Moi, ce que j’aime, c’est les monstres de Emil Ferris

Par Caroline @Lounapil

Moi, ce que j'aime, c'est les monstres de Emil Ferris,

Publié aux éditions Monsieur Toussaint Louverture,

Chicago, fin des années 1960. Karen Reyes, dix ans, adore les fantômes, les vampires et autres morts-vivants. Elle s'imagine même être un loup-garou: plus facile, ici, d'être un monstre que d'être une femme. Le jour de la Saint-Valentin, sa voisine, la belle Anka Silverberg, se suicide d'une balle dans le cœur. Mais Karen n'y croit pas et décide d'élucider ce mystère. Elle va vite découvrir qu'entre le passé d'Anka dans l'Allemagne nazie, son propre quartier prêt à s'embraser et les secrets tapis dans l'ombre de son quotidien, les monstres, bons ou mauvais, sont des êtres comme les autres, ambigus, torturés et fascinants.

Attention! Coup de coeur pour ce roman graphique incroyablement envoûtant, étrange et bizarre.

Dans ce premier tome, Emil Ferris met en scène Karen. Elle tient son journal intime. Karen n'est pas une petit fille comme les autres. Là où les autres gamines de son âge se rêvent en princesse, Karen s'imagine en monstresse. Elle collectionne les magazines qui parlent de monstres, elle dessine les autres sous forme de monstre et regarde des films de série Z mettant en scène zombies et autres vampires.

Emil Ferris restitue l'ambiance du Chicago de la fin des années 60: ses rues mal famées, tortueuses, crasseuses, ses prostituées, ses petites frappes et ses ombres qui planent sur la ville.

Karen vit avec sa mère et son frère dans un petit immeuble. Quand leur voisine Anka est retrouvée morte, Karen mène l'enquête car elle en est sûre, Anka ne s'est pas suicidée. On l'a tuée. En fouillant dans son passé, Karen découvre que Anka traînait, elle aussi, ses monstres, liés à l'Allemagne nazie.

Ce roman graphique est bouleversant, parfois glauque, parfois poétique, j'y ai tout aimé: les dessins étranges, effrayants, hypnotisant; l'intrigue tellement bien menée est noire à souhait; les personnages semblent si réels. C'est un travail impressionnant que nous livre ici l'auteure. Elle y aborde de nombreux thèmes: la solitude, l'homosexualité, le deuil. C'était tout simplement grandiose.

" Moi, ce que j'aime, c'est les monstres ", est un roman graphique déroutant, un coup de cœur qui balaie tous les a priori, une pépite à découvrir!