Le narrateur, un jeune aristocrate russe souffre de troubles du sommeil depuis quelque temps. Une nuit, le spectre d’une femme à la silhouette diaphane l’invite à la rejoindre au pied d’un vieux chêne de la propriété. Le jeune homme refuse, hésite, mais chaque nuit elle revient et réitère sa demande, finalement il cède. Dès ce premier rendez-vous la créature avoue l’aimer et lui demande de prononcer ces mots « prends-moi ». Tremblant il s’exécute et le fantôme qui se nomme Ellis, le prend fermement dans ses bras et s’envole avec lui dans les airs. Plusieurs nuits de suite, le manège se reproduira, et leurs vols les mèneront un peu partout, l’île de Wight, l’Italie et Rome où lui apparaîtra Jules César, les bords de la Volga où se sont de violents pirates qui surgiront du passé, Paris et l’Allemagne… Après un dernier voyage dramatique, la créature ne reviendra plus et le jeune semble atteint d’anémie.
De bonnes choses dans ce très court texte : un début très mystérieux ; l’évolution des sentiments ressentis par le narrateur : la peur, l’excitation, le plaisir de voler au-dessus du monde, puis la tendresse (et un peu plus ?) pour son amoureuse dont il ne sait rien car elle ne répond jamais à ses questions. Le fantastique et l’onirique se mêlent et c’est très beau.
Mais il y a aussi du moins bien car lorsque le lecteur referme le livre, il est en droit de s’interroger, qu’est-ce que tout ceci ? Est-ce une allégorie énigmatique ou bien l’écrivain a-t-il laissé sa plume libre d’écrire un conte onirique sans signification particulière, si ce n’est créer une ambiance éthérée propre à plonger ses lecteurs dans un plaisir ouaté ?