Chronique du tueur de roi, tome 3 - La Peur du Sage, partie 2

Par Mana_


J’ai libéré des princesses. J’ai incendié la ville de Trebon. J’ai suivi des pistes au clair de lune que personne n’ose évoquer durant le jour. J’ai conversé avec des dieux, aimé des femmes et écrit des chansons qui font pleurer les ménestrels. Mon nom est Kvothe. Vous avez dû entendre parler de moi.
Dès l’enfance, Kvothe a connu un destin d’exception. Mais même aux heures les plus sombres, jamais il n’a cessé de chercher les réponses. De se révéler au monde à travers le chant de la magie. Aujourd’hui, il est à l’orée du chemin terrible et fabuleux qui fera de lui un héros… Quel est le prix à payer lorsqu’on devient une légende de son vivant ?

Pourquoi ce livre ? Parce que Rothfuss et mon amour pour sa saga coup de coeur. J’ai conscience que je ne suis pas totalement objective pour cette saga. Donner une aussi bonne note à ce tome, c’est donner foi à l’expression “L’amour rend aveugle”.
Cette deuxième partie de La Peur du sage, comme d’habitude, enchaîne sur la suite directe de son tome précédent. Kvothe entre dans la forêt accompagné par trois mercenaires et un compagnon silencieux et étrange. Le temps va être lent, les journées se suivent et se ressemblent et l’auteur parvient à mettre en place cette régularité dans le rythme, de sorte qu’on perçoit l’ennui mordant de chacun. Et quand la mauvaise météo s’en mêle, l’ambiance devient cauchemardesque. Ce début lascif est le seul bémol de tout le livre, la raison pour laquelle j’ai mis cette note et pas un vingt. Et puis des histoires sont racontées, une nouvelle mythologie, de nouvelles légendes émergent, des envies de voyage, une solution inattendue au problème… On retrouve le rythme, l’action langoureuse et les rencontres étonnantes, uniques. La fin fut difficile. Heureuse d’être parvenue au bout, l’épilogue est tout simplement horrible. Comme je l’ai dit à beaucoup de gens, je me suis sentie orpheline en refermant l’ouvrage, vidée de toute substance. Parce qu’une dernière révélation, un rebondissement effarant dans le présent de Kvothe, donne simplement l’envie d’avoir la suite. Et vous savez quoi ? Patrick Rothfuss prend tout son temps pour nous la livrer, si bien que nous sommes contraints d’attendre. Et l’attente va être vécue comme un calvaire…
De nouvelles choses apparaissent dans ce tome. Loin des murs de son Université, on découvre la dureté du monde et les civilisations qui le peuplent. On découvre les différences, de nouvelles façons de s’exprimer, et de nouvelles formules d’enseignement sont découvertes sans qu’on s’aperçoive qu’on apprend réellement. C’est instructif, original et toujours aussi bien amené, de sorte qu’on ne ressent jamais l’ennui. J’insiste mais j’ai vraiment beaucoup aimé ce passage où Kvothe découvrait les nouvelles coutumes et formes de communication avec son obsession entêtée.
Mis au jour par certaines rencontres, les défauts de Kvothe m’ont un peu plus sauté aux yeux. Quand assurance flirte avec prétention, le pas est vite franchi et Kvothe se rit de cette ligne avec son air faussement candide. Malgré ses défauts, j’aime toujours autant ce personnage. Après bien des aventures et les violences qu’il découvre et subit parfois, il garde cette droiture dans ses raisonnements et comportements, cette justice qui le rend tout à fait attachant. En parfait contraste, sa bouille de jeune homme parvient à l’extirper de situations délicates et sa verve en fait tout autant, déridant des situations pourtant tendue (ça ne veut pas dire grand chose mais vous avez l’idée !). J’ai bien aimé le personnage de Tempi également, qui apparaît dès le début de ce tome pour s’effacer progressivement - à regret. Sa discrétion et ses coutumes le rendent mystérieux, j’ai apprécié le voir s’effeuiller progressivement pour découvrir sa véritable nature. Puis j’ai été heureuse de revoir tous ces visages qui ont marqué les deux premiers tomes. Certains ne sont que de passages, d’autres marqués dans la durée, mais cela fait un bien fou, à l’image de notre homme à la crinière de feu, qui a comme le sentiment de retrouver une famille ou un chez soi.
La plume est toujours aussi magique. Dès les premiers mots elle vous happe et vous emporte, je suis incapable de lutter contre elle. J’ai pris mon pieds dès la première ligne jusqu’à la fin et j’en veux encore. Kvothe nous révèle son histoire avec des mots justes, poétiques, de sorte qu’on en oublie totalement que nous sommes en train de lire un livre, on est envahi par le sentiment que l’histoire nous est directement racontée au creux de l’oreille.

Non, je ne suis pas du tout objective mais cette saga est une meilleures sagas fantasy que j’ai lues, c’est pourquoi je la recommande à tous. Entre les personnages profonds, soignés, la double intrigue qui mêle passé et présent sans complexifier inutilement l’ensemble et des découvertes distillées au compte-goutte dans différents domaines comme la mythologie, les paysages, les civilisations fort variées qui composent ce monde, on ne peut que se régaler. Ne prêtez pas attention au nombre de pages, elles se lisent vite, bien trop vite. Je n’en aurai jamais assez et l’attente pour le quatrième opus, pas encore en version originale, va être bien trop longue. Kvothe me manque déjà...

19/20

Les autres titres de la saga :
Hors série. La Musique du silence
1. Le Nom du Vent
2. La Peur du Sage, partie 1
3. La Peur du Sage, partie 2
- saga en cours -