Les adultes de Caroline Hulse

Par Lettres&caractères

Vous savez quelle est la pire idée quand on est séparé du père de son enfant ? Décider de passer Noël ensemble, avec les nouveaux conjoints, pour le bien de la petite. Demandez à Claire, elle vous le confirmera…

Les adultes de Caroline Hulse (Fleuve éditions)

Au départ, quand elle avait monté ce plan avec Matt, son ex, l’objectif lui semblait louable : offrir à leur fille un Noël avec ses deux parents. Mais avec le recul et un accident dramatique à la clé, il faut bien avouer que ça n’était pas tout à fait le réveillon qu’elle avait espéré pour sa petite Scarlett. Déjà qu’à la base Scarlett détestait Alex, la nouvelle copine de son père… Et que dire de Patrick, le nouveau compagnon de maman, légèrement psychorigide sur les règles de savoir-vivre. Non vraiment, papa et maman auraient été mieux ensemble qu’avec ces deux guignols mais pas sûr que les quatre adultes aient le même point de vue qu’une gamine de 7 ans affublée d’un ami imaginaire prompt à foutre le bazar là où il passe.

Enfermez tout ce petit monde dans un cottage au fin fond d’une sorte de Center parc anglais et attendez que les étincelles embrasent toutes ces bonnes résolutions.

Tous les hommes veulent être papa, en vérité, lui avait confié une fois Ruby. Aucun d’entre eux ne voudrait être maman. Mais tout le monde veut être papa. C’est la responsabilité parentale, mais demi-écrémée et pasteurisée, pas riche et entière, en provenance directe du pis de la vache.

La trame du huis-clos familial a de quoi donner lieu à des comédies savoureuses et j’espérais que Les adultes soit l’une d’elles. Hélas ce roman manque énormément d’imagination pour concocter des saynètes qui tiennent la route. On s’ennuie pas mal face à autant de normalité et de banalité : les personnages n’ont rien de tordu, leurs défauts sont à peine dévoilés, si bien que le lecteur n’a pas grand-chose à quoi se raccrocher pour rire de la situation ou s’en offusquer. A vrai dire, je pense qu’il est presque impossible dans la vraie vie qu’un week-end de ce type puisse se passer aussi bien tant les ex ont de l’imagination en temps normal pour se pourrir la vie et prendre leur enfant en otage pour démontrer la mauvaise foi de l’autre sans se rendre compte de leur propre culot.

Et puis il y a un personnage qui prend bien trop de place dans ce roman en le rendant même un peu tarte par moment c’est Posey, le lapin imaginaire de Scarlett. C’est presque lui que l’on entend le plus et ce qu’il a à dire est loin d’être intéressant. Je lui aurais bien tordu le cou à ce lapin tant il m’a irritée à toujours la ramener.

Malgré tout, après avoir passé plus de la moitié du livre dans une indifférence totale, j’ai commencé petit à petit à m’intéresser à la vie de Matt et Alex et de Claire et Patrick car enfin le masque de normalité finissait par se fissurer légèrement. J’ai donc pris plus de plaisir avec la deuxième partie du roman, jusqu’au dénouement même si celui-ci non plus ne cassait pas trois pattes à un lapin imaginaire, mais bon, on prend ce que l’auteure veut bien nous donner…

En résumé, la promesse était alléchante mais n’a finalement pas été tenue. C’est d’autant plus décevant qu’en lisant ce livre, il nous vient des dizaines et des dizaines d’idées qui auraient pu rendre ce roman plus piquant. Alors quand je lis que ce roman est en cours de traduction pour une quinzaine de pays et que les critiques trouvent qu’il s’agit d’« Une comédie brillante et originale » (Daily Mail) et d’« un premier roman fabuleux – pétillant, sincère et incroyablement amusant » (Sunday Mirror), j’en rigole doucement en me disant qu’on n’a pas dû lire le même livre… Si je devais oser une comparaison, je dirais qu’il est à la comédie ce que La fille du train est au thriller. Vous voyez l’idée ?

Si vous cherchez une comédie réellement truculente, je vous invite à lire plutôt Vous prendre bien un dessert ? de Sophie Henrionnet. Là vous allez vraiment vous régaler d’u huis-clos familial. Et puis ça tombe bien : il sort en poche à la fin du mois.


L’ESSENTIEL

Couverture de Les adultes de Caroline Hulse

Les adultes
Caroline HULSE
Fleuve éditions
Sorti le 07/11/2019
408 pages 

Genre : comédie de moeurs
Plaisir de lecture :
Personnages : Scarlett et ses parents Claire et Matt et leurs conjoints Patrick et Alex
Recommandation : moui
Lectures complémentaires : Vous prendrez bien un dessert ? de Sophie Henrionnet, Le discours de Fabrice Caro, Allumer le chat de Barbara Constantine

RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR

Parfois Noël peut se révéler plus qu’une simple fête de famille.

Claire et Matt sont séparés, mais décident, pour le bien-être de leur fille Scarlett, de passer Noël ensemble. Après tout, c’est une fête de famille, et leurs nouveaux partenaires sont bien évidemment invités : Patrick, un homme en apparence tout à fait sensible et raisonnable, mais pour qui la vie est une compétition permanente, et Alex, drôle, intelligente et d’une patience totalement exaspérante.

Scarlett vient également accompagnée, de son ami imaginaire, Posey, un lapin rose qui n’a pas sa langue dans sa poche.

Au programme : activités indignes, mais imposées, dîners trop arrosés et révélations soudaines de secrets que tout le monde aurait aimé ne pas connaître.
Leurs vacances ressemblent bientôt à un cocktail explosif jusqu’à cet appel à la police.

Pourtant tout le monde prétend s’être comporté en adultes…


TOUJOURS PAS CONVAINCU ?

3 raisons de lire Les adultes

  1. Si vous avez besoin d’une lecture légère
  2. Si vous hésitez à passer le prochain Noël avec votre ex
  3. Si vous êtes bon public en général

3 raisons de ne pas lire Les adultes

  1. Si vous cherchez du caustique
  2. Si vous aimez les comédies qui dépotent
  3. Si vous n’êtes pas prêt à adopter un lapin imaginaire qui déblatère à tout-va

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