Et ta vie m’appartiendra

Par Stéphanie @Sariahlit
“Parce qu'une vie sans désir est une vie asphyxiée.”
Aymon Gaël
352 pages
Éditions Nathan (2020)
À la mort de sa grand-mère, Irina reçoit un étrange héritage : une peau, sorte de talisman censé exaucer tous ses désirs...
Sans y croire, la jeune fille demande à devenir riche, ainsi que la dévotion absolue d'Halima, sa seule amie. Et ses souhaits se réalisent...
Pourtant, cette existence de rêve se transforme vite en cauchemar. Car un ennemi rôde, prêt à s'emparer de son talisman par tous les moyens. Et à chaque vœu formulé, la peau aspire peu à peu la vie d'Irina, la tuant à petit feu...
Extrait :
« Tout a été progressivement pensé par Irina pour n'avoir rien à souhaiter, jusqu'à s'économiser les gestes les plus anodins. La domestique acquiesce en prenant note mentalement. Halima guide ses deux employées jusqu'au portes verrouillées de l'aile personnelle d'Irina. Elle baisse un peu la voix.- Lorsque vous serez en présence de Mademoiselle, il est impératif que vous ne la regardiez pas et que vous ne vous adressiez à elle sous aucun prétexte, à moins qu'elle ne vous ait parlé la première. Si elle le fait, ne prenez jamais l'initiative de lui demander comment elle va, si elle est satisfaite, ni, surtout, si elle souhaite ou désire quoi que ce soit. Répondez "Oui, mademoiselle" en veillant à vous soustraire à son champ de vision. »
Mon avis :
Le titre de cet ouvrage laisse présager une lecture sombre, une malédiction et c’est exactement ce dont il s’agit. Et ta vie m’appartiendra s’inspire du roman « La peau de chagrin » de Balzac.
Alors que la grand-mère maternelle d’Irina vient de mourir, elle apprend qu’elle est sa légitime héritière. Cette dernière lui a rendu visite en secret ces derniers mois, la relation entre sa mère et sa grand-mère étant inexistante jusqu’alors, à l’image de celle qu’Irina entretient avec sa propre mère. Ayant vécu dans une tour HLM moche d’un quartier populaire, la mère d’Irina pense par le biais de cet héritage mettre la main sur la fortune familiale. Elle déchante rapidement quand elle découvre l’objet étrange : une peau censée exaucer ses voeux. L’existence d’Irina n’a jamais rien eu d’enviable, alors qui a-t-il de mal à espérer qu’elle puisse prendre un nouveau tournant malgré la mise en garde laissée par sa grand-mère ?
Et ta vie m’appartiendra est une histoire plutôt déconcertante se déroulant en plusieurs parties. Si le sujet de la réécriture de ce conte avait quelque chose de prometteur, j’en ressors toutefois avec un avis assez mitigé. J’ai apprécié la manière dont l’auteure envisageait la peau, comme un personnage essentiel à l’intrigue. Mais pour pouvoir en arriver à comprendre son rôle, il faut passer par l’amitié étrange qui évolue entre Irina et Halima, par diverses scènes étranges et plutôt longues qui alourdissent le récit. De plus, j’ai été surprise de suivre l’essentiel de la narration du point de vue d’Halima, l’unique amie d’Irina, qui lui reste fidèle malgré ses actes. De fait, il est difficile de s’attacher à Irina avec laquelle, en dehors de sa personnalité antipathique au départ, on ne créait aucune attache. Je dois dire que les protagonistes sont le point faible de ce roman. On ne ressent aucune alchimie entre les différents personnages, on ne ressent aucune empathie pour eux.
Gaël Aymon nous permet de nous interroger sur nos désirs et le prix qu’on est prêt à payer pour que ceux-ci se réalisent. L’ensemble aurait pu être intéressant et avait du potentiel, mais j’ai eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire, à adhérer à l'enchaînement des événements. Dans l’ensemble, je ne garderai pas un souvenir impérissable cette histoire.
★★☆☆☆
Stéphanie