa mère, la délicieuse Madame Bontemps, jusqu'à ce que son père arrive et lui promette un baiser.
"Un tigre dans la théière" de Betty Yurdin, illustré par Solvej Crévelier dans la version française (traduit de l'anglais par A. Telier, Père Castor- Flammarion, Castor poche, 1986, indisponible) où la petite Josy arrive à se faire entendre du tigre installé dans la théière familiale après tous les membres de la famille ont échoué.