Propriétés privées de Lionel Shriver

Par Krolfranca

Propriétés privées

Lionel Shriver

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Laurence Richard

Belfond

Février 2020

456 pages

Lu sur liseuse

 

C’est un recueil de nouvelles sur le thème de la propriété : un objet auquel on tient, une maison, un arbre, mais aussi une amitié, un amour… Deux longues nouvelles (environ cent pages) enchâssant dix courtes (environ vingt pages).

Je ne connaissais pas l’auteure et j’avais envie de la découvrir depuis un petit moment. C’est chose faite. Et j’ai eu bien du mal à entrer dans son monde. La première nouvelle m’a cueillie à froid, je me sentais loin de ce monde, loin des personnages, j’envisageais même d’abandonner. Je l’ai refermée après en avoir lu une trentaine de pages, déçue et pas du tout pressée de la reprendre. Et puis, le lendemain, j’ai rouvert ma liseuse, sceptique, augurant du fait que c’étaient des nouvelles et que peut-être la prochaine allait davantage me convenir. Seulement voilà, je ne savais pas encore que la première nouvelle était très longue (une centaine de pages), et je savais encore moins que j’allais, cette fois, totalement accrocher à l’histoire. Mais que s’était-il passé dans la nuit ? On m’avait fait un lavage de cerveau ? La veille au soir, étais-je sur un mode grognon ?

Dans cette première nouvelle, l’auteure ausculte les relations humaines, elle passe au scalpel les réactions des uns et des autres, interroge sur les notions d’amitié et d’amour et dénonce l’emprise que les objets peuvent avoir sur nous et ce que cela reflète de nos rapports aux autres.

Deuxième nouvelle, bien plus courte. Anecdotique. J’ai encore eu du mal à entrer dedans mais cette fois je n’ai pas été séduite par l’histoire, trop attendue, dont on connait l’issue à l’avance. Lorsque je lis une nouvelle j’aime être surprise. Là, cela n’a pas été le cas.

Pourquoi est-ce que je ne parviens pas à accrocher au style de l’auteure d’emblée ? Et bien, j’ai une ébauche de réponse. Son écriture me semble assez ampoulée, alambiquée, elle ne va jamais droit au but. On a l’impression qu’elle regarde vivre ses personnages comme s’ils étaient des marionnettes. Cela crée une distanciation qui m’a empêchée de ressentir une quelconque émotion. En revanche, l’auteure excelle dans les dialogues. Ce qui fait que, une fois la situation posée, lorsque les personnages échangent sur leurs difficultés à communiquer, sur leurs relations, et bien ça coule bien mieux.

La nouvelle sur le trentenaire qui ne veut pas quitter le foyer familial m’a exaspérée. Celle sur le facteur qui garde le courrier m’a un peu amusée. Sur la totalité, j’ai vraiment aimé deux ou trois nouvelles, celles qui se finissaient plutôt mal, dont la chute convenait mieux à ce que j’attendais.

Pour résumer, la première longue nouvelle a su m’accrocher, la seconde sur la sous-location, qui clôt le recueil, en revanche, m’a laissée à distance. J’ai trouvé certaines nouvelles sympathiques mais je n’ai jamais été captivée. Est-ce parce que les personnages étaient tous issus d’un milieu favorisé ? Est-ce l’écriture qui m’a tenue éloignée ? Peut-être un peu des deux.

En tout cas, il ne faut surtout pas tenir compte de mon avis, car bien d’autres lecteurs ont été séduits.

Peut-être faudra-t-il que je retente de lire cette auteure avec ses romans.

Qui a lu des romans de Lionel Shriver ? Et qu’en avez-vous pensé ? Et lequel me conseilleriez-vous ?

Merci à Netgalley et aux éditions Belfond