Désespéré mais toujours parfaitement honnête, intègre et naïf, Topaze est, selon Suzy, la mère de l’un de ses élèves, le profil parfait du prête-nom que son politicien d’amant recherche pour ses affaires véreuses. Le voilà qui entame alors une toute nouvelle carrière, celle d’arnaqueur. Il n’a évidemment pas conscience des manigances qu’il orchestre. Du moins, au début…
Topaze n’est peut-être pas la pièce de théâtre la plus célèbre de Marcel Pagnol. Elle est pourtant un conte amoral très moderne. Le parcours de Topaze, les discours sur l’argent et son pouvoir ou la place accordée aux femmes (qui font ce qu’elles peuvent pour s’en sortir, comme toujours dans les histoires de Pagnol) dans cette intrigue n’ont rien à envier aux histoires écrites aux vingt-et-unième siècle. Ce qui rend cette entreprise unique, c’est qu’elle ait été écrite par Pagnol. C’est qu’elle contienne donc des dialogues magnifiques, extrêmement fins et drôles.
Pour l’adaptation de la pièce de théâtre en bande dessinée, le trio Scotto, Stoffel et Hübsch propose quelques coupes inutiles pour leur art dans le texte et des illustrations plus fidèles à ce que sont vraiment les personnages comparés aux « physiques » ou des « investissements » qu’il fallait engager pour la scène ou la réalisation du film. Encore une fois, la collaboration fonctionne à merveille. Entre amour pour l’œuvre de Pagnol, l’envie de la transmettre de génération en génération, une grande loyauté envers lui, une nouvelle liberté de travail pour faire honneur aux textes, il y a de nouveau de quoi ressortir époustouflé de cette lecture (agrémentée de petits clins d’œil émouvants), que l’on ait lu la pièce original ou non. Pièce de théâtre et bande dessinée s’apprécient chacune dans leurs moindres recoins.
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La bande dessinée Topaze existe en deux tomes
ou en une tome réunissant les deux parties :