Après m’être gavé de romans américains, il était temps de faire une pause, l’heure était venue de revenir à mes fondamentaux, la littérature française, mais celle d’un autre siècle, quand la langue était riche, onctueuse, tout comme l’était la cuisine d’alors, riche en beurre et en crème. Prenez place, nouez votre serviette autour de votre cou, j’envoie le premier plat…
La cloche de l’internat a sonné, Pascalet, notre jeune héros de treize ans est de retour au Mas-du-Gage pour les vacances d’été. Beaucoup de choses ont changé, Tante Martine et son chien Barboche sont morts et ses amis, compagnons d’aventures extraordinaires, sont partis, Bargabot le braconnier et Gatzo, le jeune Gitan. Par contre, un vieil homme s’est installé dans une hutte près de la rivière avec son clebs Risque-tout. La nuit, Pascalet le rejoint discrètement et le vieux berger lui raconte des histoires dont les acteurs sont des troupeaux, des étoiles, de la neige, des montagnes et des herbes… mais plus encore, car Béranger connaît les secrets de Bargabot et grâce à lui Pascalet peut revoir celui-ci et transmettre son dernier message à Gatzo. Tout cela s'accomplit dans le plus grand mystère…
L’ouvrage contient deux textes, Bargabot suivi de Pascalet qui se déroule trois ans plus tard et tous deux poursuivent le même thème, une histoire sans fin, que les lecteurs d’Henri Bosco ont déjà pu savourer dans des romans antérieurs, Hyacinthe (1940) et L’Enfant et la rivière (1945) : l’âme d’une jeune fille (Hyacinthe) a été enlevée par un vieux sorcier gitan et Gatzo, un Bohémien de l’âge de Pascalet tente de délivrer la malheureuse de ce maléfice, avec l’aide de Bargabot et Pascalet.
Les deux textes mêlent les mystères et les sorties nocturnes, le drame avec la mort du braconnier et les disparitions mais aussi la vie quotidienne menée par Pascalet ; que ce soit à l’internat où il végète mais où il croise un magnifique professeur de Français et de Langues mortes (« Nous adorions Aristide de Cabriolles. Il nous trouvait à tous des qualités majeures, quelquefois même du talent. Peut-être en avions-nous, tellement il nous exaltait. »), ou bien au Mas quand il y reviendra, y vivre seul, après s’être évadé de l’internat avec l’aide de son ancienne nourrice et de son fils.
De la littérature à l’ancienne, très belle par les images suggérées comme par les sentiments naïfs qui s’en dégagent ; mystère, onirisme et poésie se côtoient pour créer une ambiance particulièrement délicieuse, quant à la langue d’Henri Bosco, en particulier dans le second texte, on s’en régale tant elle est chiadée.