Watchmen n°3

Par Noisybear @TheMightyBlogFR

Ce mois-ci, Urban Comics publie les troisième et quatrième épisodes de Watchmen, le chef d'oeuvre de Alan Moore et Dave Gibbons, en version single. L'occasion de redécouvrir l'histoire épisode par épisode notamment celui-ci focalisant sur Dr Manhattan.

Depuis quelques années, Jon Osterman vit avec Laurie Juspeczyk dans une base militaire mais cette dernière souffre de plus en plus du comportement de l'homme qui se fait appeler Dr Manhattan. Il semble complètement indifférent à l'égard d'elle et de toute l'humanité. Après une tentative maladroite de Jon de faire plaisir à sa compagne, celle-ci sort de ses gonds et finit par partir allant se réfugier chez son ancien co-équipier, le Hibou. Pendant ce temps-là, Jon continue sa vie, se préparant à passer à la télé. Il est alors loin d'imaginer ce à quoi il va avoir à faire.

De mémoire, c'est l'épisode qui me plaît le moins de la maxi-série à cause de l'introduction que je trouve poussive notamment parce que Alan Moore introduit Les Contes du Vaisseau Noir, une histoire au sein de l'histoire. L'idée est plutôt pas sur papier puisque le scénariste part du principe que dans un monde où les super-héros existent, les comics ne s'y intéresseraient pas. Il reprend donc un comic book de pirates publié à l'époque chez Charleston Comics, un joli clin d'œil dans le sens où Watchmen devait être à l'origine une histoire mettant en scène des personnages de cette Maison d'édition dont le catalogue avait été acheté quelques années auparavant par DC Comics. Il s'avère que les plans de Moore ont dû être modifiés à cause de Crisis on Infinite Earth et, par conséquent, il a fini par créer ses propres personnages.

Quoiqu'il en soit, le conte sert d'ouverture au numéro donnant un petit côté confus au récit global. Heureusement, tout repart de plus belle lorsque l'histoire commence à focaliser sur Dr Manhattan et Silk Spectre. Et puis lorsque le conte revient en fin d'épisode mais, cette fois, l'analogie avec l'histoire des Gardiens paraît plus évidente, et puis cela donne du rythme à ce qu'on lit après un grand moment de tension.

Beaucoup de choses se mettent alors en place avec le départ de Julie de chez elle, les révélations sur Manhattan et sa décision de partir sur Mars, et la conclusion qu'en tire Rorschach. En terme de construction d'univers, Moore nous montre que l'équilibre du Monde se reposait essentiellement sur la présence de Dr Manhattan. Cette manière de distiller les informations est très efficace parce qu'elle apporte un côté mystérieux à l'ensemble mais la menace est tout de même concrète.

Il y a encore une fois un gros travail sur la mise en page avec un gaufrier - soit des pages composées de 3 cases sur 3 lignes - qui se métamorphose par moment avec des cases qui fusionnent créant des symétries sur certaines pages. Cela donne un rythme très intéressant au moment où Manhattan "craque". Gibbons s'amuse beaucoup avec les contraintes de Moore et il réalise le tout avec beaucoup de talent.