C'est lundi, que lisez-vous? #286

Par Vivrelivre @blandinelanza

Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

1/ Qu'ai-je lu la semaine passée ?

ALBUMS

Avant de s'endormir, Paul aime lire. Et ainsi l'accompagnent dans ses rêves les personnages de ses lectures. cette nuit-là, sans qu'il sache déterminer s'il s'agit d'un rêve ou d'une réalité, il retrouve Alice, Astérix et Obélix, Donald Duck et ses trois neveux, Pinocchio, Pierre l'Ebouriffé, et d'autres encore au-travers d'une quête et d'un combat, dont le salut viendra grâce à l'ordinateur de Paul.

Un récit au dessin délicat et désuet, qui entremêle les genres, styles et personnages, d'hier et d'aujourd'hui. J'ai beaucoup aimé ce mélange qui promeut la lecture et l'imaginaire.

Quelle sacrée chance! Texte de Sandrine BEAU et illustrations de Marion ARBONA. Editions Les 400 Coups, 2013

La vie, l'amour, la famille, vraiment, quand on y pense, ça ne tient pas à grand-chose ou bien à beaucoup de chance!

Avec des "si", Sandrine Beau nous raconte une histoire de rencontres, de choix, de famille, de création. C'est à la fois tendre et malicieux. Les illustrations de Mario Arbona sont pleines de douceur et de couleurs.

Chaque matin, c'est toujours la même histoire. Un œil sur l'horloge / la montre, l'autre qui anticipe le prochain mouvement, la bouche qui énumère. Il faut se dépêcher, s'habiller, déjeuner, se débarbouiller, rechercher la chaussette qui traîne, attraper le sac, courir... Pas le temps de rêver, de s'amuser, de se câliner... Chaque matin, il faut se presser, pour ne pas arriver en retard.

Mais ce matin-là, la maman d'Arsène, pressée comme toujours, a failli se faire renverser par un vélo. Elle a eu peur. Arsène a eu peur. Et si on se posait, se reposait, prenait un peu plus le temps de voir, de regarder, d'observer, de profiter de l'un et de l'autre, du moment présent... Car force est de constater que l'on court tous, que l'on ne voit plus, et qu'on oublie l'important, l'essentiel.

Pour accompagner ces mots, le dessin vif d'Isabelle Maroger. Le premier plan, coloré, illustre les propos de la maman et de son enfant, focalisant notre attention, sur le mouvement et l'opposé de la demande et de sa réaction.

Et puis autour, derrière, un dessin crayonné, sans couleur, juste esquissé... là où se trouvent toutes sortes de détails: l'heure, le prénom de l'enfant, son âge, ses jouets, la décoration et ses clins do'il... bref, la vie, la vraie!

Un album parfait, qui fait (sou)rire mais qui surtout nous invite à se recentrer, à prendre (un peu plus) le temps pour ce qui compte vraiment!

Catastrophe! La banquise fond. "Plic Ploc" fait-elle lentement, doucement mais sûrement... Petit Manchot et Petit Ours sont paniqués. Que faire? Que pouvons-nous faire? Alarmés, ils s'en vont voir tous les animaux de la banquise: lièvres, otaries, morses, le beluga, la baleine, et leurs parents. Mais aucun n'a de réponse sur la cause du phénomène ou l'action à mener. Seul le Papa Ours Blanc est confiant en montrant aux Petits un bateau. "L'Homme le sait et,c'est sûr, il va s'en occuper."

Hormis le fait qu'au pôle Nord il n'y ait pas de manchots mais des pingouins, j'ai énormément apprécié cet album. Pour son graphisme d'abord, minimaliste et aux grands aplats de couleurs, qui nous laisse deviner les formes des ours polaires, la banquise qui se fragmente.

Pour son texte ensuite, qui n'est pas accusateur mais espérant!

En Inde, le Vampire n'est pas un être malfaisant et sanguinaire, avide de sang. Il s'agit d'un esprit ou d'un génie, tel qu'on peut les trouver dans les contes orientaux.

Dans cet album, nous sommes transportés à la cour du Roi Vikram, qui va se trouver en présence d'un moine, d'un pendu, d'un vampire, qui va répondre à 23 histoires et énigmes et buter contre la 24e, brisant la chaîne des répétitions...

Chaque histoire nous dévoile un peu des croyances, rites, légendes, superstitions indiennes. Il y a très peu d'illustrations mais un texte, chapitré, qui joue sur les graphies et grosseurs. Certains mots sont écrits très gros, en gras ou en tout petit... Il fait des rimes et joue sur les sonorités, rendant le récit très vivant et dynamique, apportant une touche d'humour dans cette ambiance inconnue et tout de même sombre.

Avec mes garçons, nous avons adoré!

Voici un abécédaire qui promeut la couleur de peau noire. Chaque lettre s'accompagne de messages de fierté, d'encouragement, de positivité.

Je vous l'ai présenté ICI.

ROMAN

Corentin est venu au monde sans qu'il ne soit désiré. Sa naissance et son rejet sont les prémices de sa vie, des conditions de sa vie. Sa mère, Marie, qui ne sait même pas qui est le père lorsqu'elle découvre sa grossesse mais qui le retrouve dans les traits de l'enfant, l'abandonne dès qu'elle le peut à qui veut bien le garder... Jusqu'à ce que plus personne ne le veuille.

C'est ainsi qu'elle l'emmène aux Forêts, dans la campagne française, quelque part dans le sud-ouest. Et c'est avec un " File, merde!" qu'elle l'abandonne à l'arrière-grand-mère du gamin, la grand-mère du père, mort.

Habitué à être rejeté, avec plus ou moins de force, Corentin ne s'attendait pas à trouver de l'amour avec la vieille. Augustine qu'elle s'appelle. Son amour ne se manifeste pas par des gestes ou des baisers mais il est là, présent, rassurant, l'aidant à grandir, à se construire, à s'émanciper... Jusqu'à son départ pour la Grande Ville pour ses études, et pour les autres, ceux qui deviendront ses amis, la bande des Douze. Revenir aux Forêts, il en a le temps, emmener Augustine à la mer, on verra plus tard...

Mais le plus tard est arrivé tôt, si tôt, trop tôt.

Il s'est manifesté avec fracas, un soir, alors que la bande d'amis festoyait dans les catacombes, à la lueur de bougies et s'empiffrait de chips. Un son, un tremblement, inconnus, effrayants, épouvantables... Et puis, lorsque certains ont voulu aller voir, la mort, instantanée, immédiate pour ceux qui ont passé le corps ou juste la tête au-dehors, s'écroulant sur les autres, qui se sont tapis dans les méandres du sol. Attente, guet, économie des provisions et des gestes, le temps qui s'écoule lentement, puis oser sortir. Panique, terreur, effroi pour soi puis ceux qu'on aime. La Bande n'est plus, tous se sont dispersés pour tenter de retrouver des proches, la famille, ceux qui comptent. Corentin est seul, une fois de plus.

Quelques survivants se manifestent violemment.

Il n'a d'autre choix que de partir aussi. Un seul endroit où aller: aux Forêts, pour voir si Augustine est vivante, si là-bas , le Feu, le Souffle destructeur, l'Apocalypse, la Chose est passée. Un but et un espoir... Plusieurs centaines de kilomètres, des morts auxquels il ne fait plus attention, les forces qui l'abandonnent, la persévérance, jusqu'à la trouver...

Corentin passe par plusieurs états physiques et d'âme, nous invitant à réfléchir sur la notion d'humanité et d'animalité, sur ce que nous sommes, sur ce que nous avons fait et sur ce que nous faisons et ferions si...

L'écriture est belle, mais dure, à distance, sans pathos, sans émotions mais elle en donne pourtant! Les phrases sont courtes, comme les chapitres, les retours à la ligne nombreux. On avance comme Corentin, petit à petit, sans savoir où l'on va ni comment.

Sandrine Collette nous live un récit post-apocalyptique dont elle ne fait qu'esquisser les causes. Ce qui compte, ce sont les conséquences, et après, ce qu'on en fait. Ce que deviennent la Terre, les végétaux, les animaux et les humains. Comment on survit, vit, commence, recommence, entre ce qui a été et ce qui est, entre les souvenirs, les regrets, les peurs, et l'espoir. Car toujours il demeure.

BD

India Dreams Tome 1 - Les Chemins de Brume

Maryse et Jean-François CHARLES

Editions Casterman, 2002 et 2003

C'est grâce à Hilde que j'ai découvert cette série, qui se compose de deux cycles.

Nous sommes aux côtés d'Emy et de Jarawal, en Angleterre puis en Inde, en 1944 et 1945. Ils se connaissent depuis l'enfance et sont comme frère et soeur. Mais ils ont été séparés par des d'épreuves et de questionnements. Elle est la fille d'un homme qui faisait des affaires en Inde et dont la mère, Amelia, était l'amante du père de Jarawal, le Maharadja de Khalapour.

Ayant entre les mains le journal intime de sa mère, qui se termine brusquement car les dernières pages ont été arrachées, Emy et Jarawal se rendent en Inde pour reconstituer leur passé et leur histoire, comme celle de leurs parents.

Mais ils ne sont pas les bienvenus et on cherche à leur faire peur, voire à les éliminer.

Le dessin est classique mais j'aime beaucoup. Il fourmille de détails et nous renseigne beaucoup sur ce pays, sa richesse comme sa pauvreté, ses habitants, les castes, ses habitudes, ses superstitions, ses légendes (et notamment celle de Ganesh)

2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?

Présentation de l'éditeur: Santa Muerte, protegeme...
Austin, Texas. Tu t'appelles Fernando, et tu es mexicain. Immigré clandestin. Profession ? Dealer. Un beau jour... Non, oublie " beau ". Un jour, donc, tu es enlevé par les membres d'un gang méchamment tatoués qui ont aussi capturé ton pote Nestor. Pas ton meilleur souvenir, ça : tu dois les regarder le torturer et lui trancher la tête. Le message est clair : ici, c'est chez eux.
Fernando croit en Dieu, et en plein d'autres trucs. Fernando jure en espagnol, et hésite à affronter seul ses ennemis. Mais avec l'aide d'une prêtresse de la Santería, d'un Portoricain cinglé et d'un tueur à gages russe, là oui, il est prêt à déchaîner l'enfer !
Écartelé entre deux pays, deux cultures, deux traditions, Fernando est un antihéros des temps modernes. Quand toutes les frontières se brouillent, seul un nouveau genre littéraire peut dessiner le paysage. Gabino Iglesias invente donc ici le barrio noir. Il y conjugue à merveille douleur et violence de l'exil, réalisme social et mysticisme survolté, mélancolie et humour dévastateur.
3/ Que vais-je lire ensuite?

Présentation de l'éditeur: Que faire de son temps quand on se lasse de la retraite, surtout si l'on a du bon sens à revendre ? Ouvrir une agence matrimoniale, bien sûr !
Aussi monsieur Ali, originaire de la ravissante ville de Vizag, dans le sud de l'Inde, voit-il son affaire prospérer sous les regards attentifs de son indomptable épouse et d'Aruna, son assistante hors pair.
Si la plupart de leurs clients s'en retournent satisfaits, des problèmes ne s'en profilent pas moins à l'horizon, tel le terrible secret que cache Aruna. Sans compter que monsieur Ali ne se rend pas toujours compte qu'il peine à appliquer les sages conseils qu'il prodigue à qui veut les entendre. Lorsque l'amour viendra frapper à la porte d'Aruna, elle se trouvera confrontée à un impossible dilemme...
Une pittoresque ville côtière et une agence matrimoniale moderne offrent une toile de fond idéale à une foison de personnages truculents dans une version à l'orientale d'Orgueil et préjugés, d'où il ressortira que l'amour sincère ne s'avoue jamais vaincu.
Un premier roman émouvant et spirituel.
Une fresque haute en couleur de l'Inde contemporaine, de sa modernisation fulgurante qui met parfois à mal des principes enracinés de longue date.

12 févrieret le thème est Amour

Et de présenter le sublime album d'Hélène Delforge et Quentin Gréban: Amoureux

comme six albums qui font le lien entre ce challenge et le #12moisenlivres avec les rencontres amoureuses - CLIC

Et de vous présenter aussi un album pour les quatre thèmes de février de #12moisenlivres: Neige - Amour - Blanc - tout doux avec Ourson Blanc de Claude K. Dubois

Pour finir, je vous mets le lien de l'article publié la semaine passée et je vous souhaite de belles lectures et découvertes pour celle à venir!

Blandine