Julien Dufresne-Lamy – Jolis jolis monstres ***

Par Laure F. @LFolavril

Belfond – août 2019 – 418 pages

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C’est le début des années 80 à New York, le spectre du sida ne s’est pas encore abattu sur la ville. Le soir venu, James Gilmore se défait de son apparence d’homme ; il chausse ses talons aiguilles, sa robe à sequins et devient Lady Prudence. « On me siffle, on m’adore, on m’applaudit et sur le devant de la scène, on me lance des roses blanches. » Lady Prudence est une des drag-queens les plus en vue du milieu ; on la surnomme même « Le Trophée ». Une peau noire comme le soir, des « jambes d’autoroute ». Sur scène, James est métamorphosé, c’est un monstre d’une indicible beauté.

Aujourd’hui, James a soixante ans. Dans un bar, il rencontre Victor, un jeune homme déjà père de famille qui a grandi dans le sud de Los Angeles, en plein ghetto, en pleine guerre des gangs. Entre les prostituées, les junkies et la misère.

La narration alterne les voix de James et de Victor, qui se tutoie à tour de rôle – faisant dialoguer deux générations. Chacun s’offrant comme miroir et nous permettant de nous glisser dans la peau de l’un, puis de l’autre.

Dès les premières pages, le roman de Julien Dufresne-Lamy m’a enthousiasmée et captivée. Je me suis attachée à Lady Prudence et l’écriture enjôleuse et évocatrice de l’auteur m’a offert une immersion vertigineuse dans le New York des années 80, avec des personnages comme nous n’en rencontrerons nulle part ailleurs.

Jolis jolis monstres est un roman magnifique qui nous plonge dans le monde de ces monstres sublimes et volubiles et nous les rend terriblement proches. La voix et l’histoire de Lady Prudence me hanteront longtemps…