La crue d’Amy Hassinger

Par Krolfranca

La crue

Amy Hassinger

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Brice Matthieussent

Rue de l’échiquier

Avril 2019

470 pages

« Tenir quelqu’un à l’écart de ce qu’il aime revient à le tenir à l’écart de lui-même. »

Bon, on peut dire que tout démarrait bien : un roman américain traduit par Brice Matthieussent, une famille américaine avec ses secrets, la nature bien présente, le Wisconsin (la plupart des romans qui se déroulent dans cet état me séduisent au plus haut point), la tribu amérindienne des Ojibwés pas très loin. Tous les ingrédients étaient réunis pour que je me délecte. Ce livre avait été écrit pour moi.

Et…

Je me suis délectée. Très rapidement, j’ai compris que poser le livre allait enclencher une douleur, que je me précipiterai dès que je le pourrai sur mon livre, et que j’allais refuser toute promenade, à vélo, à pied, malgré la puissance de l’attraction du soleil.

En quelques mots, c’est l’histoire d’une vieille dame qui veut léguer sa maison et ses terres à son infirmière, membre de la famille amérindienne à qui elle appartenait deux générations auparavant. Rachel, la petite-fille, partie sur un coup de tête de chez elle (comprendre : de chez son mari), va débarquer un matin avec son bébé,  dans cette maison, auprès de sa grand-mère qu’elle n’a pas vu depuis longtemps. Souvenirs, souvenirs… quand vous surgissez…

C’est un roman bouleversant, dans lequel sont développés les thèmes de l’écologie, la maternité, la transmission mais aussi de la culpabilité (la grand-mère se sent coupable des actes de ses ascendants et veut réparer, de même que le mari de Rachel qui redonnerait volontiers toutes les terres qu’on a prises aux indiens ojibwés). C’est aussi une réflexion sur les choix que nous impose la vie, choix raisonnables, qui peuvent nous amener à nier notre nature profonde. Rachel s’est perdue dans sa vie. Elle a besoin de se retrouver.

Jusqu’au bout, ce livre m’aura tenue en haleine… J’ai appris des choses sur les poissons (esturgeons et autres) empêchés de remonter la rivière à cause des barrages, sur ces constructions qui ont submergé des villages entiers. L’homme détruit la nature, veut la dompter, mais n’est pas toujours le plus fort.

J’ai redouté la fin, redouté qu’elle soit un peu mièvre, mais non, ouf ! Pas du tout. Elle est parfaite.

Certes, je pourrais dénoncer quelques facilités ou quelques passages un peu moins bons, mais globalement j’ai énormément aimé ce roman. Englouti (sans trop me mouiller) en deux jours, il m’a passionnée.

Le personnage de Rachel est comme la rivière qu’on a essayé de dompter, et qui, à un moment ou un autre, casse le béton… pour vivre sa vie à elle. C’est un personnage touchant.

« On ne peut pas retourner en arrière. »

Livre remarqué sur Meséchappéeslivresques.