Hellboy Tome 2

Par Noisybear @TheMightyBlogFR

Continuons d'explorer les aventures de Hellboy, la création culte de Mike Mignola, avec son deuxième tome, Au Nom du Diable.

Les cendres du célèbre vampire Vladimir Giurescu exposé dans un musée new-yorkais ont été dérobées après que son curateur, un ancien nazi, ait été tué. Cela devient naturellement une affaire pour le B.P.R.D. lorsque l'enquête révèle que les voleurs sont connectés au projet Ragna Rok et qu'ils veulent utiliser les restes du vampire pour créer une armée d'immortels. Hellboy et ses co-équipiers du Bureau sont envoyés en Roumanie à la recherche des restes du vampire mais ils doivent agir en équipe séparée, ce qui contraint Hellboy à agir en solo. Malheureusement pour lui, il va tomber sur Ilsa Haupstein et ses hommes de main.

Voici donc le premier tome des aventures de Hellboy complètement écrit par Mike Mignola et, cela change pas la donne. D'abord, les dialogues sont moins lourds, on sentait beaucoup l'influence de John Byrne sur le précédent avec des dialogues trop explicatifs et moins immersifs que dans celui-ci, même la phase de briefing de mission en début de cet album, même si c'est bien bavard, s'avère moins verbeux. Par contre, on note également un découpage moins habille dans son ensemble avec des actions ou des points de vue qui changent en plein milieu d'une page, et le rythme est globalement moins maîtrisé.

Mais comme sur le premier tome, ces défauts sont franchement acceptables et, ici, ils sont même compensés par la construction d'un univers plus riche qu'il n'y paraissait. Très clairement, si comme moi, vous avez mis quelques mois (années) entre la lecture du premier tome et celui-ci, vous allez être perdu·e·s tellement de noms sont lâchés par moment. Ce qui n'empêche pas que toute cette mise en place est assez plaisante à découvrir.

En même temps, toute l'histoire repose essentiellement sur cette construction et, finalement, l'intrigue autour du vampire et de l'armée immortelle passe presque au second plan, surtout prétexte à des scènes d'action d'anthologie. Parce que, oui, encore une fois, la force du récit est surtout à imputer à la force narrative de Mignola en tant qu'artiste. Il a une manière incroyable de jouer avec l'espace sur ses planches, de créer des décors impressionnants et de leur donner vie (parfois littéralement), l'action est toujours lisible et passionnant, et ce jeu d'ombres et de lumière n'a pas d'équivalent.

Comme le dit Alan Moore dans la préface de ce volume, il y a quelque chose très proche de l'énergie de Jack Kirby dans ce que fait l'artiste avec cette conviction que les raccourcis dynamiques sont plus importants que les proportions. Le talent du dessinateur n'est pas dans sa manière de personnifié le visage d'un personnage mais de lui donner une gestuelle. Hellboy est lourd et imposant, les épaules toujours tombantes, Rasputin est grand avec une allure qui en impose, dominant les autres personnages de sa hauteur, Ilsa a cette allure de générale impassible mais garde des traits féminins sans être sexualisée. On peut également s'arrêter sur le bestiaire de la série très inventif qui, justement, rappelle une autre des qualités du défunt Kirby. Si la comparaison dans l'approche est évidente, les traits ne sont pas identiques, Mignola a son propre style, reconnaissable de très loin.

Certes les dessins - et la colorisation de Dave Stewart bien évidemment - sont l'atout majeur de ce deuxième tome de Hellboy, mais d'autres choses viennent à donner envie de lire la suite montrant tout le potentiel de la série et de l'évolution possible de l'écriture de Mignola. Je pense bien évidemment à la relation entre Rasputin et Ilsa Haupstein qui marque clairement la partie centrale de l'histoire. L'auteur trouve grâce à ça une tonalité particulière qui ajoute beaucoup à la formule de la série.