Les corbeaux brisés, de Sylvain Namur

Par Rhavanielle
Qu’y a-t-il de pire qu’un regret ? Damien retrouve un livre de son passé, Les corbeaux brisés. Mais à mesure qu'il s'enfonce dans les contes et fables de l'ouvrage, des corbeaux envahissent son quotidien. Osera-t-il en atteindre la dernière page ? Plonger dans un livre n'aura jamais été aussi risqué. Imiterez-vous Damien ?
À travers ce roceuil, roman bâti sur des nouvelles, affrontez le pire des tourments humains : le regret.


Pour commencer, un tout grand merci à Sylvain Namur pour sa confiance !
J'avoue que je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec ce petit livre, rocueil de 126 pages... Mais force est de constater qu'il s'agit d'un savoureux roman hybride très bien pensé et d'une infinie justesse. Je pense qu'il l'est tout particulièrement pour les personnes ayant déjà dû affronter (ou affrontant, de quelque manière que ce soit) les thématiques abordées.
Pour d'autres, cette plongée mais surtout la compréhension desdites thématiques, sous la forme d'une nuée de corbeaux et de petites fables, doit être bien plus difficile... Il est malheureusement vrai qu'on ne comprend et prend la mesure d'un trouble que lorsqu'on y a déjà été confronté
Il me semblait vital de garder l'existence de ces êtres pour moi.

Et si la forme et le style de l'ouvrage - à la fois roman et nouvelles, d'où la création et l'utilisation du terme rocueil - peuvent surprendre autant que les métaphores, il est très facile de s'y faire : ça glisse tout seul tant l'envie de comprendre le sens de ce livre et de ce qu'il dénonce est forte. Le fonctionnement de notre société, le poids des regrets, la boucle sans fin que semble être la dépression et l'absence de force autant que de volonté qu'elle provoque... Des dénonciations qui prennent la forme de nouvelles dont Damien est le recéptacle, et nous, les impuissants témoins.
Les corbeaux brisés, c'est une lecture originale et extrêmement touchante, tant elle part de manière frontale au contact de sujets et de troubles importants, qui sont bien trop souvent diminués dans la littérature qui adore les rendre banalscommuns ou bien - cerise sur le gâteau - charmants.
Sylvain sort de cette fâcheuse représentation en usant du fantastique avec intelligence, exposant les faits tels qu'ils sont, ce qui bien entendu rend le récit sombre et pesant... mais surtout réaliste. D'ailleurs, je n'ai pas pu m'empêcher de relire la nouvelle du tableau tant cette scène est parlante.
Perde sa vie à la gagner, n'est-ce pas notre lot à tous ?

La critique de Sylvain sur le fonctionnement de notre société, notre rapport à l'argent et au temps - mais pas seulement - est tout aussi appréciable que le mélange des genres dont il use afin de rendre son histoire encore plus attrayante, nous pousssant à ouvrir notre porte à ces maudits corbeaux jusqu'à ce que la dernière page soit tournée... Avant de nous laisser bras ballants, la tête pleine de questions, en pleine introspection.
Petit livre, mais grande(s) histoire(s)
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